Défections en série chez les élus FN

EXTRÊME DROITE. Des dizaines de conseillers municipaux et départementaux, élus avec la vague frontiste, ont pris leurs distances avec le parti. En cause : des bisbilles locales mais aussi des désaccords de fond.

Le Luc (Var). Premier maire FN du Luc en mars 2014, Philippe de La Grange a démissionné un an plus tard pour « raisons de de santé ». Depuis deux élus lui ont succédé
Le Luc (Var). Premier maire FN du Luc en mars 2014, Philippe de La Grange a démissionné un an plus tard pour « raisons de de santé ». Depuis deux élus lui ont succédé
(Photopqr/« Nice-Matin »/Franz Bouton.)

La municipalité de Tonneins (Lot-et-Garonne) ne compte plus un seul élu FN. Les trois conseillers municipaux du parti de Marine Le Pen ont tous jeté l’éponge début mars pour cause de « désaccord profond » avec le chef de file Front national du département.

A Marmande, Agen, ou encore Villeneuve-sur-Lot, pas moins de onze frontistes avaient déjà fait de même. Et le Lot-et-Garonne n’est pas une exception. En Auvergne, en région parisienne, dans le Var… partout en France, des conseillers municipaux ou départementaux, élus avec la vague Bleu Marine en 2014 et 2015, prennent du champ. Les détracteurs du parti d’extrême droite estiment que ces défections touchent « 15 % » des 1 600 élus du FN dans l’Hexagone, soit près de 240 personnes ! Le dernier pointage réalisé par la direction du Front national fait, lui, état d’« une petite centaine » qui aurait claqué la porte en l’espace de deux ans.

« C’est la vie normale d’un parti politique. Dans le même temps, nous avons aussi attiré des élus d’autres formations. Un conseiller UMP de Limoges par exemple vient de nous rejoindre », tempère Nicolas Bay, le secrétaire général du FN. Rien d’alarmant donc à en croire les cadres frontistes. « Diverses raisons expliquent ces départs. Certains ont déménagé, d’autres espéraient des responsabilités qu’ils n’ont pas eues, ou rêvaient d’obtenir une place éligible pour les régionales, il y a aussi parfois des désaccords entre les personnes, détaille Nicolas Bay. Et puis nous avons aussi dû exclure certaines personnes qui ne faisaient pas l’affaire. Sur 1 600 élus, c’est inévitable, certains se révèlent malheureusement inadaptés à leurs fonctions. »

Depuis 2014, le FN a effectivement changé de dimension. Jusqu’à cette date, le parti d’extrême droite n’alignait qu’une petite soixantaine d’élus locaux sur tout le territoire. « Pour les municipales, ils ont dû trouver des candidats pour constituer des listes dans plus de 562 villes de 10 000 habitants. En comptant les petites villes, cela fait près de 20 000 personnes. C’est énorme. Forcément, il y a eu de l’improvisation », constate pour sa part un ex-frontiste resté fidèle à Jean-Marie Le Pen. Et, dans certains cas, la mayonnaise n’a pas pris : « Certains ont un passé politique différent, ce qui occasionne un choc des cultures. D’autres découvrent la politique, ils ne sont pas préparés à faire face aux bourrasques de cet univers. Enfin, il y en a aussi qui croyaient être dans un parti de droite et qui ont découvert qu’ils étaient à gauche », avance, goguenard, cet ancien responsable.

Ces déçus aiguisent les appétits. Le Parti de la France animé par Carl Lang — un historique du Front banni par Jean-Marie Le Pen en 2008 — espère bien les récupérer : « Nous allons ouvrir une structure d’accueil pour les anciens élus du Front. Une petite dizaine d’entre eux nous a déjà rejoints », note Lang, qui assure ne « pas faire de débauchage, même si la porte est ouverte ».

rentrée

Valérie Hacot @vhacot1 | | MAJ :

 

leparisien.fr

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