La mort d’Ayman Al-Zawahiri annonce « probablement la fin de la maison mère d’Al-Qaida »

  • Le chef d’Al-Qaida, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche en Afghanistan par une frappe de drone américain.

  • Zawahiri était l’un des terroristes les plus recherchés au monde et dirigeait la nébuleuse djihadiste depuis la mort d’Oussama Ben Laden en 2011.

  • 20 Minutes analyse les conséquences de la mort de ce « chef historique », grâce à l’analyse de l’expert du terrorisme Mathieu Guidère.

Lundi soir, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a annoncé la mort du chef d’Al-Qaida. L’Egyptien Ayman al-Zawahiri a été tué dans la nuit de samedi à dimanche en Afghanistan, par une frappe de drone américain. Mais que signifie la mort de ce djihadiste historique pour Al-Qaida ? 20 Minutes fait le point sur les implications de l’élimination de ce chef djihadiste.

 

 

Qui était Ayman Al-Zawahiri et pourquoi sa mort est-elle si symbolique ?

Ayman al-Zawahiri était l’un des terroristes les plus recherchés au monde. Les Etats-Unis promettaient 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver. Il avait pris la tête d’Al-Qaida en 2011, après la mort d’Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan. Introuvable depuis plus de dix ans, il était considéré comme l’un des cerveaux des attentats du 11-Septembre, qui ont fait près de 3.000 morts aux Etats-Unis.
« Zawahiri est au-delà du symbole de la terreur contemporaine, c’est l’un des fondateurs du terrorisme islamiste international avec Ben Laden et un personnage qui a marqué les trente dernières années du terrorisme », souligne Mathieu Guidère. Expert dans le domaine et auteur de l’Atlas du terrorisme islamiste, il rappelle qu’Ayman al-Zawahiri était « figure historique de l’islamisme », présent sur la scène djihadiste depuis plus de quarante ans.
De plus, Ayman al-Zawahiri est « celui qui a adoubé et donné son feu vert à la quasi-totalité des branches d’Al-Qaida », ajoute Mathieu Guidère. Ces branches, comme Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ou Al-Qaida en Irak, permettent à l’organisation terroriste d’avoir un ancrage local.

Qu’est-ce que ça change pour Al-Qaida et le terrorisme islamiste ?

« C’est un coup dur pour Al-Qaida centrale », assure Mathieu Guidère, qui rappelle que trouver un chef de « l’envergure » d’Ayman al-Zawahiri, qui a œuvré pendant quarante ans sera très difficile. D’autant que Ben Laden a été tué en 2011 et le numéro 3 de l’organisation en 2020. « Le commandement central d’Al-Qaida est quasiment décimé » et la mort de son chef préfigure « probablement la fin de la maison mère de l’organisation ».
« Pour les branches, il n’y aura pas d’impact direct mais elles risquent de ne plus être coordonnées car c’était lui qui choisissait la stratégie globale de l’organisation », ajoute l’expert du terrorisme. D’autant plus qu’Ayman al-Zawahiri, qui avait adoubé ces branches, détenait les contacts et l’autorité qu’un éventuel successeur pourrait ne pas avoir. Par conséquent, « elles vont probablement se concentrer sur du terrorisme local et non plus global », décrypte Mathieu Guidère.
A présent, Al-Qaida va observer quarante jours de deuil avant de trouver un successeur, souligne Mathieu Guidère qui rappelle qu’en général un chef terroriste a déjà « pressenti » son successeur bien avant sa mort. « En septembre, on devrait avoir un nouveau nom », ajoute-t-il. Mais, quel que soit ce nom, il fera certainement office de nain face à ce dirigeant historique qui a « marqué des générations de terroristes ».

Quelles conséquences pour la relation entre Washington et Kaboul ?

Selon les Américains, Ayman al-Zawahiri vivait dans une maison de trois étages située à Sherpur, un quartier aisé du centre de la capitale afghane, où plusieurs villas sont occupées par des responsables et des commandants talibans de haut rang. Sa présence à Kaboul constitue une « violation claire » des accords conclus à Doha en 2020 avec les talibans, qui s’étaient engagés à ne pas accueillir Al-Qaida sur leur sol, a noté le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
Le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid, a accusé de son côté les Etats-Unis d’avoir dérogé à ces accords, en conduisant une frappe sur leur territoire. « Ces déclarations sont attendues dans le jeu diplomatique », souligne Mathieu Guidère. « On ne fait pas une opération comme celle-ci sans renseignements de l’intérieur. Il faut des mois de renseignements, des gens sur place et surtout que personne ne prévienne la cible », énumère l’expert du terrorisme. Il est donc probable que les Talibans aient abandonné Al-Qaida, comme l’avait explicitement exigé Washington. « Ils essaient d’éviter la confrontation avec l’Occident, en particulier avec les Américains, et passent pour des modérés face à l’Etat islamique qui fait des attentats contre eux », explique l’enseignant-chercheur.
Car dans la région, comme dans de nombreuses autres, Al-Qaida s’est progressivement effacé en faveur de l’EI qui se place comme le « véritable étendard du terrorisme » dans le pays. Et si l’élimination du numéro un d’Al-Qaida est une véritable victoire pour les Etats-Unis, qui cherchent à punir le 11-Septembre, elle provoque un vide. Or, souligne Mathieu Guidère, « le terrorisme a horreur du vide : quand vous affaiblissez une organisation, vous contribuez mécaniquement à renforcer une autre ».

JForum et 20 Minutes

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