Les dégâts à la production de centrifugeuses de Natanz peuvent être irréparables

L’Iran est coincé dans un dilemme entre les tentatives de cacher l’ampleur réelle des dommages causés à son programme nucléaire par l’explosion et l’incendie de Natanz, et l’envie de punir le coupable. Le 10 juillet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, a averti qu’il y aurait des « conséquences » pour les éléments étrangers qui se sont avérés impliqués. Il s’est également couvert, en disant qu’il était «trop tôt» pour juger «de la cause principale et de la raison de l’explosion». Il a critiqué les reportages des médias attribuant l’explosion à Israël qui ont pour principal effet « de décrire Israël comme puissant« .

Téhéran connaît parfaitement la cause exacte et l’explication des raisons de l’explosion de Natanz le 2 juillet (qui s’est produite moins d’une semaine après une explosion dans un tunnel souterrain secret et un site de production de missiles à l’est de Téhéran.) Les Gardiens de la Révolution peuvent ne pas l’admettre, mais ils savent, selon les analystes David Albright, Sarah Burkhard et Frank Pabian de l’Institut pour la Science & la Securité Internationale, que les dommages causés au Centre d’assemblage de la centrifugeuse iranienne (ICAC) du centre d’enrichissement de Natanz, étaient «importants, graves et peut-être irréparables».

L’ICAC, inauguré en 2018, était essentiel à la production en série de centrifugeuses avancées, en particulier l’assemblage des ensembles de rotors et de son composant clé, la partie à rotation rapide. Une annexe au bâtiment était destinée à assembler les composants électriques, y compris les moteurs.

L’uranium enrichi est essentiellement utilisé, à la fois, pour la production d’énergie nucléaire civile et pour les armes nucléaires militaires. Les nouvelles centrifugeuses à uranium avancées de l’Iran à Natanz étaient destinées à accélérer sa capacité à produire suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer une bombe à court terme.

L’imagerie satellite montre en outre que les dommages semblent avoir été causés par une grande détonation en un seul point, créant peut-être un cratère centré au coin nord-ouest de l’ICAC. Cette explosion, qui a évidemment causé ou coïncidé avec un incendie, pourrait bien avoir impliqué un engin explosif.

L’étendue réelle des dégâts a été publiquement déniée par l’Iran. Ce n’est que lorsque l’imagerie satellitaire commerciale est devenue disponible que la véritable nature des dommages a pu être observée. Il ressort clairement des images d’Airbus / CNES et de Planet Labs qu’une explosion majeure a eu lieu, détruisant près des trois quarts du hall principal d’assemblage de la centrifugeuse, provoquant un incendie qui a noirci une grande partie du bâtiment, le noircissement visible là où le toit a été emporté par l’explosion. Bien que nous ayons initialement conclu, sur la base de l’imagerie au sol, que l’explosion et l’incendie s’étaient probablement produits dans le coin nord-est du bâtiment dans une zone du bâtiment qui contenait probablement des générateurs diesel auxiliaires, il est maintenant clair, à partir de l’imagerie satellite aérienne que l’explosion, était en fait centrée au coin nord-ouest.  

Contrairement à l’angle nord-est, qui a été noirci par le feu et présentait des signes de dommages structurels, l’angle nord-ouest du bâtiment ICAC, y compris une grande partie d’une annexe aux murs de briques, a été complètement pulvérisé. De plus, un champ de débris de matériaux de construction (principalement des panneaux de toiture) est également réparti selon un motif à peu près radial, s’étendant sur un rayon de plus de la moitié d’un terrain de football, à partir de ce même point. Ce que nous percevons pourrait être un cratère d’environ 10 mètres de diamètre, visible au centre de ce motif circulaire. Ce qui semble être un matériau de rebut en béton gris est également visible dans la zone où se trouvait l’angle du bâtiment. Ce point central du cratère possible est situé juste à l’extérieur du bâtiment, qui serait accessible par véhicule, 

Le bâtiment de l’ensemble de centrifugation était censé être destiné à produire en série des centrifugeuses IR-2m, IR-4 et IR-6. La production de masse se traduit par la production combinée de milliers de ces centrifugeuses par an. L’Iran a placé des centrifugeuses d’enrichissement d’uranium de nouvelle génération dans son usine d’enrichissement de Natanz dans le cadre d’un programme qu’il pourrait exploiter pour produire une arme nucléaire. Dans le cadre de son accord nucléaire de 2015 avec six puissances, l’Iran a accepté de n’installer pas plus de 5 060 de ses plus anciennes centrifugeuses à Natanz jusqu’en 2026. L’an dernier, Téhéran a commencé à revenir sur ses engagements envers l’accord, en représailles au retrait américain. Et en novembre, l’Iran avait doublé le nombre de centrifugeuses avancées fonctionnant à Natanz.

Bien que l’explosion et l’incendie du Centre d’assemblage des centrifugeuses d’Iran n’éliminent pas la capacité de l’Iran à déployer des centrifugeuses avancées, telles que les IR-2m, sa destruction doit être considérée comme un revers majeur à la capacité de l’Iran à déployer des centrifugeuses avancées à grande échelle pendant les années à venir. Certaines estimations indiquent que le programme d’armes nucléaires de la République islamique a subi un retard pouvant aller jusqu’à deux ans.

Adaptation : Marc Brzustowski

Les 3/4 du hall d’assemblage de Natanz détruits

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François

Tous les commentaires que l’on voit sur les réseaux sociaux parlent du MENSONGE, quelle erreur, la VÉRITÉ pose beaucoup plus de problèmes!
Seule parade contre la Vérité: CHUT! Et ça tient un certain temps…