Alors que le nombre de demandeurs d’asile avait reculé en 2014 pour la première fois en sept ans , il a progressé de 22 % en 2015, à 79.130 dossiers.

L’an dernier, plus de 1,2 million de migrants sont arrivés en Europe, un record. Par ailleurs, « quelque 15 millions de personnes demeurent déracinées dans des pays du Moyen-Orient », constate l’UNHCR (l’agence des nations unies pour les réfugiés). Parallèlement, et logiquement, le nombre de demandeurs d’asile a explosé : 431.000 demandes en Europe en 2013, 626.000 en 2014 et tous les experts s’attendent à un nouveau chiffre record en 2015.

En effet, plus de 410.000 migrants avaient déposé une demande d’asile au cours du troisième trimestre 2015, soit deux fois plus qu’au trimestre précédent. Syriens (138.000), Afghans (56.700) et Irakiens (44.400) totalisaient 58% des demandes. A la fin du mois de septembre, les exilés entrés sur le territoire européen avaient déposé 812.700 demandes d’asile.

Pour la France une inversion de la coure en 2015

Comment se situe la France ? Si les demandes d’asile avaient reculé de 2,2 % pour s’établir à 64.811- une première en sept ans (qui faisait de la France le 4ème pays d’accueil des demandeurs d’asile derrière l’Allemagne, la Suède et l’Italie), la courbe s’est inversée en 2015 avec 79.130 demandes d’asile, soit une progression de 22% par rapport à 2014.

Les principaux pays d’origine des candidats à l’asile en France ont été la Syrie, le Soudan et le Kosovo, a indiqué Pascal Brice, le directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). « On assiste à une reprise de la demande d’asile et à un recentrage sur les pays en fort besoin de protection », a-t-il commenté, parlant de « progrès du droit d’asile ».

Le nombre de demandes d’asile explose en Europe

Après avoir culminé en 1992 avec 672.000 demandes dans l’UE à quinze puis en 2001 (424.000 demandes dans l’UE-27), le nombre de demandes d’asile a diminué au cours des années qui ont suivi pour se situer juste sous les 200.000 en 2006, indique Eurostat. Puis le nombre de demandes d’asile a ensuite progressé régulièrement au sein au sein de l’UE-28 jusqu’en 2012. A partir de cette date, l’évolution se fait beaucoup plus rapide et on atteint 431.000 demandes en 2013 puis 626.000 en 2014 (voir la courbe) , soit le nombre le plus élevé enregistré dans l’UE depuis le pic de 1992.

Tous les experts s’attendent à un nouveau chiffre record en 2015. Un pointage effectué au troisième trimestre 2015, indiquait que les exilés entrés sur le territoire européen avaient déposé 812.700 demandes d’asile. Et que plus de 410.000 migrants avaient déposé une demande d’asile lors du seul 3ème trimestre 2015 , deux fois plus qu’au trimestre précédent. Syriens (138.000), Afghans (56.700) et Irakiens (44.400) comptent pour plus de la moitié (58 %) des demandes. Une photographie très proche de celle de 2014 (voir ici) .

Autre caractéristique de la France : un taux de déboutés du droit d’asile bien supérieur à la moyenne. Mais le nombre de dossiers accepté a progressé : l’asile a en effet été accordé à 31,5% des demandeurs l’an dernier contre 28% en 2014).

Avec les 79.100 demandes traitées l’an dernier, l’Ofpra a pu réduire son stock de dossiers en attente — une évolution nécessaire pour diminuer le délai d’instruction des dossiers, comme prévu par la réforme de l’asile. L’un des points de blocage en France est en effet l’engorgement du système, avec des délais de traitement pouvant atteindre deux ans au total.

Là où le bât blesse c’est que, dans neuf cas sur dix, les déboutés du droit d’asile ne sont pas raccompagnés à la frontière et deviennent, de fait, des clandestins sans-papiers.

Syriens et Soudanais

L’an dernier, le principal pays d’origine des demandeurs en France a été la Syrie avec 5.200 demandes déposées (+66%), note l’Ofpra qui précise que les Syriens obtiennent presque tous l’asile (97%). La demande des Soudanais a elle aussi explosé (+170% à 5.060 dossiers), dans la foulée des demandes déposées à Calais par des candidats qui ont fait leur deuil de la Grande-Bretagne. En troisième position (+92% à 4.650), on trouve le Kosovo, même si ce pays a retrouvé sa place sur la liste des pays d’origine considérés comme « sûrs ».

On peut voir là un reflet de la crise des réfugiés, qui a jeté des centaines de milliers de personnes sur les routes de l’exil l’an dernier, avec pour la France la constitution de campements à Paris ou dans le Nord (Calais, Grande-Synthe). Et pour l’Europe, bien démunie face à la vague des migrants , l’obligation d’innover en mettant en place des processus de répartition des demandeurs arrivés en Grèce ou en Allemagne.

Malgré cet afflux, le nombre de demandeurs d’asile en France est inférieur à celui enregistré en Allemagne qui reste en première ligne dans la crise des réfugiés avec près de 1,1 million de demandes accordées à elle seule. Pour 2016, l’Ofpra s’attend à « une poursuite maîtrisée de la hausse de la demande » dans l’Hexagone, du fait notamment de la mise en place attendue du processus de « relocalisation » — c’est-à-dire la prise en charge par la France de 30.000 réfugiés sur deux ans dans le cadre des accords européens.

Jean-Michel Gradt

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André

La Syrie, le Soudan et le Kosovo… quelle chance pour la France ! Ces pays étant internationalement renommés pour leur haut degré de formation, de culture et d’esprit démocratique. Misère…