Islamo-droitisme : Valérie Pécresse rattrapée par les vieux démons de la droite

Si l’islamo-gauchisme est aujourd’hui largement critiqué, parfois jusque dans les rangs du gouvernement, l’islamo-droitisme reste un sujet peu médiatisé. Pourtant, de nombreux élus de droite entretiennent des relations douteuses avec l’islam radical… quitte à embarrasser Pécresse.
Patrick Karam, bras droit de Valérie Pécresse, est pointé du doigt pour ses liens avec l’islam radical. Des attaques qui pourraient nuire à la candidate LR. Photo © Vincent Isore/IP3 Press/ MaxPPP

Je ne voudrais pas mourir sans faire ronfler ma fronde aux naseaux morveux du bœuf gras de la droite. Damien Rieu (la citation est de Georges Bernanos) déteste la droite. Du moins, cette “fausse droite” qui accepte le “cordon sanitaire” imposé par Mitterrand. Celle qui fait gagner la gauche depuis quarante ans et se couche devant les associations islamistes pour arracher le vote de la communauté musulmane. Pour éviter ce scénario, l’ancien identitaire a quitté le Rassemblement national pour rejoindre Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour. Chargé de la cellule riposte, Damien Rieu peut compter sur une armée numérique et plus de 100 000 abonnés sur Twitter pour mener l’offensive sur les réseaux sociaux. Sa première mission : dénoncer les compromissions des élus de droite et leur double discours sur l’islamisme. Fustiger tantôt les adeptes de grands discours sur le communautarisme et le séparatisme, tantôt les fervents soutiens de mosquées où prêchent des imams salafistes.

L’islamo-droitisme se niche dans les faux-semblants. Il se pratique de façon honteuse, cachée, inavouable. « Quand l’islamo-gauchisme est cohérent avec lui-même, car c’est une idéologie qui n’est pas cachée, qui est assumée, explique Damien Rieu. L‘islamo-droitisme joue sur deux tableaux. Les élus s’adressent à la fois à des électeurs inquiets de la montée de l’islamisme et, en même temps, ils draguent une clientèle islamique. C’est un double visage, un double discours et une double hypocrisie. » Très visible dans les villes moyennes et périphériques touchées par l’immigration, l’islamo-droitisme peut se résumer ainsi : lors d’une élection, un islamo-droitiste va prononcer un discours ferme sur la sécurité dans les quartiers pavillonnaires mais faire preuve de clientélisme islamique dans les quartiers pauvres à forte proportion d’habitants de confession musulmane.

“Ali Juppé”

Depuis le début de la campagne présidentielle, Damien Rieu tente donc de coller cette image à la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, dont les équipes sont loin de prendre cette menace à la légère. En 2016, Rieu lance la campagne de dénigrement contre certains élus de droite accusés de complaisance vis-à-vis des islamistes. Il invente le surnom d’“Ali Juppé”, qu’il accole au maire de Bordeaux. L’étiquette poursuivra Alain Juppé durant toute la primaire et ruinera ses chances de l’emporter. Aujourd’hui, dans les équipes d’Éric Zemmour, les surnoms “Fatima Pécresse” ou “Valérie Akbar” tournent déjà dans les boucles Telegram.

La candidate LR n’ignore pas le risque politique à laisser s’installer dans l’opinion l’idée qu’elle aurait pu composer avec des associations islamistes. Aussi ne manque-t-elle pas une occasion de rappeler les mesures musclées qu’elle envisage pour contrer cet islam politique. Mais quand ce n’est pas elle qui est mise en cause, c’est son entourage qui est visé. La décision médiatisée de Gilles Platret, vice-président du parti, de prendre du recul en raison de la présence de Patrick Karam dans le dispositif de campagne n’est pas sans l’inquiéter. D’autant plus qu’Éric Zemmour fait une cour constante au maire de Chalon-sur-Saône. Une fois n’est pas coutume, c’est à Damien Rieu que l’on doit de voir un vice-président de la région Île-de-France épinglé pour ses accointances avec l’islamisme. Si l’équipe de Valérie Pécresse dément fermement – son bras droit Patrick Karam a porté plainte pour diffamation -, nombreux sont les élus de droite pointés du doigt. En 2012, Patrick Karam, déjà, est épinglé pour l’affaire des “bus halal” venus grossir le nombre des militants de Nicolas Sarkozy lors de son meeting de Villepinte.

