Le MMA instrumentalisé par les mouvements suprémacistes et identitaires

La discipline permet de recruter de nouveaux membres.

Certains suprémacistes imaginent se préparer à une guerre totale.| Rotem Kuperman via Pexels CC License by
Certains suprémacistes imaginent se préparer à une guerre totale.| Rotem Kuperman via Pexels CC License by

Charlottesville, août 2017, des hommes blancs se rassemblent et crient: «Ils ne nous remplaceront pas». Ils? Les personnes noires, arabe, juives, musulmanes, étrangères; en somme celles que les suprémacistes considèrent comme appartenant à une race inférieure. Parmi les groupes présents à Charlottesville se trouve le Rise Above Movement ou RAM, «le mouvement qui s’élève», un groupe qui se présente comme le premier club d’extrême droite qui pratique le MMA (arts martiaux mixtes).

Basé en Californie du sud, sa cinquantaine de membres se définit comme un «fight club» qui se réunit dans un lieu secret et s’entraîne aux sports de combat. Visages masqués et poings bandés au scotch, ils infiltrent les manifestations anti-racistes avec des pancartes «Rapefugees, vous n’êtes pas les bienvenus» [«Rapefugees» étant un mot valise, contraction de «rape», «viol» et «fugees», «réfugiés», ndlr] et cherchent à provoquer des bagarres. Des vidéos de propagande en sont ensuite tirées puis diffusées sur les réseaux sociaux. Sur Youtube, la plupart sont indisponibles après avoir été signalées.

Capture d’écran du site ProPublica, photo issu du compte Instagram de RAM, supprimée depuis

Le MMA devient un moyen pour les suprémacistes de se préparer au combat contre «le monde moderne» corrompu par «les influences culturelles destructrices des libéraux, juifs, musulmans et immigrés non-blancs», raconte le Guardian. RAM s’étend maintenant hors des frontières américaines. Le groupe a récemment fait un «tour d’Europe» et visitait divers pays européens pour «créer un pont entre les deux scènes nationalistes».

Tour d’Europe

L’un de arrêts du tour était le festival «Schild und Schwert» ou SS, festival où un millier de néo-nazis et suprémacistes blancs se sont retrouvés en l’honneur de l’anniversaire d’Adolf Hitler en avril dernier. Concerts de heavy metal, discours politiques et tournoi de MMA étaient au programme. Le «Kampf der Nibelungen», club de MMA allemand qui a organisé les combats, défend l’art de se battre pour survivre.

Une première apparition publique pour le club qui organise depuis 2013 des combats en secret qui drainent de plus en plus de monde –600 personnes en 2017Thorsten Heise, l’un des organisateurs du festival, avait alors expliqué à Vice News que c’était un bon moyen de recruter de nouveaux militants: «On voit beaucoup de jeunes gens en Europe qui ne sont pas intéressés par les drogues, mais ils sont intéressés par la bagarre –dans un ring, avec des règles. Particulièrement dans la scène nationaliste, c’est le style: être en forme, avoir un beau corps. On adore ça, et les combattants MMA aussi.»

Les membres de RAM sont aussi passés par Kiev, en Ukraine, où ils ont rencontré Denis Nikitin qui a fondé en 2008 l’un des premiers clubs de MMA néo-nazi, le White Rex, puis par Lyon, pour rencontrer les membres d’Agogé, une salle de boxe nationaliste fondée par Génération Identitaire. Le mouvement a également inspiré le Québec avec un groupe nommé Atlante qui a ouvert un fight club secret. Au mois de mai, ses membres avait envahi la rédaction locale de Vice et intimidé les journalistes. Le leader du groupe avait été arrêté par la police. En revanche, aucune démarche n’a été entreprise pour faire fermer le club.

Slate.fr

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Radicalisation: les arts martiaux sous haute surveillance

Les responsables des arts martiaux en France s'inquiètent de l'intérêt des apprentis djihadistes

Les responsables des arts martiaux en France s’inquiètent de l’intérêt des apprentis djihadistes

afp.com/ROSLAN RAHMAN

Paris – Comment m’entraîner pour le jihad’ En quelques clics sur internet, le programme est détaillé: « La base c’est l’entraînement physique », complété par l’adhésion « vitale » à un club d’arts martiaux, pour acquérir « autodiscipline et self contrôle ». Des conseils qui inquiètent les responsables de ces disciplines en France.

