Le Congrès totalement serein, face aux allégations d’espionnage israélien de l’équipe de négociations américaine avec l’Iran. 

 

Le Mossad aurait, dit-on, écouté aux portes, au cours des discussions nucléaires et utilisé ces renseignements pour faire du lobbying sur la Colline du Capitole. Les Démocrates et les Républicains ont accueilli ces « nouvelles » par un énorme haussement d’épaules. Israël espionnerait les négociations américano-iraniennes? Pas de problème, déclarent les principaux représentants démocrates et républicains au Congrès. Cela fait juste partie du jeu. 

« Je ne regarde pas Israël ou toute nation directement affectée par le programme iranien et qui veut savoir comment se passent les négociations – je ne conçois pas cela comme de l’espionnage », dit le Sénateur Tim Kaine, Démocrate de Virginie.

« Leurs intérêts existentiels sont profondément remis en cause dans un tel accord, qu’ils puissent essayer de comprendre tout ce qui est à leur portée, de façon à pouvoir se faire leur opinion là-dessus… je ne vois pas bien ce qu’il y aurait de controversé ou réprimandable là-dedans ». 

Le Wall Street Journal a rapporté, tard dans la soirée de lundi qu’Israël aurait espionné les négociations diplomatiques américaines visant à réduire le programme nucléaire de l’Iran. Et qu’ensuite les Israéliens auraient partagé ces informations internes avec les représentants américains dans le but de saper le soutien éventuel à un accord. 

Evidemment, la Maison Blanche n’a pu s’apercevoir de cela que parce qu’elle-même espionnait Israël. 

Mais si jamais les députés étaient bouleversés par la tournure des évènements, ils ne l’ont guère montré mardi. Le Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, pour sa part, a plaisanté en disant qu’il était bien plus préoccupé par le fait que les renseignements israéliens n’avaient même pas daigné partager avec lui ce qu’ils avaient appris. 

« Ma première réaction a été de me demander pourquoi ils ne sont pas venus me voir ici pour partager ces informations avec moi? Je veux dire, Israël. Je n’ai vu aucun d’entre eux venir ici et parler avec moi pour me dire où en était l’accord, aussi j’ai été un peu étonné et me suis demandé qui était donc celui avec lequel ils ont pu prendre rendez-vous. Je me sens un peu laissé pour compte, si vous comprenez ce que je veux dire », remarque Corker en souriant. 

Si quelque chose les dérange, les représentants affirment que c’est plutôt que les Israéliens soient accusés d’espionner – et pas tellement de savoir si oui ou non, ils ont bien mené une véritable surveillance. Prendre connaissance du contenu des pourparlers nucléaires, argumentent les députés, ressemble moins à de « l’espionnage » et c’est, tout au plus du recueil d’information. 

« Il n’y a pas de façon d’utiliser le terme « espionner » sans connotation péjorative. C’est une accusation forcément péjorative. Ce n’est pas le genre de phrase que j’aurais employée pour décrire ce que j’ai  lu à ce sujet… Ils sont profondément préoccupés par le sens de ces négociations et pour autant qu’ils le soient, ils obtiennent de l’information à ce sujet et ils ont une opinion bien tranchée à ce propos », explique Kaine. 

Plusieurs députés interviewés par le Daily Beast attestent que le gouvernement israélien ne leur a rien dit dont ils n’étaient pas déjà au courant dans les grandes lignes. Corker dit qu’il parle régulièrement avec des ministres étrangers et des responsables des gouvernements étrangers, qui, de temps en temps, transmettent des informations pertinentes concernant les discussions sur cet accord nucléaire en préparation. 

« Personne, venant d’Israël, ne m’a rien dit que je ne sache déjà. », précise, pour sa part, le Sénateur républicain Lindsey Graham. Et il a ajouté : « J’espère bien, par contre, que nous espionnons les Iraniens » [et pas seulement les Israéliens]

La colère des membres du Congrès au sujet des discussions nucléaires en cours avec l’Iran reflète la profonde inquiétude, exprimée par de nombreux représentants, qu’ils sont, de fait, exclus de la boucle : inquiets de savoir si on leur apporte suffisamment de détails, et jusqu’à quel point on leur donnera l’occasion de voter sur un quelconque futur accord. 

« Si vous y réfléchissez sérieusement, si la Maison Blanche se souciait réellement de la fonction normale de conseil et d’approbation du Sénat, alors il ne serait absolument pas nécessaire que nous allions chercher nos informations ailleurs », précise Corker. 

Il s’avère aussi que le jour de la publication de ce reportage tombe à la même date que celle que le Congrès avait exigée pour la conclusion d’un accord. Or, aucun accord n’est encore intervenu, de la part du P5+1, les parties négociant ce traité éventuel. Mais les fuites concernant les discussions – et la surveillance de ces pourparlers – quant à elles se poursuivent. 

Un membre de haut-rang de l’équipe du Congrès a désigné ces allégations de l’Administration Obama parlant d’espionnage israélien « comme des insinuations profondément irresponsables et des on-dit destructeurs« , en disant au Daily Beast, que « ces allégations sans substance sont d’autant plus exaspérantes, à la lumière du fait que l’Administration a laissé filtrer des fuites, constamment et de façon agressive, détaillant les propositions de l’Iran, en première page du New York Times et d’autres organes de presse, autant que vers les membres des Think-Tanks qui lui sont sympathiques, ainsi que vers les groupes pro-iraniens à l’extérieur du gouvernement ». 

thedailybeast.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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