Meurtre de Lola : retour sur huit heures de barbarie
Après avoir tué la jeune fille de 12 ans dans des conditions atroces, la suspecte a gardé avec elle la malle dans laquelle elle l’avait dissimulée. Jusqu’à son interpellation.
Avant l’extrême violence, avant l’horreur, avant l’indicible, il y a l’inquiétude. Celle de parents quand leur fille de 12 ans ne rentre pas de l’école. Il est 15 h 30 passé ce vendredi 14 octobre 2022, quand la mère de Lola se présente au commissariat du 19e arrondissement de Paris pour déclarer sa disparition inquiétante. Voilà plus d’une demi-heure que les parents de Lola – tous deux gardiens d’un immeuble situé au 119 rue Manin, dans le quartier des Buttes-Chaumont – cherchent leur fille qui a quitté son établissement scolaire à 15 heures. Comme tous les jours, Lola aurait dû rentrer directement chez elle après les cours. La brigade de protection des mineurs est immédiatement saisie, le voisinage est interrogé. La question la plus pressante est de savoir si Lola a été aperçue par un passant.
Alors que l’enquête se met en branle, le père de Lola pense à regarder les images de vidéosurveillance de la caméra installée dans le hall de l’immeuble, qu’il a à sa disposition en tant que concierge. Le père de famille aperçoit alors sa fille, en compagnie d’une femme d’une vingtaine d’années, qu’il ne connaît pas. L’horodatage indique 15 h 15. Selon des témoins qui ont également pu visionner les images, la petite fille aux cheveux blonds comme les blés semble inquiète, apeurée. Sur ces mêmes images, on voit ensuite cette femme sortir de l’immeuble vers 17 heures avec de lourds bagages. Vers 20 heures, le père de Lola en informe les policiers chargés de l’enquête.
Le même jour, aux alentours de 23 h 15, un SDF de 42 ans découvre un corps d’enfant dans une caisse en plastique noire à roulettes déposée dans les parties communes de l’immeuble où réside la famille. La victime, cachée sous des draps, semble avoir subi des sévices innommables. Les entailles au niveau de son cou sont terriblement profondes ; son corps présente par ailleurs de multiples lésions provoquées par arme blanche. Les chiffres « 0 » et « 1 » ont été inscrits à l’encre rouge sous ses pieds. Il s’agit bien de Lola. Et il semblerait qu’elle ait enduré les pires atrocités avant de succomber des suites d’une « défaillance cardiorespiratoire avec manifestation asphyxique et signe de compression cervicale », comme le conclut l’autopsie réalisée le lendemain matin. Une « asphyxie » probablement provoquée par le scotch qui entourait son visage et avec lequel elle a été bâillonnée.
« Déclarations fluctuantes »
Exploitation de la vidéoprotection, constatations sur place, enquête approfondie de voisinage… L’enquête, qui est désormais entre les mains de la brigade criminelle de Paris, permet d’identifier très vite la jeune femme vue sur les images en train de manipuler la caisse dans lequel le corps a été retrouvé, mais aussi d’identifier plusieurs personnes susceptibles d’avoir été en contact avec elle. Le 15 octobre au petit matin, Dahbia D., 24 ans, est interpellée dans un appartement de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) et placée en garde à vue à 8 heures. Dans la nuit, cinq autres personnes – une femme et quatre hommes – susceptibles d’avoir été en contact avec elle ont déjà été interpellées et placées en garde à vue. Parmi elles, Friha B., la sœur de la suspecte, âgée de 26 ans, qui résidait dans le même immeuble que Lola et sa famille.
Friha B. sera libérée quelques heures plus tard, sans poursuite à ce stade, comme trois des hommes interpellés. Âgés de 29, 42 et 32 ans, ils auraient eu, peu de temps après les faits, « des contacts avec la suspecte ou le corps de la victime », note le parquet de Paris. Le premier d’entre eux se serait vu proposer par la suspecte la « vente d’éléments contenus » dans la caisse en fin d’après-midi le 14 octobre, à proximité du lieu des faits. Le deuxième est le SDF qui a découvert le corps dans la cour de l’immeuble le soir du 14 octobre. Le dernier a quant à lui accueilli la suspecte à Bois-Colombes dans la nuit du 14 au 15 octobre. Un quatrième protagoniste continue alors d’être interrogé.
En garde à vue, Dahbia B. – une SDF de nationalité algérienne – « enchaîne les déclarations fluctuantes […] oscillant entre reconnaissance et contestation des faits », évoque un communiqué du parquet. Elle seule sait pourtant ce qu’il s’est passé dans le huis clos de l’appartement de sa sœur, où elle a attiré la victime. Elle seule sait ce qu’elle a infligé à cette enfant pendant plus de quatre-vingt-dix minutes. Selon ses explications décousues, elle aurait d’abord imposé à Lola de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d’autres violences indescriptibles. En ce qui concerne le mobile, il semble d’une futilité inouïe : les enquêteurs explorent la piste d’une vengeance après une altercation entre la suspecte et la mère de la victime qui aurait refusé de lui délivrer un bip d’accès à l’immeuble alors qu’elle résidait temporairement chez sa sœur. Devant les enquêteurs, Dahbia B. explique que ce vendredi, en croisant Lola, elle aurait confondu la jeune fille avec sa mère et s’en serait alors prise à elle. Une information qui reste à confirmer, tant le discours de la principale suspecte semble confus.
