Les Palestiniens et la conférence de Bahreïn : Condamner les Arabes tout en demandant de l’argent arabe
La stratégie palestinienne est claire: inciter les masses arabes à lutter contre leurs dirigeants et leurs gouvernements. Les attaques palestiniennes ne sont plus dirigées contre le président des États-Unis, Donald Trump … Maintenant, les cibles sont les chefs d’État arabes, en particulier ceux qui sont perçus par les Palestiniens comme s’alliant à Israël et au gouvernement Trump.
Alors que les Palestiniens condamnaient les Arabes qui ont accepté d’assister à la conférence à Bahreïn, les dirigeants palestiniens ont réitéré leur appel aux États arabes de leur octroyer une aide financière. D’une part, les Palestiniens condamnent les pays arabes pour leur participation à une conférence visant à stimuler l’économie palestinienne et à améliorer les conditions de vie en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. D’autre part, les dirigeants palestiniens n’ont aucun problème à demander une aide financière urgente à leurs frères arabes. Les Palestiniens demandent aux Arabes de leur donner 100 millions de dollars par mois pour les aider à « faire face à la pression politique et financière » d’Israël et de l’administration des États-Unis.
- Les Palestiniens se rendent compte que certains des principaux pays arabes, notamment l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie et les Émirats arabes unis, ne sont plus disposés à les attendre et ont décidé de monter à bord du train dont la destination finale est la prospérité et des perspectives économiques pour les deux groupes concernés, les Palestiniens et les Arabes.
- La décision de six États arabes d’assister à la conférence de Bahreïn malgré l’appel au boycott palestinien montre que les Arabes ont choisi d’entériner une nouvelle direction – une direction qui laissera les Palestiniens se débrouiller seuls. A cause de leur choix de se moquer des États-Unis, mais aussi des États arabes influents, les Palestiniens sont susceptibles de devenir les plus grands perdants.
En 2009, le regretté roi saoudien Abdullah bin Abdel Aziz a annoncé la décision de son pays de donner un milliard de dollars à la reconstruction de la bande de Gaza. Le roi avait sans aucun doute de bonnes intentions et cherchait à aider ses frères palestiniens. Mais quand Abdullah est mort six ans plus tard, les Palestiniens n’ont pas hésité à manifester leur mépris pour le dirigeant arabe qui leur avait proposé de contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Sur la photo : le roi saoudien Abdullah bin Abdel Aziz lors d’une réunion avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le 6 septembre 2009 à Riyad (Arabie saoudite) (photo de Thaer Ganaim / OPP via Getty Images) |
En 2009, le regretté roi saoudien Abdullah bin Abdel Aziz a annoncé la décision de son pays de donner un milliard de dollars pour contribuer à la reconstruction de la bande de Gaza.
Le monarque a fait cette annonce lors d’une conférence économique arabe au Koweït. L’engagement saoudien ne s’est jamais concrétisé, principalement en raison de la persistance du différend entre les dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas en Cisjordanie.
Le roi avait sans aucun doute de bonnes intentions et cherchait à aider ses frères palestiniens, en particulier les deux millions d’habitants de la bande de Gaza, qui ont toujours un besoin urgent d’assistance financière et économique.
Après la mort du roi Abdullah bin Abdel Aziz six ans plus tard, les Palestiniens n’ont pas hésité à manifester leur mépris pour le dirigeant arabe qui leur avait offert de contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie et à assurer un meilleur avenir aux enfants palestiniens.
Le mépris était si intense que les fidèles palestiniens de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem ont hué un prédicateur, Ismail Nawahdeh, qui pleurait la mort du roi saoudien. Alors que Nawahdeh lisait la déclaration, des centaines de Palestiniens ont commencé à crier des slogans dénonçant le regretté monarque.
Une décennie s’est écoulée depuis que le roi Abdullah bin Abdel Aziz a offert le don d’un milliard de dollars à la bande de Gaza, mais il semble que rien n’a changé dans le monde des Palestiniens. Les Palestiniens sont maintenant furieux contre l’Arabie saoudite et certains autres États arabes d’avoir accepté d’assister à une conférence dirigée par les États-Unis à Bahreïn. La conférence, organisée sous le thème « Paix pour la prospérité », a pour objectif principal d’aider les Palestiniens à bâtir une société prospère et dynamique. « Avec la possibilité de générer plus de 50 milliards de dollars d’investissements supplémentaires sur 10 ans, le plan constitue l’effort international le plus ambitieux et le plus complet jamais entrepris à ce jour par le peuple palestinien », selon le plan publié, le 22 juin, aux participants à la conférence économique de Bahreïn.
Comme prévu, les Palestiniens, qui boycottent la conférence de Bahreïn, ont rejeté le plan, le qualifiant de « pot de vin » pour inciter les Palestiniens à renoncer à leurs « droits nationaux ». Bien que le rejet du plan par les Palestiniens n’ait pas été une surprise, les vives condamnations des États arabes ayant accepté de participer à la conférence de Bahreïn témoignent du mépris dans lequel les Palestiniens tiennent les dirigeants et les gouvernements arabes.
La semaine dernière, des responsables et des factions palestiniennes ont unanimement lancé un appel de dernière minute aux États arabes pour qu’ils tiennent compte de l’appel palestinien au boycott de la conférence économique de Manama (Bahreïn). Le Fatah, la plus grande faction palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas, a annoncé dans plusieurs déclarations que quiconque assisterait à la conférence serait considéré comme un traître. Le Fatah a également fait un pas de plus en exhortant les Arabes à organiser des manifestations devant les ambassades de Bahreïn dans leurs capitales.
