Michel Boujenah met ses « Magnifiques » à la retraite

Paris (AFP) – « Dans vingt ans, ce sera sans doute compliqué pour moi de continuer à faire vivre sur scène mes +Magnifiques+ »: à 70 ans, Michel Boujenah a décidé de faire ses adieux aux truculents personnages qui l’ont fait connaître: trois Juifs tunisiens émigrés en France, à l’humour décapant.

A l’affiche du Théâtre de la Madeleine, à Paris, avant une longue tournée, Maxo, Julot et Guigui, sans oublier Simone Boutboul, « la vieille dindon », en plein conflit de générations, reprennent une dernière fois du service, poussés vers la sortie par leurs arrière-petits-enfants.

« Mes +Magnifiques+ sont nés sur scène en 1983, il y a quarante ans déjà… Je les joue tous les vingt ans, en renouvelant le spectacle avec l’air du temps. Il est temps de leur dire adieu. Désormais, j’ai leur âge… Ils font partie de ma vie. Je les aime », confie à l’AFP Michel Boujenah.

« +Les Magnifiques+, ce sont mes anges gardiens, ma famille imaginaire, ma mémoire… Ils me rappellent mes oncles et tantes proches ou lointains, réels ou inventés », ajoute-t-il.

En pantalon à bretelles et chapeau mou, il campe tour à tour ses héros fétiches, excessifs et démonstratifs à souhait, avant tout chaleureux et attachants.

On se délecte toujours de la complicité qui unit Maxo, Julot et Guigui. Le trio se demande si l’on se souviendra d’eux dans deux ou trois générations.

« Anti-héros »

« Ça me touche et me conforte dans l’idée que parler de la mémoire, ce n’est pas anodin, à une époque où on met nos +vieux+ dans des hospices… +Les Magnifiques+ sont héroïques, mais ce sont des anti-héros », ajoute Michel Boujenah.

Lors de la création de ce « one man show », l’humoriste faisait dire à Maxo, l’un de ses personnages récurrents, vendeur de pantalons: « Tant qu’il y aura des auteurs pour nous écrire et des acteurs pour nous jouer, on sera éternels! ».

Michel Boujenah sur scène lors du Festival international de Carthage, en Tunisie, le 19 juillet 2017 Michel Boujenah sur scène lors du Festival international de Carthage, en Tunisie, le 19 juillet 2017Michel Boujenah sur scène lors du Festival international de Carthage, en Tunisie, le 19 juillet 2017 © FETHI BELAID / AFP/Archives

« J’ai encore des tas de choses à faire, avant d’arrêter complètement de jouer, le jour où je n’aurais plus la force. La scène est l’endroit le plus intense », estime Michel Boujenah, auréolé aussi d’une filmographie prolifique, dont l’immense succès « Trois hommes et un couffin » de Coline Serreau, avec lequel il a décroché le César 1986 du meilleur acteur dans un second rôle.

Le comédien a fait ses classes au début des années 70 dans la troupe de la Cartoucherie de Vincennes. Ses influences de toujours: Charlot et Raymond Devos.

Ces dernières années, Michel Boujenah, qui a succédé à Jean-Claude Brialy à la direction artistique du Festival de Ramatuelle (Var), a été salué par la critique pour sa composition d’Harpagon (« L’Avare ») qui lui a valu une nomination pour le Molière 2022 du comédien dans un spectacle de théâtre privé.

« J’ai eu trop de bonheur à jouer +L’Avare+. Après les adieux à mes +Magnifiques+, je vais jouer +Debureau+, une des pièces en vers de Sacha Guitry qui raconte l’histoire d’un acteur célèbre courtisé par ses admiratrices. Je prends la suite de Robert Hirsch, le dernier à avoir joué la pièce, en 1980 ».

© 2023 AFP par france24.com

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o.icaros

Comme Palmade, il ne m’a jamais fait rire. Je trouve qu’il parle trop et qu’il caricaturise le juif tunisien. J’ai connu, et connais, des juifs tunisiens. Ils ne sont pas dans son outrance verbale. En plus, Boujenah rit tout le temps. Un humoriste, un vrai, ne rit pas de ses impertinences. Il fait rire (s’il le peut, s’il en a le talent) son public mais lui reste imperturbable. Je n’ai jamais vu Devos ou Sylvie Joly rouler sous la table.