Une crise militaire au Qatar pourrait déclencher une explosion à Gaza

 

Les coupures d’électricité dans la Bande de Gaza, orchestrées par le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, afin de montrer ses muscles et de peser contre la férule du Hamas, ne sont jamais qu’une pièce de plus qui avance sur l’échiquier mis en place avec les restrictions sévères imposées par l’Egypte, de l’Arabie Saoudite, du Bahrein et des Emirats Arabes Unis au Qatar, à cause de son soutien aux groupes terroristes comme le mouvement islamiste du Hamas. Par conséquent, le dirigeant du Hamas,  Yahya Sanwar n’avait plus grand chose à espérer des résultats de sa mission au Caire le week-end dernier, visant à persuader le gouvernement El-Sissi à lever les mesures restrictives imposées à la Bande de Gaza elle-même.

Sanwar est arrivé à la tête d’une vaste délégation, dans laquelle la branche armée du groupe, Ezz al Din al Qassam était lourdement représentée. Leurs appels en direction du Général-Major Khaled Fawzy, directeur des Renseignements Généraux n’ont rencontré qu’une liste de conditions drastiques. Dès que la délégation palestinienne sourcillait, le Caire agissait de façon à resserrer encore son blocus sur l’enclave palestinienne.

Les dirigeants du Hamas dans la Bande de Gaza se retrouvent dans le même bâteau que leurs vieux amis du Qatar, lors de la semaine où leur rival de l’intérieur, Mahmoud Abbas, a encaissé l’argent des fournitures d’électricité d’Israël à la Bande de Gaza. L’approvisionnement en énergie a été restreinte de 35 à 40%.

Depuis 2015, l’Emir du Qatar est resté le seul dirigeant arabe à soutenir les extrémistes palestiniens du Hamas par des dons occasionnels de liquidités à Gaza City et la permission accordée au gratin de ses représentants d’ouvrir une succursale à Doha.

Cet afflux d’aide a été brutalement interrompu par le blocus terrestre, maritime et aérien arrêté autoritairement par l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis,le Bahrein et l’Egypte contre le Qatar, la semaine dernière, à cause de son soutien aux groupes terroristes, par l’entremise des Frères Musulmans et de ses relations florissantes avec Téhéran. Le Cheikh Tamim bin-Hamad Al-Thani a défié l’ultimatum que ces pays lui ont présenté et, de fait, les banques du Qatar et les avoirs internationaux ont commencé à perdre des valeurs en dollars, sa monnaie a chuté et il n’y a plus d’argent disponible à partager avec la Bande de Gaza.

Le Qatar et le Hamas sont donc repoussés dans leurs cordes et logés à la même enseigne, à des niveaux de fortunes divers et toute proportion gardée.

La petite presqu’île du Golfe est le plus grand fournisseur mondial de Gaz et elle est devenue, à ce titre, richissime à la suite de la découverte et de l’exploitation de réserves apparemment inépuisables. Le Qatar a déclenché une guerre psychologique et économique contre tous les pays sunnites à partir de 1995, en s’alliant à l’Iran, en favorisant les Frères Musulmans à la tête des Printemps arabes, en devenant le principal bailleur de fonds du terrorisme à travers le monde. C’est pourquoi ces quatre gouvernements dominants du monde arabe exigent qu’il expulse de son territoire les dirigeants et prédicateurs des Frères Musulmans et les représentants du Hamas, après des années d’offre d’hospitalité dotée de pensions généreuses pour qu’ils puissent vivre une vie pleine, opulente et facile, tout en dirigeant leurs réseaux terroristes à travers toute la région et au-delà.

Le Qatar s’est aussi vu réclamer qu’il cesse ses campagnes de propagande contre l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis et qu’il ferme sa principale tribune, la chaîne de TV Al-jazeera ; et par la même occasion, qu’il expulse des centaines de dissidents égyptiens et saoudiens qui bénéficient d’un asile politique.

Ne sachant plus où aller (excepté, peut-être, en Malaisie), certains de ces dissidents pourraient potentiellement se diriger vers un nouveau sanctuaire à Gaza, en en faisant une sorte de « petit Qatar », et c’est pourquoi Le Caire a renforcé encore l’isolement de l’enclave palestinienne en bloquant toute les voies d’accès.

La Délégation du Hamas a, de la même façon, été confrontée au Caire à des exigences drastiques de la part du chef des renseignements égyptiens :

1. De livrer 17 des fugitifs parmi les cercles dirigeants des Frères Musulmans qui ont trouvé refuge dans la Bande de Gaza depuis juillet 2013.

2. Non seulement réduire la coopération entre le bras armé du Hamas et les réseaux de l’Etat Islamique dans le Sinaï, mais aussi livrer à l’Egypte toutes les données de renseignements que le Hamas possède sur les djihadistes et leurs activités.

3.  Interrompre les opérations de contrebande d’armes à travers le Sinaï.

Après avoir renâclé devant toutes les demandes égyptiennes, Yahya Sanwar a été contraint de quitter Le Caire les mains vides en ce qui concerne l’allègement des sanctions et l’aide humanitaire – uniquement pour découvrir en revenant à domicile que les Egyptiens avaient sorti leur arme lourde contre la Bande de Gaza.

Une catastrophe humanitaire est maintenant suspendue au-dessus de la tête d’une population de deux millions d’habitants de cette petite enclave méditerranéenne. Les hôpitaux réduisent leurs opérations, les réfrigérateurs sont éteints, l’approvisionnement en eau potable ralentit parce que les sites de déssalinisation n’ont plus d’électricité, la vidange des eaux usées est déversée directement dans la mer et les conditions sanitaires se détériorent.

A Jérusalem, on espère donc ardemment que la Crise Qatarie trouvera une résolution rapide et que le Hamas et Le Caire puissent convenir de conditions exponentielles afin de résoudre progressivement la crise humanitaire qui se développe dans la Bande de Gaza.

Le Caire a demandé à l’Autorité Palestinienne à Ramallah et au gouvernement israélien de ne pas céder, mais au contraire de maintenir la pression à son maximum contre le régime du Hamas. Ramallah devrait continuer à suspendre le versement des notes d’électricité présentées par Israël, ce qui est conforme à la campagne de Mahmoud Abbas qui consiste à mettre le Hamas à genoux.

Mais, en ce qui concerne Israël, il subsiste un dilemme. Quoiqu’il en soit le gouvernement Netanyahu est extrêmement méfiant à l’idée de rompre avec la ligne anti-terroriste empruntée par les gouvernements arabes, parce que cela pourrait avoir un impact sur les relations fragiles établies avec eux – en particulier dans le domaine militaire – à force d’efforts longs et laborieux.

Pour la période à venir, il n’y a aucun signe que les choses se calment. Tout au contraire, il existe des indications que la crise en cours puisse évoluer vers un bras de fer militaire ou des tentatives de coup d’Etat ou révolution de Palais depuis l’intérieur de la dynastie Al-Thani. De fait, les Gardiens de la Révolution Iranienne et des troupes turques ont été déployés sur place autour des dépendances et propriétés des Al-Thani.

Une crise militaire réelle au Qatar serait le catalyseur d’une explosion de violence provenant de la Bande de Gaza. Et, effectivement, après l’échec cinglant de la mission de Sanwar au Caire et la réduction des fournitures d’électricité dans la Bande de Gaza, les porte-parole du Hamas ont menacé du fait qu’une « explosion » serait imminente…

DEBKAfile Analyse Exclusive  13 juin 2017, 11:20 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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