Un homme mis en examen pour « recel de cadavre »
Lundi, à l’issue de sa garde à vue, Dahbia B. est mise en examen des chefs de « meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de viol ou torture et actes de barbarie » et placée en détention provisoire. Elle a depuis été mise à l’isolement au centre pénitentiaire de Fresnes et sous surveillance constante. Aux enquêteurs, sa sœur aînée l’a décrite comme « difficilement insérée » et a raconté que Dahbia B. a eu « des réveils nocturnes le mois passé, au cours duquel elle tenait des propos incohérents ».
Le quatrième homme placé en garde à vue a, lui aussi, été mis en examen des chefs de « recel de cadavre », selon une source judiciaire. Rachid N., 43 ans, a cependant été relâché et placé sous contrôle judiciaire, la détention provisoire n’étant pas possible du fait de la peine encourue (deux ans d’emprisonnement). Devant les enquêteurs, il a reconnu avoir transporté la suspecte « à sa demande » ainsi que « deux valises et la caisse en plastique dans son véhicule de fonction depuis Paris jusqu’à son domicile situé à Asnières-sur-Seine », et avoir également accueilli l’intéressée chez lui avec les valises et la caisse. Le quadragénaire a également confié « avoir appelé un chauffeur de VTC pour que la suspecte retourne à Paris avec les valises et la caisse environ deux heures après son arrivée ».
Le Parisien, qui a retracé la cavale de Dahbia B., indique qu’après être réapparue sur les images de vidéosurveillance de l’immeuble à 17 heures, la tortionnaire présumée déambule rue Manin. À quelques mètres de l’immeuble, chargée de la malle et de ses deux valises, elle alpague un homme et lui demande de l’aider à porter ses bagages jusqu’au métro le plus proche. Ce dernier refuse, mais sollicite une connaissance qui pourrait la déposer. La suspecte souhaite se rendre « dans le 92 ». Mais avant cela, elle lui explique qu’il y a de la « marchandise » dans sa malle et propose de lui montrer dans un bar à proximité. Toujours selon le quotidien régional, l’homme touche alors le drap dans la malle quand Dhabia B. lui dit qu’il s’agit « d’un rein ». L’homme en question quitte les lieux, sans avoir vu le contenu de la malle, selon lui.
Une expertise psychiatrique cruciale
C’est à ce moment que la suspecte décide de contacter Rachid N., une de ses connaissances et chauffeur VTC. Le quadragénaire serait donc venu la chercher dans le 19e arrondissement pour la ramener chez lui à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) au volant de sa voiture de fonction. La malle contenant la petite Lola se trouvant dans le coffre du véhicule. Vers 22 h 30, Dahbia B. lui aurait indiqué vouloir partir. Ils seraient, entre-temps, sortis tous les deux pour acheter une boisson gazeuse et des préservatifs.
Devant les enquêteurs, Rachid N. explique avoir appelé une autre plateforme de chauffeurs pour que la suspecte reparte avec ses valises et sa malle aux alentours de 22 h 30, direction le 119 de la rue Manin. Cet homme était-il au courant de ce qu’il transportait ? Sa mise en examen pour recel de cadavre semble le confirmer. S’il indique avoir été « piégé », il était au courant que sa passagère était recherchée par les services de police. De retour sur le lieu du crime vers 23 heures, Dahbia B. décide d’abandonner la dépouille de la petite Lola, qui sera retrouvée à peine vingt minutes plus tard. La suspecte quittera finalement les lieux pour rejoindre l’appartement de Bois-Colombes où vit une autre connaissance. C’est là qu’elle sera interpellée samedi à l’aube. Des dernières images de Lola sur la vidéosurveillance à la découverte de son corps par un SDF, Dahbia B. aura ainsi trimballé, pendant huit heures, partout avec elle la dépouille de la malheureuse enfant. En ce qui concerne la « vente d’organes », le parquet de Paris précisera que Dahbia B. n’a pas évoqué cette question devant les enquêteurs. Son avocat, Me Alexandre Silva, a quant à lui écarté cette « rumeur ». L’idée d’un meurtre qui serait lié à un trafic d’organes « n’a jamais fait partie des débats et n’en fera jamais partie », a-t-il déclaré.
Par Valentine Arama
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Meurtre de Lola, 12 ans, l’avocat de la suspecte pris à partie : “On me dit que je devrais avoir honte”.
Le meurtre de Lola, 12 ans, retrouvée dans une caisse en plastique le soir du vendredi 14 octobre, a suscité beaucoup d’émoi. Maître Silva, l’avocat de la principale suspecte, a fait part au Figaro ce jeudi 20 octobre des courriers malveillants qu’il reçoit.
