Nucléaire iranien : un livre dévoile le rôle des espionnes israéliennes du Mossad.

Alors que les négociations nucléaires avec Téhéran reprennent à la fin du mois, un livre dévoile le rôle qu’y ont joué des espionnes israéliennes.

L’histoire de l’assassinat de l’ingénieur nucléaire iranien Majid Shahriari, le 29 novembre 2010 à 7h45 dans la capitale iranienne, alors qu’il se rendait en voiture à son laboratoire, est connue. Un commando à moto avait ventousé une mine magnétique sur son véhicule en le dépassant et une minute plus tard l’engin explosait, tuant le scientifique et blessant sérieusement son épouse. Ce que l’on ne savait pas, c’est que le poseur de bombe tout casqué de noir était une femme, une agente du Mossad, les services secrets extérieurs de l’État hébreu.

Cette révélation, à la page 372 du livre* de Michel Bar-Zohar, n’est pas une surprise pour ce spécialiste de l’espionnage. « En 2019, 47% des recrues admises à entrer au Mossad étaient des femmes et une sur trois occupe une position de chef d’équipe », nous confie l’historien, ancien député travailliste devenu auteur prolifique sur les nombreux faits d’armes d’Israël. Si son livre brosse le portrait d’une quinzaine des plus héroïques de ces « amazones », des premières heures de l’État jusqu’à aujourd’hui, il insiste sur les raisons qui ont poussé à la féminisation accrue du Mossad.

« Au départ, elles ont servi le café dans les bureaux et sont restées cantonnées à des activités de secrétariat jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elles passaient bien mieux sous les radars que les hommes dès qu’elles étaient en mission à l’étranger, ajoute Bar-Zohar. Mais cela fait depuis des années qu’elles savent tuer comme des hommes et que leurs talents scientifiques sont essentiels au succès des missions. » Le livre s’attarde aussi sur le parcours de « Dina », l’espionne en tchador qui a photographié en janvier 2018 l’entrepôt de Shurabad, dans la banlieue sud de Téhéran, où étaient cachées, dans 32 coffres-forts, les archives des activités nucléaires militaires iraniennes.

Grâce à elle, une équipe de « techniciens » a pu percer les coffres et s’emparer des centaines de dossiers et de CD contenant des dizaines de milliers de fichiers électroniques. C’est au vu de ces documents, dont le Premier ministre de l’époque, Benyamin Netanyahou assure qu’ils prouvaient les mensonges du régime sur son prétendu respect des accords de Vienne, que Donald Trump aurait pris la décision de déchirer ce traité.

Les droits du livre rachetés par Anne Hathaway.

Assassinats ciblés, vol d’archives, attaques cyber au virus contre les laboratoires, explosions mystérieuses de sites suspects, mitraillages téléguidés de convois transportant des cadres du programme nucléaire iranien : le Mossad consacrerait aujourd’hui, selon Michel Bar-Zohar, plus de la moitié de ses effectifs, de ses finances et de ses missions à l’Iran. « C’est le job principal de ce service depuis près de vingt ans », nous dit-il, persuadé que « les Iraniens mentent et contournent toutes les règles ».

 

Et lorsqu’on lui demande, à l’approche de la reprise des négociations à Vienne le 29 novembre, si les seuls efforts du Mossad permettront d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique, il rappelle la formule utilisée par l’ancien patron de l’agence de renseignement Meir Dagan : « Nous avons réussi jusqu’à présent à retarder le programme iranien et nous continuerons de le faire jusqu’à ce que nous ayons le couteau sous la gorge. Et là, l’Occident n’aura pas d’autre choix que d’y mettre fin. »

De source diplomatique, les violations des engagements pris par l’Iran à Vienne en 2015, depuis que Donald Trump a rompu le pacte signé par son prédécesseur, l’ont rapproché du moment où elle sera « au seuil » de la puissance nucléaire militaire. De source militaire, l’armée israélienne et ses alliés ont repris des entraînements opérationnels en vue de raser les sites nucléaires iraniens au cas où les choses s’accéléreraient. Une femme sera-t‑elle alors à la tête du Mossad, comme cela a failli être le cas ces dernières années? C’est en tout cas une femme, l’actrice et productrice américaine Anne Hathaway, qui vient de racheter les droits du livre de Bar-Zohar pour l’adapter en une série sur les coulisses des missions des amazones. Et l’Iran n’y sera pas qu’une carte postale.

Les Amazones du Mossad, Michel Bar-Zohar et Nissim Mishal (Éditions Saint-Simon, à paraître début 2022).

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