Retour du débat autour de la barrière de sécurité
Les événements actuels nous replongent vingt ans en arrière à bien des égards. La tension sécuritaire qui règne mais aussi les solutions qui sont proposées pour y remédier.
Ainsi, le gouvernement actuel reprend à son compte la construction d’une barrière de sécurité le long de la ligne verte pour stopper l’entrée des terroristes au cœur du pays. A l’époque cette barrière avait été promue et construite par le Premier ministre Ariel Sharon. Il avait essuyé un certain nombre de critiques de l’intérieur mais aussi internationales. Le Président américain Georges Bush Junior l’avait fortement critiqué et il avait même été traîné devant la justice internationale, les Palestiniens l’accusant de vouloir les enfermer dans un ghetto.
A l’intérieur du pays, d’aucuns avaient émis la crainte que cette barrière ne constitue une frontière de facto qui délimiterait le futur Etat palestinien.
Ces débats ont resurgi hier, alors que le cabinet de sécurité a décidé de construire une barrière de 40 kilomètres le long de la ligne verte entre Meguido dans le nord, jusqu’à la localité de Bat ‘Hefer en Samarie. Cette décision a été motivée par les derniers attentats qui ont été perpétrés par des Palestiniens qui s’étaient introduits dans le centre du pays par des trous au niveau de cette barrière de sécurité.
Le ministère de la Défense a précisé que cette barrière serait en béton armé, équipé de moyens de protection et de moyens technologiques de surveillance. Elle s’élèvera à une hauteur de 9 mètres et remplacera la barrière construite, il y a 20 ans. Le projet devrait coûter 360 millions de shekels.
Le gouvernement entend ainsi, apporter une réponse à la vague d’attentats qui s’abat sur le pays ces dernières semaines.
Mais cette décision fait déjà du bruit. D’abord parce qu’elle a été prise lors d’une réunion du cabinet de sécurité, sans aucun débat. Même le ministère des Affaires étrangères n’en aurait pas été informé, alors que l’on sait qu’une telle mesure aura certainement des répercussions internationales, comme on a pu le voir, il y a 20 ans.
Par ailleurs, certains ont fait remarquer que ces dernières semaines, la présence renforcée de l’armée le long de la ligne verte a suffi à réduire drastiquement le nombre de clandestins qui entrent vers le centre du pays. Lors des deux dernières semaines, leur nombre est tombé de dizaines de milliers à quelques 200. Par ailleurs, la semaine dernière, on a noté une forte augmentation du nombre de mises en examen contre des personnes qui aident les clandestins à entrer ou les embauchent.
Naftali, vous n’avez pas de mandat pour diviser la terre d’Israël
A la droite de l’échiquier politique, on met en garde contre un changement de la réalité sur le terrain géopolitique qui pourrait faciliter la création d’un Etat palestinien. Ainsi, la députée Orit Struk (Hatsionout Hadatit) a déclaré: »Il ne s’agit pas d’une barrière de sécurité mais d’une barrière-frontière. Naftali Bennett entrera dans l’histoire comme celui qui, au paroxysme d’une vague d’attentats, sans aucune majorité à la Knesset et sans aucune légitimité publique, alors qu’il s’appuie sur les soutiens du terrorisme, a profité de son siège de Premier ministre, pour réaliser le programme de la gauche et édifier une barrière-frontière, au cœur d’Eretz Israël. Tout cela, au lieu de mener une opération d’envergure de confiscation des armes des deux côtés de la ligne verte, au lieu d’arrêter les salaires aux terroristes palestiniens qui viennent de l’argent de l’Etat d’Israël. Naftali, vous n’avez pas de mandat pour diviser la terre d’Israël ».
Au sein du gouvernement, on se félicite de cette décision présentée comme une grande avancée sécuritaire. »La décision du cabinet est une grande nouvelle et un pas important vers la fermeture de tous les trous le long de la ligne verte », a déclaré le ministre de la sécurité intérieure Omer Bar Lev. Des responsables sécuritaires ont estimé que cette barrière de 40 kilomètres au nord de la Samarie ne serait qu’un début et que d’autres morceaux devraient être construits sur la suite de la ligne verte.