QU’EST-CE QUE LA GUEMATRIA ET QU’EST LE NOTARIKON ?

Les Sages et les exégètes de toutes les époques se sont servi de plusieurs méthodes pour commenter la Torah et faire en sorte qu’il soit accessible à tous les esprits et à toutes les formes d’esprit, chacun selon son inclination.

Les formes allusives, ou de dissertation ou les formes mystiques selon le Zohar ou des rabbins Kabbalistes sont connues de tous. Les méthodes que l’on connaît moins sont la guematria, la temoura et, le notarikon dont nous allons disserter infra.

Les lettres hébraïques ont toutes une valeur numérique y compris les lettres finales. Ainsi, du alef au teth la valeur de chacune des lettres va de 1 à 9 ; puis, du youd au tsadik compris, la valeur de chacune des lettres concerne les dizaines puis, du kof au tav et avec les 5 lettres finales on compte de 100 à 900 et, en inscrivant trois points en triangle au-dessus de chaque lettre de alef à youd on compte les milliers………..
En faisant donc l’addition des lettres d’un mot, on arrive à un total qui peut faire allusion à une idée. Voici un exemple : le mot vin en hébreu s’écrit youd-youd-noun selon la guematria simple nous arrivons à un total de 10+10+50=70 ce qui parvient au même total que le mot secret ou sod en hébreu qui s’écrit samekh-vav-dalet et dont la valeur numérique est 60+6+4=70. Ce qui fait penser au proverbe : נכנס יין, יצא סוד c’est-à-dire que «  lorsque le vin entre, le secret sort ». Ou bien lorsque Jacob rencontre Esaü et qu’il lui déclare : « j’ai habité chez Lavan » la valeur du mot « habité » est de 613 ce qui a fait comprendre que bien que Jacob ait vécu dans la maison d’un idolâtre, il a tout de même observé les 613 commandements ! (גרתי guimel-resh-tav-youd soit : 3+200+400+10=613).
Certains pensent que a guematriya est un peu une façon de jongler avec le hasard mais, il n’en est rien.
Toujours en guematriya, il existe un procédé différent qui est un peu plus mystique : il consiste à décompter la valeur des lettres chacune selon le nom des lettres qui forment son nom ainsi la lettre youd qui a une valeur de 10 possède également la valeur de 14 car youd s’écrit youd (10) et daleth (4). La lettre alef, selon les procédés peut être considéré comme 1 selon l’ordre alphabétique ou comme 111 = 1+30+80 (alef-lamed-pé) ou encore 931 = 1+30+900(pé final). Les exégèses peuvent donc s’étendre sans fin. Le procédé que nous venons d’évoquer porte le nom de « guematriyat milouy » (pleine/remplissage).

LE NOTARIKON :
Le nom attribué à cette méthode est d’origine grecque et sa signification s’attache surtout à l’idée de noter brièvement une idée. La méthodologie du notarikon est :
1-soit d’utiliser les initiales d’un groupe de mots pour en dégager une idée, ou, à l’inverse, d’utiliser chaque lettre d’un mot pour le paraphraser, soit d’utiliser les lettres à la fin d’un groupe de mots,
2-soit d’utiliser les lettres d’un mot par groupes et de les inverser

Exemples :
On a spéculé sur le nom du grand Talmudiste grâce auquel on doit le fait que la mishna ait été mise par écrit : Rabbi Yéhouda « HaNassi » : le mot « nassi » ou prince qui s’écrit en hébreu נשיא peut-être décomposé en noun-sine-youd-alef qui peuvent devenir les initiales de nishmato (ou nitsoutso) shel yaakov avinou (l’âme ou l’esprit de Jacob le patriarche). Ou encore le mot « hazal » heth-zayin-lamed sont les initiales de Hakhamim zikhram livrakha (les Sages de mémoire bénie).
Le nom Itshak יצחק est décomposé en deux mots de deux lettres קץ et חי la fin de la vie ……
Il existe diverses méthodes de calcul pour la guématria en dehors de celles dont il a déjà été question : le calcul « katan » qui consiste à diminuer le chiffre 0 ainsi les lettres de alef à teht auront des valeurs de 1 à 9 de youd à tsadik auront des valeurs de 1 à 9 également et de même pour les lettres de kof à tav de 1 à 4.
Il y a encore la méthode de « atbash » qui consiste à mettre en parallèle les lettres hébraïques selon leur ordre alphabétique de alef à kaf puis d’opposer à chaque lettre celle partant de la fin de l’alphabet jusqu’à son milieu (le alef en parallèle avec le tav, le beth avec le shin, le guimel avec le resh etc…., en ce cas le alef prendra la valeur du tav soit 400, le beth celle du shine soit 300 etc…
Il est évident que les calculs ne peuvent et ne doivent pas être fantaisistes mais rester collés à l’esprit de la Torah et à la kedousha. C’est de cette façon que l’on s’aperçoit que certaines « combinaisons » ne peuvent être le fruit du hasard.
Tout comme la dernière des «combinaisons » d’exégèse qui s’appelle en hébreu le « tsofen » ou « code » : en imposant à l’ordinateur de signaler les lettres de la Torah toutes les 7 lettres par exemple, l’on trouvera que parmi les quelques 304,000 lettres de la Torah les principaux évènements dramatiques de l’Histoire juive sont inscrits et, de même, que les grands traits de notre avenir y sont projetés. Libre aux sceptiques de penser ce qu’ils en pensent tout comme : libre aux croyants de s’émerveiller du fait que tout est inscrit dans la Torah.

