Paris adopte la définition IHRA de l’antisémitisme.

Critiquer Israël dans son essence et son existence relève de la définition de l’antisémitisme, c’est une nouvelle forme d’antisémitisme », a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo.

La ville de Paris a adopté la Définition de l’antisémitisme de l’ IHRA lors d’une session du Conseil de Paris jeudi, rejoignant un nombre croissant de villes à travers le monde, dont Londres et plus récemment la ville française de Nice, pour faire le pas.

La décision a été prise par le Conseil de Paris, dirigé par la maire de Paris Anne Hidalgo, qui se compose de 163 conseillers et qui est responsable de la gouvernance de la capitale française.

La définition de l’IHRA est une classification internationalement acceptée de l’antisémitisme, qui fournit également des exemples contemporains de la façon dont l’antisémitisme joue trop souvent dans la vie publique, les médias, les écoles, le lieu de travail et dans la sphère religieuse.

« La capacité de critiquer la politique d’Israël sur de nombreux sujets relève de l’opinion politique et de l’exercice de l’opinion politique. Critiquer Israël dans son essence et son existence relève de la définition de l’antisémitisme, c’est une nouvelle forme d’antisémitisme », a déclaré Hidalgo lors du vote à l’Assemblée.

<< L’État d’Israël a été créé aussi parce qu’il y avait la Shoah. Afin de porter nos valeurs de liberté, nous devons être très clairs avec les mots que nous utilisons. Cette définition adoptée par notre assemblée nous donnera à chaque mot son sens précis et vivra jusqu’à l’histoire de notre ville.

« Nous sommes la ville dans laquelle a eu lieu la rafle du Vel d’Hiv, nous sommes la ville dans laquelle une communauté juive européenne s’est installée et a fait de cette ville sa ville et de la République sa République, et cette histoire nous engage », a-t-elle poursuivi. .

L’ambassade d’Israël à Paris s’est félicitée de l’adoption de la définition de l’IHRA sur Twitter. 

Audrey Pulvar, adjointe au maire de Paris a tweeté après l’adoption que «l’antisémitisme n’est pas une option, mais un crime», ajoutant que le vote de la municipalité de Paris lors du conseil de jeudi visait à le rappeler et à réitérer [la] condamnation de toute paroles ou actes antisémites, y compris lorsqu’ils se déguisent sous l’antisionisme.

Nice adopte la définition IHRA de l’antisémitisme.

 

 Parce que l’État d’Israël a été créé aussi parce qu’il y a eu la Shoah, nous devons être très clairs avec les mots, que nous puissions porter les valeurs de liberté et que cette définition là adoptée par notre assemblée nous permettra de donner à chaque mot sa signification précise et d’être à la hauteur de l’histoire de notre ville. Nous sommes la ville dans laquelle la rafle du Vel d’Hiv a été opérée, nous sommes une ville dans laquelle une communauté juive d’Europe s’est installée et a fait de cette ville sa ville et de la République sa République, et cette histoire-là nous engage », a-t-elle poursuivi.

À Nice, le maire Christian Estrosi a écrit sur Twitter : « Depuis 2017, le nombre d’actes antisémites a augmenté de 121 %. Ces chiffres traduisent la permanence et le développement d’un antisémitisme du quotidien. Je refuse toute forme de ‘banalisation’ de la haine. La définition proposée aujourd’hui au Conseil municipal de Nice vise à reconnaitre la définition qui été produite et adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste dans le but de renforcer et promouvoir l’enseignement de la Shoah, la recherche et la mémoire. »

À ce jour, 28 pays ont officiellement adopté la définition d’antisémitisme de l’IHRA, programme de communication des Nations Unies, selon la dernière mise à jour du site de l’American Jewish Committee.

La définition décrit l’antisémitisme comme « une certaine perception des Juifs, qui peut être exprimée par la haine des Juifs » et qui est « dirigée contre des individus juifs ou non juifs et/ou leurs biens, contre les institutions de la communauté juive et les établissements religieux ».

