Des centaines de membres du Hezbollah ont été tués dans des combats en Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011. Des milliers de combattants de l’organisation, préalablement formés à la guérilla pour combattre les forces israéliennes, mènent actuellement des batailles défensives pour éviter que de larges pans de la Syrie ne tombent entre les mains des opposants au régime.

Les combattants du Hezbollah sont déployés en Syrie car la survie de Bachar al-Assad est une bonne chose pour l’organisation et constitue un atout stratégique pour l’axe chiite auquel elle appartient. Mais contrairement aux déclarations du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah la semaine dernière, le Hezbollah n’a pas vraiment besoin d’Assad pour survivre et son existence n’est pas menacée de manière existentielle.

Le Hezbollah ne renonce pas à son front contre Israël: on peut d’ailleurs en apprendre beaucoup sur son état de préparation dans le sud du Liban grâce aux émissions en langue arabe diffusées lors du 15e anniversaire du retrait d’Israël.

Depuis les combats directs avec l’Etat hébreu en 2006, le Hezbollah a déployé des forces dans les villages du sud du Liban, conduisant de nombreux Chrétiens à abandonner leurs maisons. Dans d’autres villages, les habitants chiites ont accueilli des militants de l’organisation.

Le Hezbollah a mis en place un réseau de fortifications pour lui permettre de surprendre les forces terrestres israéliennes et les attaquer. Selon certains rapports, les militants ont creusé une série de tunnels dans la surface de la roche, le bruit du forage ayant clairement été identifié au-dessus du sol israélien.

L’organisation se donnera un mal fou pour mener à bien les projets de son chef, l’un des plus grands orateurs arabes, de mener des batailles en Galilée. Un arsenal syro-iranien, composé de quelque 100.000 roquettes et missiles, susceptibles d’être tirés sur tout le territoire israélien, sera d’une grande aide à cet égard.

L’organisation chiite, dont le siège est situé dans les quartiers sud de Beyrouth, a transformé le pays tout entier en une vaste base d’opérations. Au cours des 20 dernières années, doucement mais sûrement, elle a pris le contrôle de tous les centres de pouvoir du pays. Il n’y avait personne pour entraver son chemin: ni des membres d’autres organisations – les Chrétiens sont divisés entre eux, les Druzes, les Sunnites – ni d’autres groupes chiites. Aucun de ces éléments ne pouvait arrêter le Hezbollah dans sa création d’un Etat dans l’Etat, pas même les alliés des autres groupes hors du Liban.

L’organisation contrôle actuellement l’aéroport international de Beirut ainsi que de vastes zones qui ont été coupées de fait de l’État, devenu à son tour un simple squelette. L’armée libanaise n’est rien d’autre qu’un semblant de force militaire régulière. Les agences de sécurité ont vu leurs ailes coupées et les institutions étatiques ne fournissent que des services limités. La paralysie est si importante que le Hezbollah et ses alliés ont même réussi à plusieurs reprises à torpiller la nomination du président du pays, dont le rôle est purement symbolique.

L’enracinement du Hezbollah est si profond qu’il peut sans doute continuer même sans le soutien de la Syrie. Après tout, quel type de soutien lui est actuellement fourni par Damas? Cet appui a consisté avant tout à transférer des armes, à fournir une aide financière et logistique. Aujourd’hui, la Syrie n’est plus en mesure de remplir la plupart de ces fonctions et cela n’empêche pas le Hezbollah d’être en plein essor.

Même avec une Syrie morcelée, l’Iran peut continuer à envoyer des armes au Liban par voies aérienne et maritime sans se heurter à quelconque obstacle. Financièrement, il n’y a bien sûr pas besoin d’intermédiaires syriens pour envoyer des fonds de l’Iran vers le pays du Cèdre. Certes, l’industrie de l’armement syrienne constituait une source importante d’approvisionnement pour le Hezbollah mais dans tous les cas, lors d’affrontements directs entre l’organisation chiite et Israël, la Syrie a montré qu’elle ne souhaitait pas s’impliquer.

Alors, pourquoi le Hezbollah autorise-t-il quand même le sacrifice de ses combattants à Qalamun, dans la banlieue de Damas et d’Alep ainsi que du côté syrien du Golan?

C’est parce que le Hezbollah est la force la plus importante de l’axe chiite à l’extérieur de l’Iran et que la Syrie d’Assad constitue un lien central de cet axe. Sa chute entre des mains sunnites, que ce soit ceux de l’État islamique ou de diverses forces de l’opposition (comme Jabhat al-Nosra, l’Armée syrienne libre et les dizaines de groupes sunnites, kurdes et druzes) porterait un coup douloureux à Téhéran et ses alliés.

Cela ne signifie pas que le Hezbollah n’est pas préoccupé. En plus de la mort de ses combattants dans l’arène syrienne, ses militants sont également déployés sur les lignes de front au Yémen et en Irak, où ils sont engagés dans les batailles contre les combattants de l’Etat islamique. On entend également de temps à autres qu’un autre membre du Hezbollah a été capturé en Asie, en Europe et en Amérique, où l’organisation tente de localiser des cibles (des Juifs ou des Israéliens pour la plupart).

Ce déploiement à grande échelle met à rude épreuve les limites de l’organisation et si elle ne doit pas se borner à la Syrie, l’expérience acquise par ses soldats ne fera que la renforcer.

Le journaliste Yoav Stern est spécialisé dans le monde arabe et membre de l’Institut de réflexion Mitvim, l’Institut israélien pour les politiques étrangères régionales

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