« Cher Bibi ». C’est avec ces mots d’une familiarité inhabituelle pour un chef d’Etat français qu’Emmanuel Macron s’est adressé à Benyamin Netanyahou lors de son discours commémorant la Rafle du Vel d’Hiv dimanche.

Une douce musique aux oreilles du Premier ministre israélien, toujours refroidi par l’initiative française de janvier et les votes consécutifs de la France à l’UNESCO en faveur de résolutions clairement anti-israéliennes.

Ce « cher Bibi » peut être interprété comme la volonté de marquer un nouveau départ dans les relations de Paris avec Jérusalem: une nouvelle page que souhaite écrire Emmanuel Macron, tout en s’inscrivant dans la politique traditionnelle de la France en faveur de la solution à deux Etats, et contre les implantations.

La « méthode Macron » consiste avant tout à mettre en confiance son interlocuteur et éviter dans un premier temps les sujets qui fâchent afin d’aller de l’avant. Sans doute a-t-il compris que les accusations et le ton condescendant à l’égard de Jérusalem n’ont jusqu’ici jamais porté leur fruit et rien fait d’autre que braquer un Premier ministre imperméable aux critiques, déjà nombreuses dans son propre pays.

STEPHANE MAHE (POOL/AFP) Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une réunion au palais de l’Elysée à Paris le 16 juillet 2017
STEPHANE MAHE (POOL/AFP)

Aussi, le nouveau chef d’Etat français a tenté d’amadouer le dirigeant israélien, en lançant une phrase encore jamais prononcée par ses prédécesseurs, et qui signifie beaucoup pour Netanyahou: « l’antisionisme est une forme réinventée de l’antisémitisme ». Par ces mots, Emmanuel Macron a reconnu ce que jusqu’ici seul Manuel Valls avait martelé lors du quinquennat précédent, et qui est aujourd’hui le fer de lance de la campagne menée par Israël au niveau international.

Par là, le président français a implicitement admis que les campagnes de boycott de l’Etat hébreu sont une forme d’antisémitisme, un argument chaque jour décrié, pour lequel Israël se bat quotidiennement et qui constitue le leitmotiv des déplacements de Netanyahou à l’étranger, et actuellement en Europe.

En bref, Macron a dit à Netanyahou ce que ce dernier rêvait d’entendre de la part de Paris – des mots que le Premier ministre israélien a d’ailleurs répété deux jours après lors d’une conférence de presse avec son homologue hongrois – avant de lui rappeler en privé la position traditionnelle de la France sur le conflit.

Si la forme est nouvelle et s’inscrit dans une démarche plus amicale, le fond lui ne l’est pas franchement : Macron a écouté attentivement son interlocuteur et lui a demandé son avis sur la conférence de Paris mais il n’a pas hésité pour autant à confronter « Bibi » au problème des implantations et réaffirmé l’engagement de la France en faveur de deux Etats.

Il a toutefois semblé peut-être plus détaché que ses prédécesseurs sur le sujet et s’est dit ouvertement en faveur de l’initiative menée par son homologue américain: de quoi imaginer que la tenue d’une nouvelle conférence pour la paix à Paris n’aura pas lieu de si tôt, un soulagement pour l’Etat hébreu, hostile à toute ingérence extérieure en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.

Une victoire symbolique pour Netanyahou qui, après ses déplacements en Afrique et sa lune de miel avec son homologue indien, poursuit sa tournée diplomatique en Europe, en ce moment à Budapest, dans le but d’améliorer l’image d’Israël dans le monde.

Et si « Bibi » gagne des points diplomatiques à l’extérieur, la situation actuellement explosive à Jérusalem et l’appel à une nouvelle intifada, risquent de réduire ses efforts à néant.

Marion Bernard est journaliste, rédactrice en chef du site internet en français d’i24NEWS (Twitter: @marionbernard28)

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Jg

Commentaires typiques d un journaleux francouillon !
Son pays , la france , ce qu il en reste apprendra a ses depends , ce qu est une intifada !
Quand a macron , ses jongleries ,vont lui tomber sur la tete !

Soliloque

c’est cousu de fils blancs: le problème du Mont du Temple pendant la tournée de Netanyaou en Europe.
Rappeler l' »occupation » d’Israël sur la scène internationale