L’OCDE intègre la Colombie par Dov Zerah

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Newsletter N°217  MARDI 5 MAI 2020 Dov ZERAH
Alors que nous sommes abreuvés, saoulés par les informations sur le COVID 19, une information est passée sous les radars médiatiques. La semaine dernière, le 28 avril, la Colombie est devenue le 37ème pays membre de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
En 1961, l’OCDE prend le relais de l’Organisation européenne de sécurité économique (OESE) mise en place en 1948 pour gérer le Plan Marshall. Même si elle est chargée de faire des études économiques, elle s’est dernièrement distinguée pour faire émerger des consensus sur la lutte contre la fraude fiscale.
Ayant accédé à l’indépendance en 1819, la Colombie a rejoint l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Chili, la Corée du Sud, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Turquie.
Pour mémoire, située dans le Nord-Ouest de l’Amérique latine, la Colombie est bordée à l’ouest par le Pacifique et au nord par la mer des Caraïbes ; elle a des frontières avec cinq pays, au nord-ouest le Panama, , au nord-est le Venezuela, au sud-est le Brésil, au sud le Pérou et au sud-ouest l’Équateur.
Le processus d’adhésion à l’OCDE a démarré il y a plus de sept ans. Durant cinq ans, 23 comités ont examiné tous les secteurs de l’action publique, et il a fallu attendre mai 2018 que le processus entre dans sa phase active.
Le pays a engagé des réformes majeures pour aligner sa législation, ses politiques publiques et ses pratiques sur les normes de l’OCDE, notamment dans les domaines des questions relatives au travail, du système judiciaire, de la gouvernance des entreprises publiques, de la lutte contre la corruption, du commerce… avec l’objectif de conforter l’économie de marché.
D’une superficie de près de 1,5 million de km², la Colombie compte plus de 51 millions d’habitants en 2020. Le pays est riche en ressources naturelles, or, émeraudes, pétrole, charbon, café dont elle est un des tous premiers producteurs mondiaux, fleurs …
Grace à ces réformes, richesses et une politique économique déterminée, le pays a connu depuis le début du millénaire une croissance régulière. En vingt ans, le pays a connu une véritable métamorphose dont le principal artisan a été Alvaro URIBE VELEZ, président de 2002 à 2010.
Dans les années quatre-vingt-dix, les pays émergents étaient repérés par l’acronyme BRIC pour représenter Brésil, Russie, Inde et Chine, ou BRICS en y adjoignant l’Afrique du Sud. Dans les années deux mille, un nouvel acronyme est apparu avec CIVETS pour Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud.
Mais il ne suffisait pas de faire des réformes et de mettre le pays sur le sentier de la croissance pour rendre le processus durable.
Pendant des décennies, le pays était aux prises avec une terrible guerre civile qui a fait de milliers de morts et disparus. Parallèlement, certaines des parties du pays et des villes comme Cali ou Medellin étaient dominées par des cartels de la drogue.
Après 52 ans de guerres et plusieurs années de négociations, un accord de paix entre le gouvernement et les FARC, le principal groupe de guérilla, a finalement été conclu en décembre 2016. En août 2017, la plupart des rebelles des FARC ont été démobilisés et ont remis leurs dernières armes aux représentants de l’ONU. Malgré ce succès, des groupuscules continuent de semer la terreur.
La transformation de la ville de Medellin est probablement l’exemple le plus emblématique de cette métamorphose colombienne. Comme beaucoup de villes latino-américaines, Medellin est encaissée dans des collines ; elle s’est développée dans le thalweg et s’est étendue sur les flancs de collines avec un habitat informel sans aucun plan d’urbanisme. Au début du millénaire, la ville était complétement éclatée en quartiers sans lien entre eux et sous la férule de caïds de la drogue.
 Depuis une vingtaine d’années et surtout grâce à son Maire Sergio FAJARDO et ses successeurs, cette ville de 2,5 millions d’habitants est devenue un laboratoire en matière d’urbanisme social avec un métrocâble. Il consiste en une ligne dure dans la vallée et des lignes perpendiculaires remontant les collines avec des cabines à l’image de celles dans les stations de neige, également dénommées « des œufs ».
Ce bel exemple de mobilité innovante est plus qu’un mode de transport. Il a tout d’abord permis de réunifier le tissu urbain en créant des liens entre les différents quartiers. Par ailleurs, son intégration dans des Plans Urbains Intégraux en a fait un outil d’aménagement. Á chaque station, la Mairie a installé une bibliothèque, une médiathèque, un terrain de basket ball…, ce qui a amélioré la convivialité entre les quartiers et permis de limiter l’emprise des dealers. La mobilité physique a favorisé la mobilité sociale.
L’exemple de la Colombie démontre qu’une stratégie collective déclinée sur longue période conduit au succès.
Mais, la Colombie n’est pas pour autant au bout de ses problèmes. Elle a encore de nombreux défis à affronter :
  • L’importance des inégalités sociales. La Colombie est une des sociétés les plus inégalitaires au Monde, et le plus inégalitaire des membres de l’OCDE.
  • L’importance du secteur informel qui représenterait près de la moitié du PIB en 2020.
  • L’extrême faiblesse du réseau routier. Pour un pays grand comme trois fois la France, le seul moyen de transport opérationnel est l’avion, faute de routes praticables.
  • L’accueil des 1,5 million de réfugiés vénézuéliens. La Colombie fait partie du « groupe de Lima » opposé à Nicolas MADURO et soutenant son opposant Juan GUAIDO ; elle subit toutes les conséquences de la crise vénézuélienne.
Chargée de « … promouvoir des politiques conçues pour améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier… », le libre-échange et l’économie de marché, l’OCDE « …offre aux gouvernements une enceinte où ils peuvent collaborer pour échanger des expériences et rechercher des solutions à des problèmes d’ordre économique, social ou relevant de la gouvernance… » L’OCDE est au cœur de la mondialisation et poursuit son travail alors que, dans le même temps, nombreux sont ceux qui prévoient, comme en 2009, le retour de l’État et la démondialisation.
Dov ZERAH

 

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Alain Nurbel

C’est un bel article qui relaie un optimisme qui me parait légitime sur l’avenir de la Colombie.
En tout cas, son adhésion formelle à l’OCDE devrait jouer un rôle d’accélérateur de la transformation de ce pays.
Quant au poids très important de la richesse créée en dehors du système économique et social légal, il est à mon avis important d’en analyser les racines profondes pour agir efficacement et le ramener dans les meilleurs délais à une proportion proche de la norme en vigueur dans les pays de l’OCDE.