Henniche partout

L’islamiste Mohammed Henniche est à la manœuvre. Trois ans plus tard, il fait applaudir le même Henniche lors de l’iftar du Blanc-Mesnil, pendant les élections régionales. Ce soir-là, au dîner de l’Union des associations musulmanes du 93 (UAM 93), il est accompagné par… Valérie Pécresse. En 2020, Mohammed Henniche relaie sur la page Facebook de sa mosquée une vidéo mettant en cause Samuel Paty. Une accusation d’islamophobie qui mènera à la décapitation du professeur. Si Patrick Karam n’est en aucun cas responsable de ces actes, la question posée par Rieu est la suivante : s’il n’avait pas la confiance du bras droit de Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, Mohammed Henniche se serait-il permis de mener une cabale contre un professeur ?

Valérie Pécresse est également proche de Bruno Beschizza, maire d’Aulnay-sous-Bois, ville où la communauté musulmane représentait, en 2014, près de 40 % de la population (chiffres donnés par le maire lui-même lors d’un meeting de Jean-François Copé dans sa commune). Aux élections municipales de la même année, Beschizza reçoit le soutien de l’UAM 93. Le 31 décembre 2015, il prête gracieusement le gymnase municipal pour une “soirée spéciale” où plusieurs prédicateurs salafistes s’expriment. Quand des militants antisionistes manifestent illégalement sur le parvis de sa mairie, Beschizza ne voit pas le problème. Mais quand une de ses collaboratrices critique le voile, cette dernière est remerciée illico presto à la demande de… Mohammed Henniche. Lors des dernières élections régionales, Beschizza était tête de liste en Seine-Saint-Denis pour Valérie Pécresse.

La liste est longue et nous oblige à des impasses. Nous ne parlerons pas du clientélisme de Pierre Bédier, fidèle soutien de Valérie Pécresse. Mais comment paraître crédible quand on annonce vouloir « ressortir le Kärcher de la cave », alors que plusieurs de ses soutiens ont des accointances avec l’islam radical ? Comment concilier la ligne sans compromission d’Éric Ciotti et celle, compromise, de Jean-Christophe Lagarde ? Reste que Valérie Pécresse est la cible du CCIF (dissous par le gouvernement), qui la poursuit pour avoir interdit le burkini dans les bases de loisirs d’Île-de-France. À elle de ne pas tomber dans le piège tendu autrefois à Alain Juppé.

PATRICK BUISSON EXHORTE LA DROITE À NE PAS « S’ENRÔLER DANS UNE CROISADE CONTRE L’ISLAM ». A-T-IL COMPRIS LES ENJEUX A DIX OU VINGT ANS ?

Invité de notre émission Apolline de Malherbe, le rendez-vous, Patrick Buisson a fait l’éloge de l’islam et du sens du sacré qu’il attribue aux musulmans. Il en a profité pour adresser un avertissement à sa famille politique qui s’égare, selon lui, dans une attitude belliqueuse sur ce point.

Patrick Buisson, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, est un historien et intellectuel de droite, n’hésitant pas à se présenter comme réactionnaire. Pour autant, celui qui vient de publier l’essai La fin d’un monde n’hésite pas davantage à exprimer des idées minoritaires dans son propre camp. Invité de notre émission Apolline de Malherbe, le rendez-vous ce samedi, il a ainsi jugé que sa famille politique cultivait une attitude belliqueuse à l’égard de l’islam et le lui a reproché.

« Je dis à mes amis de droite, il m’en reste encore beaucoup: ne vous laissez pas enrôler dans une croisade contre l’Islam », a-t-il lancé en préambule. Il a poursuivi: « Vous faites fausse route, ce n’est pas le bon chemin, c’est une erreur magistrale que nous paierons. Le problème ce n’est pas tant l’Islam que l’immigration. Il ne faut pas se tromper dans l’analyse. » « Ceux qui se trompent dans l’analyse seront responsables des grands malheurs qui pourraient arriver à la France dans les années à venir », a-t-il averti.

