Salut nazi, Israel, Bagui Traoré : les petits arrangements avec la vérité de David Guiraud
Il faut lui reconnaître un certain goût du risque et de la provocation. Lorsqu’il s’affiche en avril 2018 sur le plateau de CNews avec un t-shirt « Justice Adama », David Guiraud est un visage encore inconnu du grand public. Il intervient alors pour défendre un énième mouvement de grève étudiante dont les images, au centre de Tolbiac notamment, inondent les chaînes d’information en continu. « Tolbiac la rouge », justement, David Guiraud y a forgé ses opinions politiques quelques années plus tôt. De ce militantisme estudiantin vont naître des affinités durables avec Antoine Léaument, responsable de la communication du parti de Jean-Luc Mélenchon, mais également avec le pas-encore-journaliste Taha Bouhafs. Comme ce dernier, qui avait colporté la rumeur d’un homme grièvement blessé par les forces de l’ordre à Tolbiac, lors de l’évacuation du site au printemps 2018, le porte-parole jeunesse de la France insoumise a une conception bien à lui de la vérité.
Il n’est que de se référer à sa récente prise de position au sujet de Bagui Traoré pour s’en aviser. Quelques minutes après l’annonce de la relaxe du frère d’Adama Traoré – accusé de tentative de meurtres sur des forces de l’ordre lors des émeutes de Beaumont-sur-Oise en juillet 2016 – David Guiraud s’est fendu de ce tweet : « C’est officiel : Bagui Traoré a passé 5 ans en détention provisoire alors qu’il était innocent. Il a été privé de sa liberté, d’une partie de sa vie, pour des “hypothèses” jamais vérifiées. Enfin il est libre, mais à quel prix ? ». Problème, ces propos partagés plus d’un millier de fois sont rigoureusement inexacts. En effet, Bagui Traoré n’a passé que quatre mois en détention provisoire pour l’affaire en question. Les quatre autres années résultent de plusieurs inculpations, allant de l’extorsion de fonds sur une personne vulnérable à de multiples faits de violences. En tout, le casier judiciaire du frère d’Adama Traoré comportait déjà 12 mentions au moment de son implication dans la manifestation de juillet 2016.
Le petit prodige de la récupération politique
Un détail subtilement omis par David Guiraud dans une démarche qui l’est beaucoup moins. À l’image de son parti, tout est fait chez lui pour maintenir l’électorat des banlieues dans le confort de l’idéologie racialiste et anti-raciste… et le pousser ainsi dans les bras la France insoumise. Deux jours avant cette sortie, le collaborateur de d’Eric Coquerel partageait une vidéo de l’interpellation d’une star de la ligue de basket nord-américaine, James Harden, aux côtés du rappeur Lil Baby. Particulièrement populaires chez les jeunes, tous deux s’étaient donné rendez-vous à Paris, à l’occasion de la « Fashion Week ». Dans une courte vidéo de huit secondes visionnées plus de 3 millions de fois sur Twitter, l’on aperçoit l’athlète, facilement reconnaissable à son épaisse barbe, se faire contrôler et palper par des policiers.
Faisant fi du contexte de l’arrestation, le prodige de la récupération politique n’a pas tardé a dégainé sur Twitter. Sur ses réseaux sociaux, David Guiraud s’insurge contre un « contrôle au faciès tellement banal en France », qu’il pousse une star internationale à se faire « fouiller comme s’il avait agressé des grand-mères ». Sauf qu’encore une fois, l’insoumis ne se soucie guère de la véracité de ce qu’il avance. Certes, James Harden et Lil Baby n’ont pas « agressé des grandes-mères ». En revanche, ils ont été contrôlés après que les policiers ont remarqué une « forte odeur de cannabis émanant du véhicule », comme relaté par des sources policières à l’AFP. Le rappeur et son garde du corps ont passé la nuit en garde à vue pour « transport de stupéfiants », avant de se voir notifier une ordonnance pénale prévoyant une amende de 500 euros chacun.
Des affabulations aux dangereuses conséquences
Placé devant son erreur, David Guiraud a adopté sa tactique préférée : le silence. Surtout, ne jamais faire amende honorable. Le porte-parole jeunesse LFI en a fait un principe. Comme lorsqu’il n’avait pas daigné revenir sur ses propos diffamatoires lors de la dernière vague de violence entre Israël et l’État palestinien au printemps dernier. Reprenant une vidéo virale qui montrait des milliers d’habitants juifs de Jérusalem en train de danser sur la place du mur des Lamentations, alors qu’un incendie faisait rage de l’autre côté de l’édifice millénaire, David Guiraud avait sauté sur l’occasion pour prendre la défense de la Palestine. « Ces images me rendent si triste, comment l’être humain peut-il être aussi brutal et méchant ? Comment peut-on danser pendant qu’un lieu saint de l’Islam prend feu ? Comment autant peuvent-ils encore se taire sur la Palestine ? », s’était-il ému sur Twitter en faisant référence à l’incendie qui ravageait au même moment la mosquée Al-Aqsa. Un départ de feu qui n’était en rien lié à la célébration incriminée par l’insoumis ! Les Hiérosolymitains présents ce soir-là dansaient en réalité pour la “yom yerushalayim”, une fête religieuse annuelle juive qui implique, notamment, de brûler un arbre situé de l’autre côté du mur des Lamentations. Qu’à cela ne tienne, David Guiraud n’a jamais supprimé son tweet. L’intéressé n’est pas non plus revenu sur ses propos mensongers après qu’il a affirmé qu’un militant du mouvement Génération identitaire avait fait un salut nazi lors d’un récent rassemblement. Quelqu’un, un jour, a dit qu’il préférait avoir eu tort avec Sartre que raison avec Aron. David Guiraud a remis le slogan au goût du jour : « Plutôt avoir tort avec LFI que raison avec le réel. »
De toute façon ils savent bien que s’ils disaient la vérité il n’y aurait plus de sympathisants à leur cause!
La « palestinite « se nourrit de mensonges et approximations avec la vérité