Chinese President Xi Jinping delivers a speech during the Korea China Investment Forum at a hotel in Seoul July 4, 2014. REUTERS/Kim Hong-Ji (SOUTH KOREA - Tags: POLITICS BUSINESS)
L’Empire du milieu condamne Pyongyang mais préfère toujours miser sur « le dialogue » après les essais nucléaires répétés de son allié.

Le « dialogue » et la diplomatie face aux essais nucléaires. La Chine prône une nouvelle fois la « manière pacifique » pour traiter avec son inquiétant voisin nord-coréen après son sixième essai nucléaire réalisé dimanche 3 septembre. Alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est réuni ce lundi 4 septembre pour décider d’une réponse forte et efficace face à Pyongyang, la Chine a choisi de se montrer plus douce avec son allié. Coincé entre le marteau et l’enclume, Pékin joue à un jeu dangereux.

La Chine a condamné les actions de Pyongyang aujourd’hui et ces derniers mois, enjoignant Kim Jong-Un à « cesser d’aggraver la situation » avec des « actions erronées » qui « ne servent pas ses propres intérêts ». Mais sans plus. Une réaction particulièrement mesurée, alors que la secousse sismique provoquée par l’explosion de la bombe H a été ressentie dans le nord-est de la Chine et que Kim Jong-Un décrédibilise son homologue chinois Xi-Jinping, celui-ci n’arrivant visiblement pas à recadrer son protégé.

Ce manque de fermeté s’explique par le fait que les autorités chinoises ne souhaitent pas réellement l’effondrement du régime de Pyongyang, selon le correspondant à Pékin du Figaro. La Chine pourrait bloquer le régime en coupant les vannes du pétrole mais craindrait, de ce fait, la chute de Kim Jong-Un et une réunification de la péninsule coréenne. Une fusion qui mettrait Séoul et son important allié américain à sa frontière.

KIM HONG-JI / REUTERS

 

En outre, elle ferait également face à une vague de réfugiés nord-coréens. « Si la Chine abandonnait complètement la Corée du Nord, elle prendrait le risque de laisser mourir de faim la population nord-coréenne et de provoquer un afflux de réfugiés. On peut raisonnablement envisager que la Chine continue à maintenir la tête de la Corée du Nord hors de l’eau », ce malgré les tensions croissantes, a expliqué à Atlantico en 2016 Jean-Vincent Brisset, spécialiste et auteur de plusieurs ouvrages sur la Chine.

Mais si la Chine veut évidemment protéger ses intérêts stratégiques, elle ne peut pas non plus paraître laxiste auprès de du Conseil de Sécurité de l’ONU. Pékin se retrouve alors piégé: sous pression de Washington qui veut l’obliger à convaincre à coups de sanctions son allié de renoncer au nucléaire, et sous pression de Pyongyang cet allié « forcé » qui veut obtenir par son intermédiaire l’ouverture de pourparlers avec les Américains.

« Xi Jinping, qui s’est forgé une image d’homme fort, est au pied du mur, il est forcé de réagir de façon vive », observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan de l’Université baptiste de Hong Kong, qui s’attend toutefois à ce qu’une éventuelle réaction, comme un embargo pétrolier, soit repoussée au-delà du Congrès.

POOL NEW / REUTERS

« Opération séduction » de la part de Pyongyang

Et Kim Jong-Un joue de cette situation. Sachant son voisin coincé, il en profite pour démontrer la puissance de son arsenal. « Je pense que Kim Jong-Un pourrait se lancer dans une opération de séduction pour tenter d’ouvrir les négociations avec les Etats-Unis. C’est un jeu de billard », observe Jean-Pierre Cabestan. Il se permet ainsi de risquer d’irriter le président chinois, au moment où ce dernier s’approche d’une échéance politique cruciale: le Congrès du parti communiste chinois qui s’ouvrira le 18 octobre. D’autant plus que ce lundi matin, il recevait à Xiamen un sommet réunissant les dirigeants des Brics -Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud- (photo ci-dessus).

Pris en étau, Pékin renvoie alors volontiers Washington et Pyongyang dos-à-dos, plaidant pour un « double moratoire »: la suspension simultanée des essais nord-coréens et celle des manœuvres militaires communes des Etats-Unis et de la Corée du Sud.

Pas certain que la Chine s’en tire à si bon compte… Entre intérêts économiques et intérêts idéologiques, il lui faudra certainement choisir son parti.

Claire Tervé

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