La stratégie palestinienne est claire : inciter les masses arabes à lutter contre leurs dirigeants et leurs gouvernements. Les attaques palestiniennes ne sont plus dirigées contre le président américain Donald Trump et ses conseillers « sionistes », Jared Kushner, Jason Greenblatt et l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman. À présent, les cibles sont les chefs d’Etat arabes, en particulier ceux qui sont vus par les Palestiniens comme étantt en collusion avec Israël et le gouvernement Trump.
Le défunt roi saoudien Abdullah bin Abdel Aziz, malgré son désir et son ambition d’aider les Palestiniens à avoir une vie meilleure, s’est fait ridiculiser après sa mort. Le refus palestinien de le pleurer lors de la prière musulmane à la mosquée Al-Aqsa est l’acte le plus dégradant qu’un musulman puisse accomplir contre un autre musulman.
C’est comme si les Palestiniens disaient que le roi Abdullah bin Abdel Aziz était un mauvais musulman et un traître – et, en tant que tel, qu’il ne méritait pas d’être honoré dans une mosquée. Cette honte est généralement réservée aux musulmans qui commettent les péchés et les crimes les plus graves.
Alors que les Palestiniens condamnaient les Arabes pour avoir accepté d’assister à la conférence à Bahreïn, les dirigeants palestiniens ont réitéré leur appel aux États arabes à leur accorder une aide financière. D’une part, les Palestiniens condamnent les pays arabes pour leur participation à une conférence visant à stimuler l’économie palestinienne et à améliorer les conditions de vie en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. D’autre part, les dirigeants palestiniens n’ont aucun problème à demander une aide financière urgente à leurs frères arabes.
Les Arabes, cependant, semblent avoir pris connaissance de la tactique palestinienne et, mis à part leurs paroles, ils ne sont pas prêts à se séparer de leur argent, dans un avenir proche, en faveur des Palestiniens.
Le 23 juin, les ministres arabes des Affaires étrangères devaient se rencontrer au Caire pour discuter de l’appel palestinien à obtenir un « filet de sécurité financière » de la part des États arabes, sous prétexte qu’Abbas et son gouvernement sont confrontés à une grave crise financière et sont incapables de payer pleinement les salaires de leurs employés. Ce n’est pas la première fois que la plupart des États arabes se réunissent pour discuter de la « crise financière » à laquelle sont confrontés les Palestiniens.
Les Palestiniens, pour leur part, ne placent pas de grands espoirs en leurs « frères » Arabes, en particulier à la lumière de l’incapacité des Arabes à tenir leurs promesses précédentes d’aide financière. Les Palestiniens demandent aux Arabes de leur donner 100 millions de dollars chaque mois pour les aider à « faire face aux pressions politiques et financières » d’Israël et de l’administration américaine.
Dans les prochains jours, les Palestiniens devraient intensifier leurs attaques et dénonciations des États arabes pour collusion avec Israël et le gouvernement Trump. Les manifestations de masse en Cisjordanie et dans la bande de Gaza lors de la réunion de la conférence à Bahreïn ont vu également les Palestiniens condamner fermement les « traîtres » arabes qui ont assisté à l’atelier économique.
Les Palestiniens se rendent compte que certains des principaux pays arabes, notamment l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie et les Émirats arabes unis, ne sont plus disposés à les attendre et ont décidé de monter à bord du train dont la destination finale est la prospérité et des perspectives économiques pour les deux groupes, Palestiniens et Arabes.
La conférence de Bahreïn pourrait marquer le début d’un « divorce » entre les Palestiniens et de nombreux pays arabes. Les Palestiniens pourraient bientôt découvrir que leurs frères arabes avaient des priorités qui surpassaient leur immolation financière éternelle, des priorités telles que la menace iranienne et leur propre incertitude économique.
Les Palestiniens n’avaient rien à perdre en assistant à la conférence de Bahreïn ou en acceptant le plan économique. Au lieu de cela, ils ont choisi de rejeter les milliards de dollars que leur offre le plan économique américain et d’inciter leur peuple à lutter contre Israël et le gouvernement Trump. Plus grave encore est l’effort palestinien visant à inciter les masses arabes à s’opposer à leurs dirigeants – une étape qui ne manquera pas d’aggraver les tensions entre les Palestiniens et le monde arabe.
Dans un scénario que l’on qualifie au mieux de bizarre, la dénonciation par les Palestiniens de chefs d’État arabes en tant que traîtres intervient au moment même où ils frappent à leur porte en demandant de l’argent.
Cette fois, cependant, les dirigeants arabes refusent d’être les roues de secours des Palestiniens. Il est difficile d’oublier l’image de l’humiliation posthume du défunt roi saoudien par les Palestiniens.
La décision de six États arabes d’assister à la conférence de Bahreïn malgré l’appel du boycott palestinien montre que les Arabes ont choisi d’entériner une nouvelle direction – une direction qui laissera les Palestiniens se débrouiller seuls. A cause de leur choix de se moquer des États-Unis, mais aussi des États arabes influents, les Palestiniens sont susceptibles de devenir les plus grands perdants.
Khaled Abu Toameh, journaliste primé basé à Jérusalem, est membre du Shillman Journalism Fellow du Gatestone Institute.
Jg, je suis entièrement d’accord avec vous. Le macron va se précipiter pour aider son frère Mahmoud.
L’UE en fera de même. Si ces abrutis peuvent faire ch… Israël, ils ne s’en portent que mieux.
Un jour viendra où ils s’en mordront les doigts.
ROSA
La France comblera le manque a gagner,en tant que sponsor de la cause « palestinienne « .