C’est terrorisme.net, un site d’information sur le terrorisme produit par un cabinet suisse d’analyse stratégique, qui reproduit in extenso ce manuel du parfait jihadiste publié initialement en anglais sur Azzam.com, un site radical musulman fermé depuis 2002 et traduit depuis sur plusieurs sites radicaux en langue française.

Boxe thaï, jiu-jitsu, kick boxing, MMA, full contact et dans une moindre mesure judo ou karaté: les sports de combat, de contact ou arts martiaux sont « tout sauf anodins« , estime le président de la Fédération française de judo Jean-Luc Rougé. « Ils peuvent attirer des aspirants au jihad qui veulent et doivent s’entraîner« , craint-il en pointant en particulier du doigt les disciplines « confidentielles, celles où les professeurs sont de simples bénévoles« .

Dans l’Essonne en région parisienne, au coeur d’une cité sensible, un club d’arts martiaux organise des stages en forêt, par petits groupes de volontaires. Dans quel but’ Quelle plus-value par rapport au travail en salle’ Les enseignants bottent en touche.

– ‘Implorer Allah chaque minute’ –

Au delà de l’intérêt opérationnel de pratiquer un art martial ou un sport de combat, ces disciplines ont des caractéristiques sociologiques qui les rendent vulnérables. Sports peu chers à pratiquer, très répandus dans les quartiers dit sensibles, populaires auprès de jeunes en échec scolaire, ils attirent un public sans doute plus perméable à la radicalisation.

« Il y a beaucoup de gens, de jeunes, fragiles dans les clubs. Ils trouvent là une famille, un repère, comblent un vide familial ou scolaire« , raconte le patron d’un club de MMA situé en toute proche banlieue parisienne, qui dit compter plus de 80% de musulmans parmi ses élèves.

« J’ai vu des gens tenter de +recruter+ ce genre de profil, j’ai protégé des jeunes de ces situations. J’en ai vu aussi s’éloigner de plus en plus, implorer Allah chaque minute et finalement refuser de combattre des musulmans« , poursuit-il.

Contraint d’établir ses propres règles, cet entraîneur a fini par prendre l’habitude de rester habillé sous la douche et il autorise les prières, dans la limite du raisonnable. « Quand un gars me demande mon bureau pour prier seul, ok. Si c’est un effet de groupe, non.« 

– ‘Gardez vos opinions pour vous’ –

Des prières de groupe improvisées dans un vestiaire, un couloir, il y en a parfois lors des soirées de grappling et pancrace, cousins du MMA. Il y a aussi pas mal de femmes voilées… sur les rings. « Il y a quelques années, lors des championnats de France, une fille m’a demandé à garder son voile pour combattre« , raconte un officiel: « Elle était très… entourée disons. Je n’ai pas osé dire non, pour ne pas provoquer d’esclandre avec ses frères« .

Bizarrement, certaines pratiques de ces disciplines ne posent aucun problème. Ainsi, par sécurité, les combattants sont méticuleusement palpés avant chaque combat. Et le réservoir arbitral ne permet pas toujours d’affecter une femme à une femme et un homme à un homme. « Ca, ça ne pose aucun problème« , s’étonne le même officiel.

Après les jeux Olympiques de Londres en 2012, où une Saoudienne avait été autorisée à monter sur le tatami la tête couverte d’un bonnet de bain, le judo français a reçu les candidatures de nombreuses femmes désirant s’entraîner voilées. Des velléités que la fédération et les clubs ont vite douchées.

« Quand vous êtes au cours« , reprend sur internet le manuel d’entraînement au jihadisme, « gardez vos opinions pour vous, ne discutez et ne débattez de vos idées avec personne. Vous y allez pour vous entraîner pour le jihad, et non pas pour appeler les gens à l’Islam.« 

Par AFP , publié le , mis à jour à 

lexpress.fr

L’Équipe Enquête : Radicalisation, le sport sous la menace

Retrouvez l’intégralité du documentaire réalisé par L’Équipe Enquête : Radicalisation, le sport sous la menace.

Comment les fédérations agissent face à la montée du radicalisme dans les clubs amateurs. Tous les sports sont potentiellement concernés. Les jeunes sont les 1er visés par les extrémistes qui « recrutent » dans les clubs sportifs.

Publié le 

lequipe.fr

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chiara ancel butti

Je pense que c’est les jeunes juifs au diaspora,pour parer à des actes promus par ceux qui leur veulent du mal (et qui le disent clairement) qui doivent s’initier à ce genre de sports qui peut servir à se défendre