Le MIT avait prédit en 1972 que les sociétés occidentales s’effondreraient au 21e siècle. Des données récentes montrent que nous suivons le calendrier pronostiqué à la lettre.

La croissance économique rapide conduira à un effondrement de la société au milieu du 21e siècle, selon une étude du MIT publiée en 1972… et confirmée par des analyses de risques effectuées en 2020.

Atlantico : Une étude du MIT réalisée en 1972 prévoyait que la croissance économique rapide conduirait à un effondrement de la société au milieu du 21e siècle. Vous avez publié une étude, parue dans le Yale Journal of Industrial Ecology et disponible sur le site de KPMG (en anglais) qui montre que cette prédiction est toujours d’actualité. Quels sont les principaux enseignements de ce travail qui porte sur la gestion des risques ? Sur quels modèles et comment ces scénarios ont-ils été construits ?

Gaya Herrington : Dans le livre de 1972 « Limits to Growth » (LtG), les auteurs (Meadows, Meadows, Randers & Behrens) ont conclu que si l’humanité poursuivait sa croissance économique sans tenir compte des coûts environnementaux, la société mondiale connaîtrait une forte baisse de la nourriture disponible, du niveau de vie et, finalement, de la population humaine, au cours du 21e siècle.

Les auteurs du LtG ont utilisé un modèle de systèmes dynamiques, World3, pour étudier les principales interactions entre les variables mondiales de la population, de la fécondité, de la mortalité, de la production industrielle par habitant (p.c.), de la nourriture par habitant, des services par habitant, des ressources non renouvelables et de la pollution. World3 est basé sur les travaux de Forrester (par exemple, ceux de 1971 et 1975), à l’époque professeur au MIT et fondateur de la dynamique des systèmes : une approche de modélisation des interactions entre les parties d’un système, qui produit souvent un comportement non linéaire comme des retards, des boucles de rétroaction, et une croissance ou un déclin exponentiel.

L’équipe du LtG a généré différents scénarios de développement mondial avec World3 en faisant varier les hypothèses sur l’innovation et l’adoption technologiques, les quantités de ressources non renouvelables et les priorités sociétales. Certains scénarios se terminent par un déclin brutal, c’est-à-dire par un effondrement. Dans ce contexte, l’effondrement ne signifie pas que l’humanité cesserait complètement d’exister, mais simplement que les générations suivantes seraient nettement moins bien loties que les précédentes. Tous les scénarios ne présentaient pas des déclins abrupts ; l’équipe du LtG a identifié un ensemble d’hypothèses qui produisaient un scénario de « monde stabilisé » (SW) dans lequel l’effondrement était évité et le bien-être demeurait élevé.

Cependant, des comparaisons de données indépendantes effectuées depuis lors ont indiqué que le monde suivait toujours le scénario « business as usual » (BAU). Ce scénario BAU montre un arrêt de l’augmentation continue des niveaux de bien-être mondial autour de l’année 2020, et un effondrement vers 2030-2040. J’ai effectué une comparaison de données empiriques l’année dernière, et j’ai constaté que nous suivons toujours de très près deux scénarios, dont l’un est le scénario « business as usual ».

Ce que nous pouvons en retenir, c’est que pour gérer le risque dans des systèmes complexes, tels que notre monde ou une entreprise, les modèles traditionnels d’évaluation du risque ne suffisent pas. Ils reposent sur des hypothèses implicites de constance qui ne sont souvent pas valables. L’étude de la dynamique des systèmes, qui comprend également l’analyse de scénarios, présente un réel intérêt pour l’avenir de la gestion des risques.

Alors que les économies du monde entier tentent de se remettre de l’impact économique de la pandémie de Covid-19, comment éviter d’accélérer ce mécanisme anticipé en 1972 par les chercheurs du MIT ? Selon ces études, la croissance économique et industrielle va s’arrêter puis décliner, affectant la production alimentaire et le niveau de vie. Alors que les gouvernements multiplient les plans de relance, comment restaurer une croissance réelle et durable ?

L’étude des scénarios indique que nous devrions concentrer notre capacité humaine unique d’innovation sur l’efficacité des ressources et la réduction de la pollution, y compris la pollution par le carbone (qui provoque le changement climatique). Cela ne signifie pas une capitulation devant nos besoins les plus immédiats. En fait, il existe un énorme potentiel à cet égard, y compris un potentiel économique. L’analyse du scénario montre également que pour conserver les niveaux de bien-être les plus élevés, nous devrions détourner les ressources de la production industrielle vers l’éducation et les services de santé, ces derniers incluant une parfaite disponibilité du contrôle des naissances.

Comment pensez-vous qu’il est possible d’influencer les 10 variables clés, à savoir la population, les taux de fécondité, les taux de mortalité, la production industrielle, la production alimentaire, les services, les ressources non renouvelables, la pollution persistante, le bien-être humain et l’empreinte écologique ? Est-il encore temps d’éviter ce scénario ? Quels sont les leviers dont disposent les sociétés occidentales ou les institutions telles que les Banques centrales pour tenter d’échapper à ce fléau ? Les progrès technologiques et l’augmentation des investissements dans les services publics sont-ils la clé ? 

Comme je viens de le dire, il est encore possible d’éviter le scénario de l’effondrement. Il n’est donc pas encore trop tard pour que l’humanité change de cap et modifie délibérément la trajectoire des futurs points de données. Cependant, cette fenêtre d’opportunité se referme rapidement. C’est maintenant qu’il faut agir.

Ces prédictions concernent-elles uniquement l’Occident ? Qu’en est-il des perspectives pour le reste du monde ou l’Asie en particulier ?  

