Le Liban est-il la nouvelle proie de Daesh. Certainement puisque les combats font à présent rage dans la vallée de la Békaa. Le Hezbollah qui a connu beaucoup de revers en Syrie, et, perdu beaucoup d’hommes doit affronter maintenant Daesh sur le front libanais. Daesh qui avait été présenté comme une milice de 20 à 30.000 hommes semble être une armée plus conséquente puisque l’on évoque maintenant le chiffre de 150 à 200.000 hommes armés et aguerris.

Un autre grand danger se profile à présent dans cette région, qui tient à ce qu’il y a de plus stratégique que le pétrole à savoir l’EAU. Daesh est à présent capable d’assoiffer une grande partie des populations de la région en Irak particulièrement, comme le montre la carte ci-dessous.

Après les décapitations et les destructions d’œuvres d’art, Daech recourt à un nouvel instrument de terreur: l’eau. Deux semaines après avoir conquis la ville stratégique de Ramadi, dans l’ouest de l’Irak, les djihadistes de l’État islamique (EI) ont lancé la bataille de l’eau, en fermant les vannes de deux barrages sur l’Euphrate, le premier à Ramadi même, «capitale» de la province d’al-Anbar frontalière, de la Syrie et de l’Arabie saoudite, le second un peu plus au sud près de Faloudja, la première ville passée entre leurs mains en janvier 2014.

 Le barrage de Mossoul, pris par les djihadistes le 7 août 2014, repris par les Kurdes dix jours plus tard.

Tout cela milite maintenant pour une intervention terrestre. Les Etats-Unis sont acculés à envoyer plus d’hommes sur le terrain. Le Liban n’est pas la Syrie d’Assad. La France devra faire autre chose que de simples gesticulations dans la région, quant aux États-Unis qui ont perdu presque toute leur crédibilité devront agir. faute de quoi même l’alliance israélo-américaine pourrait être remise en cause, si le Liban était abandonné à lui-même face à Daesh. 

Békaa: offensive de Daech repoussée par le Hezbollah

La branche militaire du mouvement chiite Hezbollah aurait repoussé ce mardi 9 juin, une offensive de combattants de l’Etat Islamique et du Levant, communément appelé Daech, dans la région libanaise de la Békaa et plus précisément des localités de Qaa et de Ras Baalbeck dont les habitants sont principalement chrétiens, situées à proximité immédiate de la frontière syrienne.

Selon les médias affiliés au mouvement chiite, Daech aurait tenté de prendre plusieurs postes du Hezbollah, notamment celui de la colline dite de Al Mazhaba. Plusieurs véhicules des assaillants auraient été détruits.

Cette information intervient alors que le Hezbollah, en coordination avec l’Armée Syrienne, tente actuellement de prendre plusieurs collines du Qalamoun en Syrie, zone à proximité de la localité libanaise d’Arsal ou sont réfugiés une centaine de milliers de syriens. Des combattants de l’organisation Al Nosra proche d’Al Qaida, se seraient également réfugiés parmi les exilés syriens après avoir essuyé de nombreuses pertes.

Cependant l’information selon laquelle un des dirigeants du mouvement Al Nosra aurait trouvé refuge à Arsal aurait été démentie par le Cheikh Mustafa al Hujeira, dans une interview diffusée par la Chaine LBCI, indiquant que ce dernier aurait également participé à la rencontre du militaire kidnappé George Khoury avec sa famille. Le dignitaire religieux a également noté que le responsable d’Al Nosra ne permettra pas une expansion des combats vers la localité d’Arsal.

Libnanews.com

L’armée libanaise fragile face à Daech

Avec une trentaine de soldats retenus en otages et des attaques régulières contre ses troupes, Beyrouth peine à combattre les terroristes de l’État islamique. Le ministre français de la Défense se rendra en Arabie Saoudite le 4 janvier pour la signature finale d’un contrat de 3 milliards de dollars afin de moderniser les forces de sécurité du pays.

Le regard de Wahda Hassan est aussi sombre que l’intérieur de la tente où elle campe. Depuis deux mois, cette jeune femme originaire de Fnaideq, dans le nord du Liban, a élu domicile sous les fenêtres du Parlement libanais à Beyrouth. « Les députés ne doivent pas oublier nos soldats », lâche-t-elle avant de plonger dans un mutisme lourd de désarroi. Son mari, Khaled ­Hassan, fait partie des 34 militaires et gendarmes libanais pris en otages l’été dernier par l’État islamique et le Front Al-Nosra.

Le 2 août, ces groupes djihadistes combattant en Syrie ont attaqué cinq postes de l’armée et de la gendarmerie à Ersal, dans le nord-est du pays. Base arrière des rebelles depuis le début du conflit syrien en 2011, cette ville frontalière sunnite subit l’influence grandissante des groupes armés extrémistes opposés à Bachar ­El-Assad. Soutenus par une partie des habitants libanais de la ville, les islamistes radicaux prennent régulièrement l’armée pour cible : ils voient d’un très mauvais œil la lutte qu’elle mène contre eux, aussi bien à Ersal que dans le reste du Liban.

Ingérences politiques

L’espoir d’une possible libération des soldats s’éteint peu à peu. Le 5 décembre, Jabhat Al-Nosra a annoncé avoir tué Ali Bazzal, l’un des kidnappés. Un châtiment infligé à l’armée pour ne pas avoir freiné sa chasse aux djihadistes : quelques jours plus tôt, les autorités avaient annoncé l’arrestation de la belle-sœur de l’un des chefs du groupe, Abou Ali Al-Chichani. Le meurtre d’Ali Bazzal n’était pas une première : trois autres des soldats enlevés avaient déjà été exécutés. Les négociations pour la libération des otages sont aujourd’hui au point mort. 