L’islam, simple « miroir de nos insuffisances »

Patrick Buisson a donné une explication mêlant psychologie et politique à ce sentiment qu’il prête à la droite. « L’islam n’est que le miroir de nos insuffisances et de nos démissions. L’islam nous renvoie à l’image de notre déclin et de notre décadence. C’est ça qui nous est insupportable », a-t-il ainsi affirmé.

Il a d’ailleurs plaidé pour laisser une plus grande latitude à la pratique religieuse dans l’espace public en France. « Nous sommes pratiquement la seule nation d’Europe où les signes religieux sont interdits dans l’espace public, pratiquement bannis. Je n’ai jamais été un laïciste forcené, je trouve qu’on pourrait manifester sa foi comme on l’entend », a-t-il développé.

Il a ramassé son raisonnement en deux formules définitives: « J’ai plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string de 13 ans. J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour les bobos écolos à trottinette ». L’essayiste a alors dressé un éloge des musulmans pratiquants:

« Je considère qu’en humanité, ils ne sont pas des êtres inférieurs, j’ai même tendance à considérer qu’ils sont des êtres supérieurs. »

« Inhabitable » séparation

Il a élargi cette louange au sens du sacré de l’ensemble des croyants. Faisant implicitement référence à la charte des principes de l’islam de France et aux propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui avait estimé qu’on ne pouvait discuter avec des gens « refusant de placer la loi de la République au-dessus de la loi de Dieu », l’historien a observé: « Un catholique pense que la loi naturelle est au-dessus de la loi de la République. Ça ne me scandalise absolument pas qu’un croyant place la loi naturelle, la loi divine au-dessus de celles de la République ».

« Il y a une séparation entre les musulmans et la société française : ils sont habités d’un double sentiment explosif. Un sentiment de supériorité en terme de civilisation – ils nous regardent comme une société apostate, décadente, réduite à la consommation – et l’autre sentiment, c’est le sentiment d’infériorité lié à leur marginalité dans notre société ».

« Notre rapport à l’Islam est lié au recul du sacré dans notre société. Nous sommes une société où le sacré est étranger. Comment voulez-vous que les musulmans s’assimilent? Quelles valeurs nous leur proposons? », avait-il posé au préalable.

« Vivre-ensemble » à une condition

Pour autant, l’historien reconnaît qu’une vie en commun est possible. Il soutient toutefois que « le problème du vivre-ensemble ne se pose pas seulement du côté des musulmans, il se pose du côté des Français, de la communauté nationale ». Patrick Buisson fixe une condition à ce « vivre-ensemble ».

« Ça fonctionne quand on partage le sacré, quand on ne réduit pas l’Homme à un être unidimensionnel (en référence à l’analyse du philosophe marxiste Herbert Marcuse dans un livre du même titre très populaire à gauche dans les années 1960, NDLR), réduit à ce qu’il consomme, à sa peau », a-t-il dit.

Force est de constater, que certains n’ont pas compris que pour l’islam c’est d’abord un rapport de force. S’il n’y a que des dictatures en terre d’islam, c’est qu’à ce jour les démocraties ne réussissent pas face à une radicalité toujours présente qui ne demande qu’à prendre le pouvoir à la moindre faiblesse. Tous les « printemps arabes » l’ont démontré. Ce qui s’est passé là-bas, se passe ici dans les cités, et pourrait se passer à grande échelle.

JFORUM  – Valeurs Actuelles – BFM

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Moses

Patrick Buisson est si admiratif de l’islam qu’il ne lui reste plus qu’à se convertir…!

Bonaparte

La collaboration est une spécialité de la gauche .
Et quand elle se radicalise elle se transforme en nazis .
Il arrive qu’elle contamine certains de l’autre côté de la frontière…….les plus lâches et les plus fragiles .