L’étude étant réalisée à l’échelle mondiale, elle nous renseigne peu sur les différences géographiques. Les auteurs de Limits to Growth ont déclaré que les pays riches avaient les plus grandes responsabilités, en raison de leur empreinte relativement importante en termes de pollution et de consommation, ainsi que de leur capacité à stimuler l’innovation technologique nécessaire.

Le développement et le déploiement rapides de vaccins à un rythme sans précédent en réponse à la pandémie de COVID-19 ont démontré que nous sommes capables de répondre rapidement et de manière constructive aux défis mondiaux si nous choisissons d’agir. La volonté politique ou les modèles sociétaux et économiques peuvent-ils être repensés ? Comment améliorer la gestion des risques pour une plus grande efficacité ? 

Oui, absolument, la pandémie de COVID a montré que nous sommes capables d’opérer les changements majeurs qui s’imposent. L’histoire nous apprend bien sûr que les modèles sociétaux et économiques peuvent être repensés, et cette étude ainsi que de nombreux autres travaux universitaires montrent que c’est effectivement nécessaire.

ATLANTICO

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

7 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
victor nizard

L’effondrement de l’occident aura probablement lieu, mais certainement pas à cause des arguments progressistes exprimés ici. La lâcheté face aux barbares en sera la cause majeure

Elie de Paris

Aucune corrélation, bien entendu, avec le debridage total des mœurs, de la « moralité » , du profit titanesque à tout prix, de la fin de la « famille », de la libération progressive des drogues, promotions sur les alcools, les mensonges des industriels sur Tous les produits et leur soit disant non-toxicité, les mariages homosteriles, et probablement le dégoût que le Seigneur des Esprits doit ressentir pour Sa création, Son joyau,…l’Homme.
Se pourrait-il qu’Il Se lasse, et nous laisse nous détruire mutuellement, par nos poisons, nos guerres en préparations certaines, et nos dégénérescences ?
Il a promis, certes, de ne plus détruire Son humanité.
Mais je cherche, en vain, où Il a promis de S’y opposer.
Est-ce écrit quelque part ?

Schlemihl

Les ressources de la planète sont limitées, mais ces limites ne sont pas connues et il est certain qu’elles ont été sous estimées . Nous avons survécu à k’épuisement des réserves de pétrole estimées à trente ans en 1930 et plus tard, à l’ épuisement des réserves en charbon métaux bois, à la famine planétaire prévue en 2000 avec carence en eau potable, sans compter la pollution dénoncée …. toujours en 1930, nous n’avons pas été détruits par l’ hérédo alcoolisme ni par l’ hérédo syphilis qui menace l’existence même de la race, nous avons réchappés à la dégénérescence et la glaciation imminente qui devait rendre le nord de l’ Europe inhabitable qu’on prévoyait en 1977 est assez bien supportée . Sans compter les Chinois qui devaient envahir Paris . Malthus Huxley le Dr Carton Maxence Vann der Meersch René Dumont et Mlle Thunberg auront peut être raison un jour . On le verra bien .

Ce que je crains d’avantage, c’ est la bombe atomique soit lors d’ une guerre soit dans un terrorisme de type nouveau . Il n’est pas possible que les hommes ne l’utilisent pas un jour . C’est aussi une perte des réflexes de simple survie observables en Occident . La sidération devant l’ islamisme et l’absence de réaction sont remarquables, de même que l’immigration incontrôlée dont on se demande si elle est suicidaire ou criminelle . Enfin c’est la montée de l’ obscurantisme et de l’ irrationalisme parfaitement observables sur les croyances délirantes sur les vaccins, de même que l’effondrement de l’école qui nous prépare un mauvais avenir .

Schlemihl

Autre signe d’ obscurantisme, outre le succès persistant des pseudo sciences à commencer par la nouvelle religion faussement appelée écologie les innombrables théories du complot : la montée de la très vieille haine anti juive qui n’est pas un bon signe et cela dans le monde entier . Ce n’est plus de l’antisémitisme, le mot étant devenu un peu gênant depuis 1945 . L’ antisionisme reprend exactement le discours antisémite . Les Palestiniens ont remplacé les prolétaires et les victimes des bolcheviks . Le reste est identique . Vu dans une manifestation anti vaccin un panneau  » Rothschild ton maître est le diable  » . On se croirait avant 1914 .

Ca et aussi la théorie de la décroissance me font plus peur que les prévisions du MIT .

Jankel

Oublié:
l’évidence infectieuse et comportementale connue depuis plus d’un siècle:
Plus de monde= moins gérables et plus de pollution et de pandémies….associées à une agressivité exponentielle des animaux concentrés = Sans Dictature, pas d’autre issue que la guerre civile,

Stéphan Cobut

L ‘Europe nous a vendu dans les années 1970 pour le pétrole et a pris une position antisémite complète envers Israël ; maintenant l’on continue l’invasion qu’ils appellent immigrations ; ces immigrés ont plus de droits que nos enfants ; actuellement l’ islam et la Chine s’ implante partout ; nos pays n’ont plus d’ emplois et financent le terrorisme et l’immigration ; et nos politiques nationaux et européens se remplissent les poches ; et tout les partis qui veulent défendre le peuple sont détruit ; l’avenir n’est vraiment pas réalistes ni prometteur pour nos enfants et petits enfants .

Joren

La question déterminante et celle de la cuture de l’effort inversement proportionnelle à ce que, de nos jours, l’ego prime sur le bien public, contrairement à la vox populi de 1972.
Comment retourner cette tendance, quand certains focalisent leur effort via les manifestations, on a encore besoin de chefs dans ce colin-maillard