Israël dans la guerre russo-ukrainienne, bilan provisoire
Cette guerre depuis six mois en Ukraine a modifié les équilibres géopolitiques. Israël se retrouve depuis dans une situation délicate : ne pouvant se payer le luxe de se fâcher ni avec les États-Unis, ni avec la Russie, l’État hébreu s’est sensiblement rapproché de l’Union européenne.
Souvenons nous, depuis le début du conflit, des milliers d’Israéliens avaient manifesté en faveur de l’Ukraine. Mais si la population avait choisi son camp, le Premier ministre de l’époque Naftali Bennett s’était montré beaucoup plus prudent. Tout comme les personnalités politiques israéliennes, qui sont restées discrètes au sujet de la Russie et de son président Vladimir Poutine. Israël s’est rapidement retrouvé dans une situation compliquée au début de la guerre.
Israël est allié des États-Unis, mais Jérusalem a des intérêts vis-à-vis de la Russie, en particulier tout ce qui concerne les frappes aériennes israéliennes en Syrie contre l’Iran, qui dépendent évidemment beaucoup du bon vouloir des russes qui contrôlent l’espace aérien syrien. Ainsi Israël avait condamné « très clairement » la Russie et envoyé de l’aide humanitaire en Ukraine, tout en évitant d’attaquer le président russe Vladimir Poutine. D’ailleurs, Israël n’a pas livré les armes perfectionnées que lui demandait Kiev. Le 5 mars 2022, Naftali Bennett s’était même rendu à Moscou dans l’espoir de se poser en médiateur dans ce conflit. Sans succès.
La question géopolitique fondamentale a impacté les relations économiques et énergétiques d’Israël. Remplacer la Russie ?
Le 15 juin dernier, Israël est devenu par la force des choses un acteur énergétique important lors de la signature d’un accord gazier avec l’Égypte et l’Union européenne. Même si l’Etat hébreu n’a pas la capacité de remplacer la Russie, Jérusalem estime que la politique européenne de diversification de ses importations de gaz naturel et de réduction au maximum de sa dépendance vis-à-vis de la Russie la poussent en Israël à signer un accord pour un projet d’exportation de gaz naturel d’Israël vers l’Union européenne par liquéfaction.
La guerre en Ukraine a d’une certaine manière contribué indirectement aux relations entre Israël et l’Union européenne. Nécessaire. Résultat prévisible, la Russie avait marqué ses distances avec Israël : en mai dernier, Vladimir Poutine a adressé son soutien au peuple palestinien pendant les violences sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Une délégation du Hamas, mouvement classé terroriste par Israël, a été reçu à Moscou. Au début de ce mois d’aout, le millier tirs de roquettes du Jihad Islamique sur le territoire israélien n’a pas suscité beaucoup de soutien des russes se contentant d’un appel au calme. Cette relation détériorée avec Moscou ne lasse pas d’inquiéter Jérusalem notamment par rapport au dossier nucléaire iranien.
En Israël, près de 20% des 9 millions d’habitants sont originaires d’ex-URSS, majoritairement d’Ukraine et de Russie. Un électorat non-négligeable dans le pays en campagne électorale et où les majorités sont toujours particulièrement étriquées. Le conflit en Ukraine est donc loin de ne plus impacter Israël avec des raisons plus spécifiques que celles des autres pays de la région.
Source : RadioJ