Elle présente ainsi principalement des exemples de comportements antisémites sans lien avec Israël, comme l’appel à faire du mal aux Juifs ou la négation de la Shoah.

Elle inclut néanmoins aussi « le fait de nier au peuple juif son droit à l’autodétermination… en affirmant que l’existence d’un État d’Israël est une entreprise raciste » et « le fait de comparer la politique israélienne contemporaine à celle des nazis ».

La définition comporte également les points suivants : « Le traitement inégalitaire de l’État d’Israël, à qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés de tout autre État démocratique » et « l’idée selon laquelle les Juifs seraient collectivement responsables des actions de l’État d’Israël ».

Ces parties de la définition ont été vivement critiquées ces dernières années, car certains critiques estiment qu’elle étouffe la liberté d’expression et le droit de critiquer Israël. Les organisations et militants pro-palestiniens favorables au boycott d’Israël rejettent ainsi vivement la définition.

Le texte avait été adopté par les députés français début décembre 2019, par 154 voix pour (des LREM et LR principalement), 72 contre (à gauche), et 43 abstentions.

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait salué avec ce vote « un geste symbolique fort », considérant que « c’est en disant les choses que nous ferons reculer la haine », alors que 107 tombes du cimetière juif de Westhoffen avaient été découvertes peu avant maculées de croix gammées.

L’administration Biden « approuve » la définition de l’antisémitisme de l’IHRA

Répondant à l’appel des groupes juifs majeurs, un officiel du département d’Etat prône l’adoption de la définition qui, pour certains, nuit à la liberté d’expression sur Israël.

Une haute-responsable du département d’Etat américain a annoncé lundi que l’administration Biden « approuve et défend » la définition de l’antisémitisme qui est devenue un point de friction entre les principales organisations et les groupes progressistes juifs de la communauté aux Etats-Unis.

« Comme l’ont fait les administrations américaines précédentes, issues de chaque côté de l’échiquier politique, l’administration Biden approuve et défend la définition de travail de l’IHRA [International Holocaust Remembrance Alliance] de l’antisémitisme. Nous nous réjouissons du nombre croissant de pays et d’instances internationales qui l’utilisent dorénavant et nous recommandons vivement à ceux qui ne l’utilisent pas encore de le faire », a déclaré Kara McDonald, vice-secrétaire d’Etat à la Démocratie, aux droits humains et au travail.

S’adressant aux participants d’une rencontre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), McDonald a déclaré que « nous devons nous éduquer et éduquer nos communautés à reconnaître l’antisémitisme sous ses nombreuses formes de manière à ce que nous puissions appeler la haine par son nom et passer à l’acte de manière efficace pour la contrer. Et c’est la raison pour laquelle la définition de travail de l’antisémitisme mise au point par l’IHRA, avec ses exemples réels, est un outil si précieux ».

La définition de travail de l’IHRA est un document de 500 mots accompagné d’une brève explication de l’antisémitisme et suivi de 11 exemples illustrant ses manifestations, dont un grand nombre implique le discours sur Israël.

La définition a été adoptée par des dizaines de pays et par une liste croissante d’organisations et d’universités pour aider à contrôler, combattre et sensibiliser à l’antisémitisme. Mais ses dispositions sur Israël sont aujourd’hui au cœur des débats et l’adoption de la définition peut signifier des choses très différentes pour les groupes divers.

Les défenseurs de la définition affirment que ses exemples sur Israël – qui comprennent les comparaisons entre l’Etat juif et les nazis, la qualification d’Israël en tant que pays raciste et l’application d’un double standard à Israël qui n’est par ailleurs appliqué à aucun autre pays – aident à identifier la limite entre les activités anti-israéliennes et l’antisémitisme. Pour ses détracteurs, néanmoins, les exemples donnés peuvent finalement transformer toute critique légitime de la politique israélienne en manifestation d’antisémitisme.

Kara McDonald, vice-secrétaire d’Etat à la Démocratie, aux droits humains et au travail. (Capture d’écran/YouTube)

 

 

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franck

une bonne chose; cela doit se généraliser