Izhar Cohen entouré du groupe Alphabeta après leur victoire à l’Eurovision 1978. — GEORGES BENDRIHEM / AFP

Palais des congrès de Paris, le 22 avril 1978. La soirée est déjà bien avancée quand le jury suédois finit d’annoncer ses points signant le dénouement de la finale de l’Eurovision.

Solennelle, la voix de Léon Zitrone – qui coanime l’événement avec Denise Fabre – se fait entendre : « Mesdames et messieurs, le concours est fini. C’est Israël ​ qui gagne avec 157 points. »

Pas de pluie de confettis ni de musique assourdissante, car à l’époque, c’est encore la retenue qui prévaut. Sobriété également pour les vainqueurs, Izhar Cohen et les Alphabeta, tous vêtus de blanc, qui prennent le temps d’arriver des coulisses pour recevoir leur médaille des mains de Marie Myriam, gagnante de l’édition précédente, et chanter à nouveau le morceau qui leur a permis de l’emporter : A-Ba-Ni-Bi.

« Tout le pays était euphorique »

La cheffe de délégation israélienne reconnaîtra plus tard que ce triomphe était pour elle des plus inattendus. Elle n’était absolument pas fan de la chanson qui, selon elle, avait remporté sa sélection nationale uniquement parce que les autres propositions étaient désastreuses.

La victoire n’en est que plus savoureuse. « C’était une joie immense, tout le pays était euphorique, avance à 20 Minutes Alon Amir, ex-chef du service presse de la délégation israélienne de l’Eurovision. Gagner le concours, à l’époque, c’était quelque chose de particulièrement fort. C’était un grand moment de fierté. »

L’Etat hébreu, qui s’est engagé pour la première fois à l’Eurovision en 1973, n’aura donc mis que six éditions pour remporter le trophée. Ses précédentes tentatives étaient loin d’être honteuses puisqu’il n’avait pas fait moins bien qu’une onzième place.

Fake news en Jordanie

A l’époque, Israël ne se serait sans doute pas douté que, des décennies plus tard, sa participation au concours musical serait encore remise en cause.

La faute à l’idée reçue que seuls les Etats situés sur le continent européen auraient le droit d’entrer en lice. Or, l’Eurovision est ouvert à tous les membres actifs de l’Union européenne de radio-télévision (UER) qui chapeaute l’organisation et ceux-ci sont situés aussi bien en Europe qu’en Afrique du Nord, en Asie ou au Proche-Orient.

Bien que l’Eurovision soit avant tout un divertissement, la géopolitique n’est jamais très loin, et elle se manifeste de manière pouvant confiner à l’absurde.

Quand la victoire israélienne se profile lors de l’annonce des points, la télévision jordanienne, qui retransmet le concours, interrompt le direct en prétextant des soucis techniques. Les téléspectateurs peuvent alors admirer un plan fixe sur un bouquet de jonquilles. Le lendemain, toujours en Jordanie, les médias font dans la fake news en titrant sur l’Eurovision remporté par… la Belgique – qui en réalité a fini à la deuxième place.

Une reprise de Rika Zaraï

En France, on n’en aura pas tout à fait fini d’entendre A-Ba-Ni-Bi, chanson au refrain faisant référence à un jeu de mots enfantin, car elle sera reprise peu de temps après dans la langue de Molière par Rika Zaraï.

Izhar Cohen, lui, est devenu une star dans son pays. « Il a eu une grande carrière, il se produit toujours et reste très connu, note Alon Amir. On le connaît tous. Tout le monde l’aime. »

Le chanteur a de nouveau représenté Israël à l’Eurovision en 1985 – où il a fini cinquième. Et cette année, le soir de la finale, guettez son apparition : c’est lui qui annoncera les points du jury israélien.

20minutes.fr

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