Le Qatar, grâce à qui cinq militaires sunnites ont été relâchés, a annoncé le 7 décembre se retirer des pourparlers. Contre la libération de ceux qui sont encore en vie, les djihadistes exigent celle de 400 terroristes emprisonnés au Liban. Ils veulent aussi que le Hezbollah chiite se retire de Syrie, où il aide Bachar El-Assad à combattre les rebelles. Des conditions sur lesquelles le gouvernement libanais, très divisé sur le conflit syrien, ne s’est jamais entendu.

Les familles se sentent donc délaissées. « On n’a aucun interlocuteur au gouvernement et celui-ci ne fait rien », blâme Montaha Geagea, dont le frère est l’un des kidnappés. « On a laissé agir trop d’acteurs dans les négociations, confie au JDD un officier général de l’armée libanaise. La sûreté générale est intervenue, le ministre de la Santé s’en est aussi mêlé car il est druze et que des soldats de cette confession ont été kidnappés, le Comité des oulémas musulmans a favorisé la libération de cinq soldats sunnites… » L’officier général pointe du doigt l’ingérence des partis politiques dans les affaires de l’armée : « Lorsque le régiment aéroporté a été déployé à Ersal pour aider la brigade qui venait d’être attaquée, il a repris les positions aux djihadistes ; à partir de là, il aurait pu lancer une attaque pour libérer les soldats, détaille-t-il. Mais à la place, le Comité des oulémas a eu l’autorisation de négocier l’évacuation des djihadistes dans la montagne! » Cette inertie est aussi dénoncée au JDD par un soldat basé à Ersal : « Avant l’attaque, on savait que les djihadistes allaient tôt ou tard finir par nous attaquer, mais l’ordre de passer à l’offensive n’a jamais été donné. »

Liens ambigus avec le Hezbollah

La position antagoniste des blocs politiques libanais sur le conflit syrien aura au final contribué à rendre la situation incontrôlable à Ersal. Avant même le kidnapping de l’été dernier, plusieurs soldats y avaient déjà été tués sans qu’aucune décision politique n’ait suivi. Difficile en effet pour le Bloc du 14 mars, mené par le Courant du futur pro-saoudien (incarné par le fils du Premier ministre assassiné Rafic Hariri), de lâcher l’opposition syrienne à Ersal, quel que soit son degré de radicalisme : côté syrien, les montagnes où se trouvent les djihadistes donnent sur la région de Qalamoun, proche de Damas. Éradiquer cette poche de combattants reviendrait à aider l’armée syrienne.

Depuis 2011, le Courant du futur et les Saoudiens ont aussi ralenti la prise de contrôle d’Ersal par l’armée au motif que plus au nord, en zone chiite, les militaires n’empêchent pas les combattants du Hezbollah de traverser la frontière pour prêter main forte aux forces de Bachar El-Assad. Il est clair que la passivité de l’armée face au Hezbollah ternit aussi son image. En réaction, la popularité des djihadistes augmente au sein de la communauté sunnite, dont une partie accuse l’armée d’être la subalterne du Hezbollah. Daech a menacé samedi dans une vidéo obtenue par l’AFP d’exécuter les otages. Un homme parlant français s’en prend aux leaders du Bloc du 14 mars, qu’il accuse d’avoir transformé l’armée libanaise en une marionnette aux mains du Hezbollah chiite. Début octobre, l’attaque par le front Al-Nosra d’une position de la milice chiite près de Brital, au nord d’Ersal, a en effet prouvé que l’armée partage le contrôle de la frontière avec le parti chiite. « C’est une réalité, mais comment peut-on faire autrement? L’armée manque cruellement d’hommes et de matériel pour faire face aux djihadistes », admet l’officier général.

La France et l’Arabie saoudite en première ligne

Les récentes aides internationales accordées à l’armée libanaise la renforceront-elle? « Les États-Unis vont lui permettre de disposer de certains systèmes terrestres et aériens sophistiqués, dont l’acquisition aurait été impensable antérieurement dans un Proche-Orient sans Daech », précise au JDD Aram Nerguizian, spécialiste de l’armée libanaise au Center for Strategic and International Studies, un think tank américain. Les Britanniques ont aussi financé des tours de contrôle à la frontière syrienne. Le 15 décembre, la France et le Liban ont finalisé la liste de configuration des matériels qui seront livrés par Paris à l’armée libanaise, financés par 3 milliards de dollars de dons de l’Arabie saoudite (voir l’interview ci-contre du Premier ministre libanais). 

Le ministre français Jean-Yves Le Drian doit se rendre à Riyad le 4 janvier pour recueillir la signature finale des Saoudiens. Selon nos sources, ces armes, exclusivement commandées en France, sont de tout calibre, de l’artillerie au missile HOT embarqué à bord d’hélicoptères Cougar. Ces équipements seront utiles à une armée vétuste, régulièrement attaquée à Tripoli, dans la Bekaa et à la frontière. La guerre en Syrie, la complicité du Hezbollah avec le régime de Bachar, les menées de Daech au Liban, « tous ces événements sont de nature à diviser les Libanais, explique une source diplomatique française. Il est donc important de renforcer les capacités de l’armée, car elle joue un grand rôle dans la cohésion du pays. » Bien qu’inespérés pour une armée dont le renforcement a toujours été freiné par Israël par peur d’y voir une menace potentielle, ces 3 milliards sont jugés insuffisants. Pour Aram Nerguizian, « ce deal aidera l’armée libanaise à n’atteindre qu’une partie de ses besoins militaires ». 

Marie Kostrz, correspondante à Beyrouth (Liban) – Le Journal du Dimanche

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires