Au terme du marathon routinier de négociations, Benjamin Netanyahou devrait présenter son gouvernement à la Knesset d’ici une semaine. Un cabinet sans grande surprise, qui reflète les résultats des dernières élections et semble a priori plus équilibré et plus stable que le précédent, dans lequel les alliances  n’étaient sans doute pas « naturelles ».

Il faut espérer que le Premier ministre et les partenaires de ce gouvernement auront tiré les leçons des échecs de la mandature précédente, notamment sur la question primordiale de la gouvernance et du système électoral.

Netanyahou conduira une coalition de droite avec le soutien de trois partis religieux affaiblis, puisqu’ils ont perdu plus d’un tiers de leurs sièges, un nouveau parti de centre droit dirigé par un ancien du Likoud Moshe Kahlon, et l’allié traditionnel, Avigdor Lieberman, lui aussi sur le déclin. Malgré les concessions inévitables dans un gouvernement de coalition, Netanyahou a les mains libres pour mener sa politique et surtout n’aura plus le droit à l’erreur sur certains dossiers, comme celui du logement ou de la vie chère.

En confiant le ministère des Finances à Moshé Kahlon, avec des pouvoirs élargis, notamment sur la question de la planification urbaine et de la gestion des terres domaniales, Netanyahou a pris un risque politique majeur, car si Kahlon échoue il en portera la responsabilité, mais en revanche si Moshé Kahlon réussit dans sa mission, il deviendra un candidat sérieux à sa succession.

En politique étrangère, la décision de maintenir Lieberman comme ministre signifie qu’en fin de compte, Netanyahou continuera à être de facto le premier diplomate israélien, notamment aux Etats-Unis, qui, depuis le premier jour, traite Lieberman par l’ignorance ou le mépris. Celui-ci se contente de développer, et ce n’est pas négligeable, des relations avec la Russie, les anciennes républiques soviétiques, les pays émergents comme l’Inde ou la Chine, et quelques pays européens avec lesquels les relations économiques se poursuivent avec succès.

Sur le dossier palestinien, il ne faut pas attendre de nouvelles initiatives de la part du futur gouvernement. Les raisons sont simples, la situation explosive dans la région, avec l’extension des guerres entre shiites et sunnites, mais aussi parce qu’Israël attend de voir qui succèdera à Abou Mazen à la tête de l’Autorité palestinienne, où aucune élection ne s’est déroulée depuis son arrivée au pouvoir.

Une guerre de succession secrète est déjà en cours en Judée-Samarie, et personne ne peut aujourd’hui savoir qui prendra la place. Israël a évidemment des préférences, mais craint aussi l’arrivée du Hamas au pouvoir, comme ce fut le cas à Gaza.

Netanyahou a aujourd’hui une légitimité indiscutable pour accomplir des réformes et des choix politiques décisifs pour l’avenir d’Israël, et nous sommes en droit d’espérer qu’il ne ratera pas cette fois-ci l’occasion de relever ces défis. Pour parler rugby, une fois l’essai marqué, il faut le transformer.

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Michaël Bar-Zvi 

Chronique du 30 avril 2015

Yod Alef Be Yar  5775

 

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