Comme dans tout fait divers sordide impliquant de jeunes victimes, l’avocat de la défense a rarement le bon rôle. Maître Alexandre Silva en fait l’expérience depuis plusieurs jours. Le juriste a accepté de défendre Dahbia B., la principale suspecte du meurtre de la petite Lola, retrouvée morte dans une caisse en plastique à roulettes, dans la soirée du vendredi 14 octobre à Paris. Des traces de sévices ont été retrouvées sur le corps de la jeune fille de 12 ans, décédée d’une asphyxie, selon les conclusions de l’autopsie.
« Je vais devoir défendre l’indéfendable », a déclaré Me Silva au Figaro ce jeudi 20 octobre. Ce dernier, conseil juridique de la jeune femme de 24 ans soupçonnée d’être à l’origine du meurtre, a confié recevoir des courriers malveillants : « On me dit que je devrais avoir honte de défendre cette femme », a-t-il expliqué au quotidien. « Il faut bien comprendre que je fais mon métier d’avocat », a encore tenu à faire savoir Me Silva. Et d’ajouter que son rôle est avant tout de faire la lumière sur « ce qui s’est passé ».
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Mort de Lola, 12 ans : l’ex-compagnon de la principale suspecte décrit son comportement très inquiétant.
D’après son ex-compagnon, au micro de BFMTV mardi 18 octobre 2022, Dhabia B. aurait « un peu perdu la boule ». Cette ressortissante algérienne de 24 ans est soupçonnée d’avoir tué Lola, une collégienne de 12 ans, à Paris.
Le profil de Dhabia B. se précise. D’origine algérienne, cette SDF marginale de 24 ans est soupçonnée d’avoir séquestré, violé et tué Lola, une collégienne de 12 ans, à Paris. Au micro de BFMTV, mardi 18 octobre 2022, son ex-compagnon a livré quelques confidences sur la jeune femme, mise en examen et placée en détention provisoire à la prison de Fresnes. Selon cet homme, qui affirme l’avoir vue il y a dix jours, la principale suspecte aurait « un peu perdu la boule ». « Elle parlait toute seule, entre ses lèvres… Je lui disais, ‘Qu’est-ce que tu dis ?’. Elle répondait ‘Rien, rien, c’est entre moi et moi' », a-t-il affirmé, ajoutant que l’intéressée « déraillait par rapport à la religion ». Les parents de Dhabia B. sont tous les deux morts. Et selon ce témoin, leur disparition aurait déclenché son tournant vers la religion, notamment l’évangélisme. « Elle me disait ‘Je vais aller faire la croix, je vais être chrétienne, je vais aller à l’église’. Je lui ai demandé pourquoi. Elle m’a dit ‘C’est parce que j’en ai marre, c’est bon, ma mère est morte, mon père est mort' », aurait-elle dit à son ancien partenaire.
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En attendant les expertises psychiatriques, une première hypothèse.
Pourquoi Dahbia B. s’en est-elle pris à Lola ? Comment cette SDF de 24 ans a-t-elle pu faire preuve d’une telle violence vis-à-vis d’une enfant de 12 ans ? D’un tel déferlement de haine au moment des faits, et d’une telle froideur à l’heure de passer aux aveux ?
Forcément, la thèse psychiatrique est avancée. Et en attendant les expertises, le psychiatre et psychanalyste Samuel Lepastier, chercheur associé à l’université Sorbonne-Paris Nord, a livré ses hypothèses ce mercredi auprès de nos confrères du Parisien. En tant qu’observateur et d’après les éléments dont il dispose, Samuel Lepastier estime qu’« on peut imaginer qu’elle (Dahbia B.) ait développé une psychose à bas bruit qui n’aurait pas été détectée jusque-là ».
« Un délire à tonalité paranoïaque »
En effet, les troubles schizophréniques ou psychotiques peuvent évoluer pendant plusieurs mois voire même pendant plusieurs années sans avoir été décelés. Parce que leurs manifestations ne sont pas claires, pas ou mal interprétées, ou encore parce que le sujet n’est pas suivi médicalement, ou observé par son entourage. Dans le cas de Dahbia B., Samuel Lepastier évoque « la raison de sa marginalité ». Avant d’argumenter : « On est au-delà de la vengeance et c’est assez évocateur : les schizophrènes se représentent leur propre corps comme morcelé. Ils peuvent ainsi répliquer sur leur victime leur morcellement. Au sens propre ».
« Elle a pu se sentir coupable d’avoir commis un acte pédophile, avoir agi avec une certaine excitation et rationalité jusque-là, et ensuite avoir basculé dans un délire à tonalité paranoïaque, tel qu’on le retrouve souvent chez des personnes assumant mal leur homosexualité. Le désir se transforme en haine, avec l’idée d’une menace provenant de l’autre ».
JForum.fr – Le Point – l’Indépendant
A quand la guerre civile ?
C’est quoi ces conneries de psychiatre? Il ne faudra jamais leur donner la parole.