Même si les humeurs des Druzes semblent temporairement calmées, à propos du sort de leurs frères druzes de Syrie, les dérives du la guerre civile syrienne ont déjà débordé du côté israélien, à partir d’une zone inattendue. Depuis près de cinq ans, Israël a tâché avec précaution de rester en dehors du conflit qui fait rage à sa frontière nord, en s’abstenant de répliquer coup pour coup aux dangers qui menacent et en édifiant un mécanisme d’assistance prudente à des rebelles syriens triés sur le volet. Mais, au cours des derniers mois, Israël a réorienté son intervention militaire dans des zones proches de sa frontière.
La façon dont cette implication est désavouée par des responsables israéliens est gravement dommageable pour la crédibilité militaire du gouvernement.
Lorsque le porte-parole de Tsahal, le Brigadier Motti Almoz a répété des déclarations déjà faites par le passé, affirmant que Tsahal n’identifie pas ni ne relie à des organisations les rebelles syriens blessés qui atteignent la frontière israélienne du Golan pour être soignés, il met en lumière ce que les Druzes servant dans les forces armées israéliennes et ceux vivant dans les villages du Golan savent mieux que lui. Les Druzes israéliens et les villageois druzes du Golan – dont beaucoup restent fidèles à Bachar al Assad – ont tellement été rendus furieux par cette échappatoire et tant d’autres commises par le passé, qu’ils se sont rassemblés pour mener des actions violentes – d’où les attaques de lundi 22 juin, contre deux ambulances de Tsahal, transbordant des rebelles syriens blessés vers l’hôpital.
Après l’attaque de la première ambulance, la deuxième aurait dû être bien mieux sécurisée. Il s’est avéré que la police militaire l’escortant n’était pas en mesure de faire face à une foule de Druzes en colère, hors de Majdal Shams sur le Golan. Les Syriens ont été durement passés à tabac et l’un d’entre eux a succombé un peu plus tard.
Les Israéliens et les Druzes du Golan se sont trouvés une cause commune, qui est en soi un facteur de déstabilisation, en se persuadant qu’Israël aide le bras armé d’Al Qaïda, le Front al Nusra, bien qu’une partie de l’information en provenance du Sud de la Syrie ne soit jamais que de la Désinformation, sciemment déformée par des éléments hostiles dans le seul but d’entraîner des troubles chez l’ennemi israélien.
Cette secte druze assez secrète qui a plus de mille ans est traitée comme hérétique par les djihadistes, dont le Front al Nusra. Lorsque l’alliance rebelle s’est rapprochée du Jebel Druze en Syrie, les chefs rebelles ont promis de ne pas toucher les Druzes, à condition « qu’ils se repentent de leurs erreurs religieuses ». Ils ont ensuite forcé plusieurs centaines de Druzes à la conversion à l’Islam sunnite et profané leurs lieux saints.
Le Front Al Nusra est, par conséquent, un chiffon rouge agité devant le taureau druze.
Ce n’est encore là que l’un des facteurs les plus complexes, si on considère les difficultés à définir plus ou moins clairement l’alliance rebelle factieuse qui combat dans le Sud Syrien jusqu’au Golan à la frontière israélienne.
Les protestations israéliennes, affirmant que l’Etat ne soutient pas les rebelles liés à al Qaïda peuvent être tout-à-fait véridiques, un jour, alors que le lendemain, ce même groupe peut éclater et rejoindre une autre faction jihadiste. Certains d’entre eux sont continuellement en mouvement, à l’intérieur, puis à l’extérieur d’Al Qaïda.
L’Arabie Saoudite s’est élevée contre un tel phénomène, ces dernières semaines, lorsqu’elle a payé et armé 3.000 combattants du Front Al Nusra, à la seule condition qu’ils quittent ce groupe et rejoignent la coalition rebelle anti-Assad, sous le parapluie de ce qu’on appelle, le Front Sud ou « l’Armée de la Conquête du Sud « .
Cette mesure saoudienne a, momentanément, soulagé Israël des accusations de soutien aux mouvements djihadistes. Mais, cela n’a, en aucun cas, dissipé les inquiétudes des Druzes, à cause justement de la nature notoirement volatile du mouvement rebelle.
La plupart des commandants d’al Nusra ont bien, effectivement, rejeté leur ancienne allégeance à Al Qaïda, de façon à obtenir l’indispensable soutien de l’Arabie Saoudite, mais ils ont très vite retourné leur veste, à la suite des victoires majeures remportées par al Nusra, dans le nord, où le mouvement sert de fer de lance dans les assauts. Clairement, ce sont les groupes victorieux qui détiennent le pouvoir d’atttractivité fatale pour les centianes de factions rebelles aux contours flous.
L’exigence druze qu’Israël abandonne les blessés du Front al Nusra équivaut à sa répudiation de toute cause rebelle dans son ensemble. Pour Tsahal, ce n’est pas une option : laisser tomber ses liens de coulisse (ou sous les radars) avec certains groupes rebelles serait la recette qui mettrait un terme au calme relatif à sa frontière du Golan avec la Syrie. Et le fait de se retirer du processus de coopération avec les forces rebelles soutenues par les Américains, les Saoudiens et les Jordaniens, mettrait en péril leurs efforts pour conquérir le Sud de la Syrie, de la même façon que des forces comparables ont pris le contrôle de la majeure partie du Nord.
En même temps, le gouvernement israélien doit persuader ses citoyens Druzes prompts à prendre les armes, que les actions de Tsahal dans le Sud syrien ne conduiront pas à porter préjudice à leurs frères syriens. C’est une tâche particulièrement ardue qui risque de ne pas suffire à empêcher d’autres cas supplémentaire de violences commises par les Druzes révoltés.
DEBKAfile Reportage Spéciale June 23 juin 2015, 1:16 PM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski.
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