Fleur Thomas élève un dromadaire retraité du cirque dans le Pays d'Auge. L'animal mesure 2,20 mètres au sommet de sa bosse.

L’élevage de chameaux se développe en France, et cela n’est pas si bizarre que ça

Et si les chameaux remplaçaient les vaches des pâturages de France métropolitaine? Ce n’est pas pour demain, mais l’élevage de camélidés se développe de plus en plus dans l’Hexagone. Reportage dans le Nord, au sein du plus gros troupeau du pays.

La bête est expressive. Par ses yeux, parfois bleus, et par sa voix. Le chameau est très bavard, on dit qu’il blatère. Très sociable, il vient caresser l’oreille du photographe qui lui tourne le dos. Facétieux, le chameau ! À Feignies près de Maubeuge (Nord), c’est la vache qui quadrille les pâtures. Julien Job, lui, gère un troupeau de 80 chameaux et dromadaires. Pas écrit d’avance pour ce passionné de bestioles, qui vendait toutes sortes d’animaux pour les zoos, jusqu’au jour où il recueillit une chamelle blessée. Ce fut l’engrenage. « Il y a eu des petits, le troupeau a grossi, les gens devenaient curieux. Alors on a fait de l’animation, des balades à dos de chameaux. Ça a plu. »

Le lait de chamelle, un marché de niche

Tout comme une vache, une chamelle produit du lait. Environ 6 litres par jour, contre 20 pour un bovin. Mais que faire de ces 20 000 litres annuels produits dans le Nord ? Du savon, des fromages et, depuis un an, Julien Job est le seul éleveur en France à pouvoir vendre le lait cru directement.

Un marché de niche qui surfe sur des thématiques en vogue. « Le lait est commercialisé autour de 15 € le litre, c’est une fortune, mais la production est encore confidentielle », note Julien. Le lait de chamelle est réputé pour ses vertus. Il est peu gras, plus riche en vitamines C que le lait de vache, et surtout convient aux intolérants au lactose. Des croyances lui prêtent des propriétés médicinales, pour l’instant non prouvées scientifiquement, seulement observées. De quoi imaginer une filière ?

« La présence du chameau n’est pas incongrue en Europe »

Bernard Faye est la référence des camélidés. Vétérinaire, chercheur au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), désormais à la retraite, il parcourt le monde en tant que consultant très demandé. « La présence du chameau n’est pas incongrue en Europe puisque l’on en trouve trace à l’époque romaine. Ici, il a un confort qu’il n’a pas dans le désert, des soins. La seule chose qu’il n’aime pas, c’est l’humidité. Contrairement à une vache, il mange de tout, y compris des épineux. »

Pour le camélologue, une filière peut émerger même si le prix du litre de lait est un frein, mais elle restera marginale et orientée sur un produit de niche. « En France, il y a une cinquantaine d’élevages, la majorité à vocation touristique. On note néanmoins l’émergence de l’élevage de chamelles laitières. À Feignies, mais aussi dans le Larzac ou en Lozère. En tout cas, au niveau mondial, il y a un réel engouement qui est peut-être lié au réchauffement. Élever des chameaux demande beaucoup moins d’eau que les vaches. »

En France, il y a une cinquantaine d’élevages, la majorité à vocation touristique. (Photo : Stéphane Dubromel)

Julien Job face à un chameau, à Feignies. (Photo : Stéphane Dubromel)

Une filière en construction ?

En attendant de trouver ce lait dans les supermarchés, Julien Job essuie les plâtres en éclaireur d’une filière en construction. L’Arabie saoudite, gros producteur de lait de chamelle avec la Somalie, a pris contact avec l’éleveur, qui s’est retrouvé sur place en tant qu’expert devant des élevages gigantesques.

Pour Bernard Faye, les Saoudiens cherchent surtout un réseau pour la vente. La demande explose au niveau mondial pour le lait en poudre, avec l’apparition de l’élevage intensif de chameaux.

Et en France ? « Je verrais plus des petites exploitations un peu partout, en complément d’un élevage d’animaux plus traditionnels, avec un volet loisirs. Faire uniquement du lait de chamelle demande de trop lourds investissements. Il faut voir l’animal au sens large », précise Julien Job. Déguster ses corn-flakes restera encore un plaisir proche du luxe.

JForum avec Stéphane DUBROMEL  www.ouest-france.fr

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Ratfucker

Le Prophète de l’Islam avait demandé une fois à certains de ses disciples malades de boire le lait et de l’urine de chamelle « jusqu’à ce que leurs organes soient en bonne santé. »
Ce hadith authentique est rapporté en plusieurs versions par Boukhari et Mouslim. Il y a donc une vaste débouché pour l’urine de dromadaire dans les pharmacies halal.

Richard Malka

C’est pour la sécheresse oui mais il va manger les épineux et il y aura moins de sapin etc…etc….