Le père Jean-Baptiste Nadler vient de publier aux édition de l’Emmanuel un ouvrage consacré aux racines judaïques de la messe. Découvrez quelques références surprenantes !

Nous n’en avons pas toujours conscience, mais une grande partie de la liturgie catholique – ses rites, ses symboles, ses objets, etc. – provient directement de la tradition juive. Le père Nadler vient de publier aux éditions de l’Emmanuel un ouvrage recensant et expliquant les nombreuses références, « empruntées » aux juifs diront certains, « accomplies » dans la continuité du message du Christ pour les autres. Le père Nadler est de ceux-là. Voici quelques exemples les plus révélateurs que le prêtre de la Communauté de l’Emmanuel a relevés.

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1. L’autel et ses attributs 

Sur l’autel catholique actuel, se trouvent habituellement six cierges, répartis de part et d’autre d’un crucifix, qui rappellent les sept branches du chandelier juif, la menora. « Les six branches latérales, explique le père Nadler, se greffent sur la branche centrale qui fait office de tronc », pour les catholiques le Christ. « D’ailleurs, précise-t-il, quand un évêque préside la célébration, un septième cierge est alors placé devant la croix. »

En plus de la menora, d’autres objets et particularités sont directement repris du Temple de Jérusalem tels l’autel en pierre ou l’usage de l’encens par exemple.

2. La liturgie de la Parole

« L’ensemble de la liturgie de la Parole catholique actuelle reprend la liturgie de la synagogue, souligne le père Nadler : la lecture des livres des prophètes, les psaumes chantés, sept lectures solennelles issues de la Torah (notre actuel Pentateuque), puis un commentaire fait par le rabbin et enfin ‘les 18 bénédictions’, une sorte de grande prière d’intercession. »

Les rapprochements semblent évidents avec les lectures de la messe, psaumes inclus, la proclamation de l’Évangile, l’homélie faite par le prêtre ou le diacre et la prière universelle. « Depuis les premiers temps de l’Église, le schéma est le même, précise-t-il. Les changements les plus importants ont finalement eu lieu avec le Concile Vatican II seulement. »

3. Le lavement des mains

Au-delà du seul Temple de Jérusalem et plus généralement des synagogues, un autre grand terrain liturgique pour les juifs est tout simplement leur lieu de vie ordinaire. De nombreux rites du quotidien se retrouvent dans la liturgie catholique. L’un d’eux n’est autre que le lavement des mains que les juifs pieux effectuent toujours aujourd’hui pour se purifier avant de manger.

« Ce n’est bien entendu pas parce que le célébrant a les mains sales qu’il se plie au rite du lavabo, s’amuse le père Nadler. Ce petit rite n’a l’air de rien mais il remonte à l’Ancien Testament… Il était prescrit de se purifier les mains avant de prononcer la bénédiction sur le pain et de le rompre. Lorsque celui qui présidait le repas était quelqu’un d’important, il ne se lavait pas les mains lui-même mais c’était un autre qui lui versait de l’eau sur les mains. Élisée lui-même, serviteur du prophète Élie, avait pour mission, entre autres, de laver les mains de son maître. »

4. Les habits sacerdotaux

« C’est une hypothèse personnelle, avance l’auteur, mais je vois dans l’amict (rectangle de toile fine muni de deux cordons qu’un prêtre catholique ou tout autre ministre peut passer autour du cou avant de revêtir son aube, ndlr), un héritier direct du talit, le châle de prière juif. »

Sa forme, ses lanières, le fait de l’embrasser, de le déposer d’abord sur la tête avant de le mettre autour du cou, les parements et la prière qui l’accompagnent, etc. « Tout porte à croire qu’il s’agit là d’un seul élément vestimentaire. Pour moi l’amict provient du talit », conclut le père Nadler.

5. L’orientation de la prière

Jusqu’au Concile Vatican II, l’assemblé était tournée dans la même direction que le célébrant, « vers l’est, où se lève le Soleil », « comme les juifs sont tous tournés dans la même direction, vers le Saint des saints », rappelle le religieux : « La tradition de la prière de manière orientée s’est transmise chez les chrétiens pendant des siècles ».

La liste est encore longue, ne serait-ce que pour aborder le rite de Pessah, lié au fait que Jésus ait instauré l’Eucharistie lors de ce repas traditionnel de la Pâque juive (la fraction du pain, l’usage du pain azyme, la coupe de vin, etc.). Pour découvrir la suite de ces clins d’œil liturgiques entre ces deux grandes religions monothéistes, procurez-vous le passionnant ouvrage du père Jean-Baptiste Nadler, Les racines juives de la messe, préfacé par le grand rabbin de France et publié aux éditions de l’Emmanuel.

À l’occasion du cinquantenaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate ce 28 octobre, « il est temps d’en finir avec l’enseignement du mépris et de redécouvrir avec bienveillance et dans le dialogue nos racines juives », appelle de ses vœux le père tourangeaux.

MATHILDE RAMBAUD – ALETEIA

 

 

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gabriel Taieb

Quelle surprise!! L’ensemble des rites chrétiens a été copié et déformé.
L’eucharistie est une mauvaise imitation de la cérémonie du Shabbat – et du Seder -l’allumage des Nerot, la bénédiction et le partage des Challot, le vin, le lavage des mains, – netilat yadaïm – tout cela se retrouve dans le rite chrétien, mais avec une signification complètement étrangère au Judaïsme. Comme dans le mythe d’Osiris, le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ, on en revient au cannibalisme mythique des peuples qui pensaient acquérir les vertus de grands guerriers en les mangeant.
La lecture des prophètes qui peuvent apporter un semblant de « prédiction » au NT est abordée, mais elle y est sciemment déformée afin de servir la mythologie chrétienne. Les textes sacrés sont également épurés de tout ce qui pourrait paraître trop « juif ».
Les fêtes chrétiennes sont également calquées sur les juives, mais là aussi leur sens a changé. La fête de Pâques chrétienne reproduit le mythe égyptien de la mort et de la résurrection du « bon » dieu Osiris, lui aussi, comme son corps a été disséqué et dispersé par toute la terre d’Egypte, le peuple égyptien va se nourrir du corps d’Osiris. La Pentecôte n’a rie à voir avec la Matanat Torah, mais reproduit le mythe d’Horus qui vient sur terre comme l’esprit vivant du nouvel Osiris avant que celui-ci n’accomplisse son ascension vers les cieux.
Le christianisme n’est pas un monothéîsme, peut s’en faut. C’est un système trilogique à l’égyptienne: Râ le père-dieu, Osiris, le fils et Horus l’esprit d’Osiris. Mais en tout cas dans la mythologie égyptienne, les dieux n’ont nul besoin de passer à travers une vierge pour s’incarner. Celà, c’est la mythologie grecque des demi-dieux, issus du croisement d’un dieu et d’une humaine (de préférence jolie). En fin, la possibilité de « créer » un vivant sans intervention d’un géniteur existe bel et bien, donc, si la « vierge » Marie a enfanté, elle n’a pu engendrer qu’un clône d’elle-même… intéressant non?