Abraham Ibn Ezra souligne qu’il peut être tentant de se laisser aller vers le mal, mais, que s’agissant de Torah, il faut bien se pénétrer du fait qu’HaShem a écrit la Torah pour le bien et dans un souci de vérité, il faudra donc rester proche de la sainteté de la Torah en toute occasion.
Au moyen de toutes les méthodes que nous avons rapidement évoquées ici, nous pouvons constater que les exégètes ont pu tirer des enseignements cachés en triturant les mots et en cherchant les « trésors » renfermés dans le message divin qu’est la Torah.

Caroline Elishéva REBOUH

לך-לך LeKH LeKHa 5783: du berceau au berceau (vidéo)

Les midrashim, les commentaires divers écrits par tous les grands Sages qui se sont succédé depuis des temps immémoriaux jusqu’à aujourd’hui ou ceux tirés et puisés dans le système de pensée ésotérique, tous sont faits pour nous faire comprendre des messages secrets tissés dans les lettres qui composent les mots de la Torah.
Nous sommes en 5783 et la Tradition qui nous enseigne que le Monde durera 6 millénaires avant d’entrer dans le septième millénaire ou ère messianique (c’est-à-dire l’ère qui s’offrira à nous après que ce sera dévoilé le Mashiah et que nous aurons été « délivrés »), décompte les 3 étapes que le monde/l’humanité devra gravir depuis Bereshit :

de Bereshit à 1947 (depuis l’an 0) l’âge du TOHU (désordre)
De 1948 à 3948 l’âge de la Torah
De 3949 à 5908 l’âge de l’époque messianique

Ces époques peuvent s’expliquer de la manière suivante : depuis le 1er jour de l’existence de l’homme, la Torah fut offerte à l’humanité avec d’autres sciences destinées à faciliter la vie de l’être humain. Si certains ont opéré un choix : celui d’ignorer HaShem et de se passer de la Torah, d’autres tels qu’Adam ou Noé et Shem l’un de ses enfants ont étudié la Torah, le tort qu’ils aient eu fut de rester statiques et de ne pas porter l’enseignement vers l’extérieur au contraire d’Abraham qui ne se contentait pas d’étudier et ce prier mais il « diffusait » la Torah en enseignant les populations voisines. Depuis toutes ces années l’enseignement toranique a progressé.

