Après avoir asservi le Liban aux mollahs iraniens, avoir été à l’origine de la ruine économique du Liban par sa corruption, avoir été à l’origine de l’énorme déflagration du port de Beyrouth, et de la guerre avec Israël sans raison sérieuse, puisqu’il déconnecte tardivement le conflit libanais de ce celui de Gaza, le Hezbollah risque d’engendrer une guerre civile où il aura tout à perdre.
La défaite du Hezbollah face à Israël, et son affaiblissement aiguise les appétits de vengeance à son encontre, après des années de vexations et de frustration infligées à ses ennemis internes. Il appartient aux Libanais de croire encore ou pas aux illusoires promesses de vaincre Israël, comme si c’était là leur priorité absolue, justifiant le suicide auquel ils se livrent actuellement, par lâcheté ou par complicité. Les Libanais peuvent haïr Israël, mais avant cela ils doivent se regarder eux-mêmes et voir pourquoi et en quoi le Hezbollah leur a été utile, sauf pour lancer 20.000 roquettes et missiles sur Israël, et s’étonner par la suite que ce pays réagisse. Les Libanais sont avant tout, victimes de leurs dirigeants corrompus, de leur haine des juifs, et d’avoir entretenu un état de guerre avec Israël sans raison contrairement à la Jordanie et à l’Égypte. Ils ont applaudi à leur vassalisation à l’Iran par lâcheté ou complicité et dans les deux cas ils doivent assumer leurs responsabilités.
L’opposition fulmine : Berry, c’est le Hezbollah, pas le Liban officiel
Les protagonistes hostiles au parti de Dieu pressent pour que la Chambre soit impliquée dans les tractations en vue d’un cessez-le-feu, pendant qu’Amos Hochstein rencontre Samir Geagea et Walid Joumblatt.
Les protagonistes de l’opposition ne cachent pas leur indignation de voir le président de la Chambre, Nabih Berry, négocier presque seul au nom du Liban officiel (en réalité du Hezbollah) un cessez-le-feu entre le parti de Dieu et Israël, sans y impliquer ni le Parlement ni le Conseil des ministres, qui exerce les prérogatives du président de la République en cas de vide à la tête de l’État. Et si Nabih Berry fait la sourde oreille aux appels de l’opposition à rectifier le tir, ses détracteurs ne se contentent plus de paroles. Ils sont déjà passés à l’acte en s’entretenant avec l’émissaire américain Amos Hochstein, et en tentant de fédérer les efforts en vue d’augmenter la pression sur le tandem chiite, ne serait-ce que sur ce plan.
L’article 52 de la Constitution accorde au président de la République la compétence de « négocier les traités internationaux en concertation avec le Premier ministre », précisant que ces accords « n’entrent en vigueur qu’après approbation du Conseil des ministres ». Mais en l’absence du chef de l’État, c’est le Conseil des ministres qui exerce ses prérogatives. Cela fait dire à plusieurs experts que c’est le chef du gouvernement sortant qui devrait mener les négociations. Mais Aïn el-Tiné ne l’entend pas de cette oreille. Cela ne fait plus de doute : le président de la Chambre profite à fond de son positionnement singulier sur la scène politique. Il est le négociateur en chef avec la communauté internationale dans un Liban sans président. En même temps, il est le « grand frère » à qui le Hezbollah a confié l’épineuse tâche de négocier la fin des hostilités.
Le seul négociateur
Cela pousse les composantes de l’opposition à accuser ouvertement M. Berry de bloquer délibérément, en concertation avec le Hezbollah, l’élection d’un président de la République, censé, lui, mener les négociations internationales. « C’est dans le contexte actuel de la guerre que nous comprenons plus que jamais les véritables raisons derrière la paralysie totale de l’élection présidentielle », déclare à L’Orient-Le Jour Élias Hankache, député Kataëb. « Le président de la Chambre, et derrière lui le Hezbollah, veut continuer à exercer son hégémonie sur le pays et en monopoliser les décisions stratégiques, tout en marginalisant les institutions et le président qui devrait négocier au nom de tous les Libanais », martèle le parlementaire du Metn. De quoi rappeler que, quelques jours après le début des affrontements entre Israël et le Hezbollah au Liban-Sud, le 8 octobre 2023, le maître du perchoir avait tué dans l’œuf une initiative de l’opposition d’émettre une recommandation parlementaire résumant la position officielle libanaise à l’égard du conflit. « Il faut que ces grands dossiers soient discutés au sein des institutions. Et Nabih Berry est loin de pouvoir résumer celles-ci en sa personne », lance Mark Daou, député de la contestation. Il rejoint par cette prise de position les Kataëb. Dans un communiqué publié mardi à l’issue de sa réunion hebdomadaire, le bureau politique du parti a dénoncé le fait que « le Hezbollah soit le seul négociateur (avec la communauté internationale), indépendamment de l’identité du médiateur ». Une pique évidente à Nabih Berry. « Quelle est la source du pouvoir des négociateurs leur permettant d’accepter ou de rejeter des décisions qui engageraient le pays pour des années à venir ? » se sont interrogés les Kataëb, rappelant que les tractations devraient être conformes aux dispositions de la Constitution, notamment en période de vide présidentiel. Et le parti d’insister sur la nécessité de tenir l’opinion publique au courant des pourparlers en cours.
Quelques heures auparavant, les Forces libanaises étaient allées dans le même sens, taclant une fois de plus le Hezbollah et le président de la Chambre. « Les négociations en cours se déroulent entre le Hezbollah et Israël, et non pas entre ce dernier et l’État libanais », peut-on lire dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion du bloc parlementaire du parti. Ces négociations « ne reflètent pas la volonté des Libanais ni leurs aspirations à la souveraineté », ont encore dit les députés FL, rappelant que c’est l’État qui devrait être le seul à pouvoir mener des négociations au niveau international.
Même Jamil Sayed
Mais dans ce qui a semblé être un geste visant à inclure tous les protagonistes (ou presque) dans le processus, l’émissaire américain, reçu mercredi à Clemenceau par le leader druze Walid Joumblatt, s’était entretenu mardi soir à Meerab avec le chef des FL, Samir Geagea. « Nous avons insisté sur le fait que seule une solution à même de garantir le monopole du port des armes et l’application des résolutions internationales, dont la 1559 (2004, appelant notamment au « désarmement des milices »), la 1680 (2006, portant sur le tracé de la frontière avec la Syrie) et la 1701 (2006) sera acceptée », déclare Richard Kouyoumjian, responsable des relations extérieures au sein de la formation, qui était présent lors de l’entretien, à L’Orient-Le Jour.
M. Kouyoumjian souligne que son parti est en coordination avec le reste de l’opposition au sujet de la guerre en cours. C’est dans ce cadre que s’inscrit la réunion, mercredi, entre M. Geagea et les députés de l’Alliance du changement (Mark Daou, Michel Doueihy et Waddah Sadek). « Nous avons discuté du bilan de la rencontre avec M. Hochstein et surtout affirmé l’importance de redynamiser les institutions et les impliquer dans le processus de négociations comme cela se doit », dit Mark Daou. « Ce qui nous importe le plus, c’est de faire comprendre à Nabih Berry et son camp qu’ils ne sont pas seuls dans le pays », ajoute-t-il.
Fait notable : ce n’est pas uniquement l’opposition qui a Nabih Berry dans le collimateur. Jamil Sayed, député indépendant réputé proche du Hezbollah (mais hostile à M. Berry), a plaidé sur son compte X pour « des négociations officielles tenues en présence du ministre des Affaires étrangères, et dont la version finale serait communiquée au Parlement ».
JForum.fr et LOLJ