La sidra qui sera lue ce prochain shabbath veille de rosh hodesh tamouz est celle de Korah.
PARASHA KORAH 5784 L’IMPORTANCE DE LA FEMME JUIVE.
Shlomo (Salomon) HaMelekh (le Roi) dans son livre « les Proverbes » ou Mishlé en hébreu, écrit (chapitre 18, verset 21): הלשון ביד ומוות חיים entendez : la vie et la mort dépendent de la langue. Ce qui signifie que nos paroles sont si importantes qu’elles peuvent déclencher un décret de vie ou de mort et quelle parasha pourrait mieux illustrer cet enseignement et, de plus, quel récit pourrait mieux illustrer l’importance du rôle de la femme/épouse mieux que l’histoire de Coré (Qorah en hébreu) ?
Cette péricope nous entraîne au constat d’une « tragédie » dont les protagonistes sont des fauteurs de troubles. Des personnes vaines qui portent en elles des sentiments vils de vengeance, contestation, rébellion etc…
Nous connaissons, en gros, ce qui motiva la volonté de créer un remaniement de la société d’Israël au lendemain de la faute des explorateurs: Korah et ses admirateurs Datan et Aviram décida qu’il avait droit lui aussi en tant que descendant de Kéhat (1): la jalousie, l’envie, l’orgueil sont les sentiments qui ont motivé ce soulèvement à tel point que toute logique abandonna ces cerveaux en ébullition. Et au point de non-retour lorsqu’ils en sont arrivés à remettre en question la parole divine qui avait investi les deux frères aux postes clés: la prêtrise et la direction du peuple.
C’est alors que prennent place deux personnages féminins dont on ne connaîtra pas les noms mais dont le rôle fut décisif pour l’une dans la disparition de son époux et d’une très grande partie de sa famille et pour l’autre dans le sauvetage/la repentance et le rachat de son époux et de toute sa famille.
Les Sages (2)rapportent ainsi: « trois femmes ont sauvé leur mari et leur famille » Ce sont l’épouse de One ben Peleth, Serah bath Asher et Mikhal bath Shaoul.
L’épouse de One ben Peleth entreprit un très long processus pour convaincre son mari de la stupidité de cette révolte en arguant les faits suivants : toi, qui es-tu et qu’as-tu à voir avec cette révolte ? Tu es de la tribu de Réouven, tu n’as donc rien à voir avec la tribu des prêtres ; d’autre part, que ce soit Moïse ou Aharon que devras-tu faire ? obéir ! et si c’est Korah que devras-tu faire ? obéir… alors, qu’est ce que cela change pour toi ? La justesse de ses propos convainquirent One ben Peleth Le rôle de cette femme pleine d’esprit à propos de laquelle Shlomo HaMelekh écrivit : Hokhmath Nashim banetah beytah (Mishlé chapitre 14 verset 1) La sagesse des femmes édifie sa maison.
Lorsque la terre s’entrouvrit et engloutit la communauté de Korah, la même épouse aimante adressa son réquisitoire à HaShem bikhevodo oubeâtsmo (elle s’adressa à D. directement sans crainte: « One ben Peleth a fait teshouva en toute connaissance de cause et il ne s’associera plus jamais à un projet insensé comme celui-là, aussi n’y a-t-il pas lieu de réclamer sa vie présentement. En revanche, si jamais il recommençait et persévérait dans cette « folie » Tu pourras venir et recueillir sa dépouille ». Les Sages ont su rendre hommage au courage et à la sagesse de cette femme qui sauva véritablement la vie de son époux.
Mais, la deuxième partie du verset cité plus haut (mishlé 14,1) s’adresse pleinement à l’épouse de Korah qui usa de tous ses artifices pour encourager son époux et ses fils (3): et la femme insensée la détruit de ses propres mains : ואיולת בידיה תהרסנו.
Le nom de Korah est formé de trois lettres: Q-R-H (kouf-resh-heth) et ces lettres peuvent former des mots comme KéRaH (la glace) קרח comme il a été employé pour Amalek, celui qui « nous a surpris » sur la route (en nous attaquant par derrière et en nous refroidissant) mais, ces mêmes lettres disposées dans un ordre différent, l’on peut obtenir un autre mot tel HoKeR חוקר ou investigateur, enquêteur. Qorah s’est donc constitué en fauteur de troubles, en redresseur de torts, il est si imbu de sa personnalité, et de son droit d’être nommé à une fonction prestigieuse, qu’il décide de commencer une mahloket ou controverse.
Cependant le mot qui convient le mieux aux actes de Korah provient de la racine r-h-k rahok = loin ! En adoptant le comportement qui l’a conduit à sa perte, Korah s’est à ce point éloigné qu’il s’est vu entraîné dans les entrailles de la terre.
La mishna de Pirké Avot nous enseigne que juste avant que ne commence le premier shabbat de l’Humanité, D. a créé des prodiges qu’IL a programmés pour l’Histoire du monde et surtout du Peuple Juif. L’un de ces dix prodiges est que la Terre ouvrira sa « bouche » pour y engloutir (lors de cette parasha), Qorah et toute son assemblée.
Cependant, les Pirké Avoth nous enseignent aussi que si les controverses qui pourraient éclater entre des personnes particulières ou des groupes, Seules les querelles qui ont un but sacré seront productives sinon, elles seront stériles.
