L’attaque du Hezbollah sur un convoi de soldats hier matin est sans aucun doute l’incident le plus grave au nord d’Israël depuis la seconde guerre du Liban en 2006. Cet événement n’a surpris personne, même si on peut s’interroger sur les mesures de protection de transport des unités de soldats à cet endroit sensible. L’enquête en cours fournira les réponses à ces questions.

Il serait faux de croire que cette agression est uniquement la réplique à la disparition du chef terroriste Djihad Mournie et du général iranien Allahdadi. Depuis  quelques mois, l’Iran et le Hezbollah, avec l’accord tacite du régime de Bachar el Assad, s’emploient à constituer une organisation terroriste sur le Golan syrien, pour l’ouverture d’un nouveau front contre Israël dans un proche avenir. Israël est intervenu à plusieurs reprises pour empêcher le développement d’un tel danger. Le Hezbollah possède un arsenal phénoménal, mais, affaibli par sa participation au conflit en Syrie, il n’est pas en mesure d’entreprendre une guerre contre Israël à partir du Liban, où il doit déjà affronter Al Qaïda et les forces sunnites.  C’est la raison pour laquelle il entend déplacer le conflit vers le territoire syrien, sur lequel le contrôle du pouvoir en place est de plus en plus ténu, car Assad est engagé dans une lutte sans merci contre les mouvements djihadistes dans d’autres zones de combat.

On le sait, dans cette région, un embrasement est toujours à craindre, même si les partis en présence n’y ont pas vraiment intérêt.

Israël est en pleine période électorale et nul ne peut vraiment savoir à qui profiterait politiquement l’extension du conflit. Ni Netanyahou, ni Herzog n’ont intérêt à parier sur une escalade, dont le prix peut être lourd.

Le Hezbollah est, depuis 2006, passé entièrement sous la coupe de l’Iran qui, aujourd’hui ne souhaite pas voir son image se dégrader et s’exposer ainsi à nouveau à des sanctions, alors qu’il négocie avec les pays occidentaux un accord sur son programme nucléaire. L’armée et le gouvernement libanais ont déjà fait connaître au Hezbollah leur désapprobation de l’attaque menée hier, craignant qu’une riposte israélienne ne mette en danger le frêle équilibre qui règne actuellement dans ce pays, menacé par les effets collatéraux de la guerre en Irak et en Syrie, et les avancées de l’Etat islamique.

Tout porte à croire que l’incident est clos, malgré le bilan très douloureux, dont la perte de deux soldats. Le Hezbollah peut se targuer d’avoir, par cette attaque, vengé la mort de Mournié.

Le gouvernement israélien et les services de sécurité estiment que l’on peut se contenter d’une réplique modérée à cette agression, car il n’y a pas eu de victimes civiles, ni d’enlèvement, ni de missiles longue portée tirés sur le territoire israélien. Evidemment, tout cela c’est la logique, et nous ne sommes pas sans savoir que la raison n’est pas toujours la faculté la mieux partagée au Proche-Orient où les détenteurs d’allumettes sont souvent de dangereux pyromanes.

Michaël Bar-Zvi 

Chronique du 29 janvier 2015

Tet Be Chevat 5775

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