Dans le cas de notre péricope, la querelle est soulevée dans le but de « diviser » le Peuple (4), et de servir des intérêts personnels: soit ôter leurs prérogatives à Aharon et Moïse pour se les faire attribuer et gagner en prestige. A ce propos, le Hafets Hayim a déclaré à propos des règles sur la médisance que le souci de Korah de rechercher des honneurs a provoqué sa perte car, toute personne qui cherche la querelle ou à provoquer une division fait une très grande faute et peut être appelé rashâ (רשע) et, le Hafets Hayim poursuit en affirmant que les motifs de base de ce genre de querelles sont la haine et la vengeance.
Le peuple, se laissant mener, comme souvent, par des discours de démagogues et sans réfléchir plus avant a encore une fois besoin d’être sauvé par les suppliques de Moïse et d’Aharon qui tombent face contre terre pour prier D. de ne pas S’emporter contre le peuple tout entier. C’est alors que la Terre s’ouvrit et engloutit Qorah et ses proches et, c’est là que réside le prodige: la terre se referma aussitôt sur ces personnages tandis que de la Tente d’Assignation « s’échappa » un feu dévorant qui brûla in subito les 250 adeptes de Korah.
Korah, en fin démagogue a tenté de soulever le peuple contre les lois de la Torah en raillant tous les enseignements que la loi orale renferme et il use d’exemples qui tentent à discréditer Moïse et Aharon.
C’est que Korah, s’est mis à part, mû par sa jalousie, et a voulu contester la décision divine de confier à Aharon et à ses fils tout ce qui concerne la prêtrise avec les sacrifices et le culte et la prophétie à Myriam et à Moïse, il l’exprime clairement par ces mots : « rav lakhem » לכם רב c’en est trop pour vous ! (pourquoi avez-vous toutes ces responsabilités sur nous ) et il continue dans sa harangue : קדושים כולם העדה-כל כי car toute cette communauté est composée de gens saints ; autrement dit : vous n’êtes pas les seuls à être dignes : nous sommes ici 250 personnes et nous sommes tous saints.
De manière à éviter toute équivoque et éviter un nouvel affrontement, HaShem a ordonne à Moïse de placer une branche d’amandier sans feuille ni fleur ni fruit par tribu dans la Tente d’Assignation.
L’Eternel demanda à Moïse d’inscrire le nom de chacun sur son propre bâton en signalant que le bâton de celui qui sera choisi pour la fonction sacerdotale fleurirait. Le lendemain, lorsque Moïse pénétra dans la Tente d’Assignation, seul le bâton d’Aharon avait fleuri : il présentait des fleurs, des feuilles et même des amandes et Rashi explique car l’amandier est l’arbre le plus rapide à fleurir et à présenter ses fruits il rassemble donc les qualités de disponibilité, de serviabilité et de célérité que doivent avoir les Cohanim et les Léviim pour le service divin.
A propos de blasphème la question se pose de savoir quel lien y a-t-il entre la parasha précédente dite des explorateurs et parashat Korah où il est question à la fois de D. et de la terre d’Israël : pourquoi dans Shelah lekha D. décide-t-IL de punir par 40 ans de pérégrinations dans le désert cette génération coupable et pourquoi les 250 personnes formant la « communauté de Korah » ont-ils été décimés sur le moment et pourquoi de deux façons différentes : engloutis ou brûlés. La réponse est la suivante : les explorateurs (sauf Caleb et Yéhoshoua) ont été coupables de médisance (ou plutôt de calomnie) vis-à-vis de la terre ce qui a provoqué la décision divine de na pas laisser pénétrer dans ce pays qu’ils ont méprisée.
Et, tant il est vrai que l’on ne peut pardonner que lorsque nous avons-nous-mêmes été les victimes, D. n’a pas voulu pardonner une faute qui avait été commise contre la Terre. Les explorateurs se sont comportés comme des êtres ne faisant aucune confiance en leur D. et même si D. a un « mouvement d’humeur » cela n’est pas comparable au fait que Korah en « prenant » tout et en se prenant lui même comme quelqu’un à part, comme quelqu’un qui controverse les arrêts, les décisions divines, Korah donc, a allumé, par son orgueil, la colère de D. et comme Nadav et Avihou qui s’étaient conduits légèrement et ont été brûlés par le feu de D., Korah et ses partisans ont eux aussi été décimés et brûlés vifs.
JForum.fr avec Caroline Elisheva REBOUH
1. Le troisième fils de Jacob fut Lévy fils de Léah. Lévy eut 3 fils : Kehat, Mérari et Guershone. Le fils aîné de Lévy (Kéhath) eut 4 fils : Amrane, Ytshar, Hébrone et Ouziel. Amrane eut 3 enfants : Myriam, Aharon et Moïse. Aharon reçut la Kehouna (prêtrise) et Moïse la Malkhouth (Royauté). Qorah et Elitsafan étaient donc des cousins germains d’Aharon et Moïse.
2. Dans le Midrash et dans le traité de Sanhédrine
3. Sauf 3 auxquels sont dédiés des psaumes (mizmor lébené Qorah) car ils ont reconnu la faute de leur père. Onze psaumes sont dédiés aux 3 fils de Qorah (ce sont les n°s 42, 44 à 49, 84,85,87 et 88).
4. Le mot mahloket vient du verbe lehalek diviser.
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