Ainsi commence la sidra de cette semaine : LEKH LEKHA ce qui signifie Pars (Va) pour Toi. En fait nous savons que cette injonction est la première des dix épreuves que subira Abraham depuis le départ de Chaldée jusqu’au moment culminant de la ligature d’Isaac.
Ce départ qu’ordonne HaShem de ce premier serviteur qu’est Abraham par ces deux mots qui se ressemblent en tous points est porteur de significations et de promesses : en effet, לך-לך ces deux mots sont reliés par un trait d’union ce qui veut faire comprendre que ce premier pas dans la direction que D. indique sera suivi d’un effet supplémentaire et complémentaire qui sont inséparables. Le second dépend du premier.
D’autre part en guemara nous savons que les lettres ont une valeur numérique et lekh équivaut à 30+20=50 et en double cela équivaut à 100 c’est-à-dire : Abram, tu vas partir de ce berceau dans lequel tu es né et tu as commencé à deviner le Tout Puissant et, lorsque tu auras 100 ans, tu seras consacré Père de la Nation juive à venir !!
Ces deux mots donnent une autre allusion en guematriya ketana où les chiffres perdent leurs zéros et où 50 devient 5 qui est la valeur de la lettre ‘hé (ה’) et donc, de là nous apprenons que Abram et Saraï deviendront AbraHam et SaraH car c’est avec l’insigne divin qu’ HaShem va les consacrer à la tête du pays. Puisqu’HaShem va partager entre les deux membres du couple le youd situé à la fin du nom de Saraï pour le partager en 2 ‘hé. Dans le même ordre d’idées lamed est 3 et kaf 2 = 5.
Mieux encore : en guematriya guedola les lettres finales de l’alphabet sont des centaines ainsi le khaf sofi équivaut à 500 ou le mem sofi à 600, le noun sofi à 700 où le pé sofi à 800 et le tsadik sofi à 900 donc, le mot lekh équivaut à 530 soit multiplié par deux = 1060 d’où la phrase suivante : Abram HaIvri ohev (écriture défective) HaShem, Saraï. = 1060.
Les Pirké Avoth qualifient la guematriya de « parperaouth laTorah » c’est-à-dire que c’est une approche sympathique/poétique/légère de la Torah mais il est certain que ce n’est pas par hasard que les calculs sont faits et l’on peut soudainement saisir un autre sens…., ce sont des approches possibles qui permettent d’accéder à un autre niveau le sens caché des choses…
Le premier hébreu nommé explicitement comme nous le verrons dans le courant de cette parasha (lorsque dans Bereshit XIV, 13 Abram est désigné comme Abram HaIvri ) est Abram, cet homme qui a franchi la frontière qui sépare l’impureté de la sainteté et donc la Chaldée, ce qui sera Babylone, vers le pays de Canaân qui est devenu le pays d’Israël.
Cette séparation d’avec Térah sera suivie de la séparation d’avec Loth, le neveu d’Abram. Loth qui fera l’inverse d’Abram puisqu’il va revenir en arrière : au lieu d’aller et de continuer à aller de l’avant et de progresser dans le chemin que lui a montré le futur patriarche, Loth va revenir en arrière vers le pays d’avant : il se tourne vers kedem c’est-à-dire non pas seulement vers l’orient mais encore vers la culture de la civilisation de laquelle il ne s’est pas séparé. La lutte qui existe entre Abram et Loth est celle du bien contre le mal. Abram, par vision prophétique verra que de Loth viendra le Messie (l’une des deux filles de Loth étant la mère de Moav d’où est issue Ruth, « grand-mère » du Mashiah.
Les quatre rois qu’Abram vainc dans la sidra sont  : Amrafel, Ariokh, Kedarlaomer et Tidal. D’après la tradition Amrafel, Hamourabi et/ou Nimrod sont un seul et même roi. Ils représentent les 4 empires qui vont asservir Israël au cours de l’Histoire ainsi que le décrit le Maharal de Prague : Babel, Parass, Yavane et Roma = Babylone, Perse, Grèce et Rome. C’est-à-dire le « bloc » d’Ismaël et le bloc d’Essav ou Edom, nos frères et ennemis de toujours.
Abram est donc parti de Haran avec « les âmes qu’il a faites ». Abram a enseigné le monothéisme à tous ceux qui l’entouraient et pour lesquelles la Torah précise qu’il les a « faites » c’est-à-dire qu’il les a formées aux normes du judaïsme et non seulement il les a formées mais souligne bien le texte : il les a « élevées » car en abandonnant l’idolâtrie pour devenir les serviteurs du D Un ils ont élevé leurs âmes et leurs instincts vers la sainteté. C’est également en ce sens qu’Abram a eu le mérite d’être Abram HAIVRI car il est demeuré « à part », il a dépassé les autres et il est donc passé « méêver » au-delà.
Entre autres épreuves Abram qui est le premier à quitter son lieu de naissance pour prendre possession du pays de Canaân, doit subir la famine et se mesurer avec un premier « exil ».
La famine raâv en hébreu est un mot composé des mêmes lettres que le mot êver (ivri) רעב עבר/עברי . Rashi commente cet évènement de la façon suivante : D a voulu imposer cette famine à Abram qui, à peine arrivé en Canaân s’est vu dans l’obligation de s’éloigner de ce pays pour aller en Egypte trouver de la nourriture et pouvoir constater alors si Abram se révolterait et repartirait vers son pays d’origine. Le thème de la famine est souvent exposé dans la Bible. Et, il est utilisé toujours pour pouvoir éprouver les protagonistes.
Demeurant encore sans enfant Abram, sur les recommandations de Saraï, devient père d’Ismaël en prenant Hagar pour concubine mais, ce n’est qu’après ceci qu’HaShem ajoute la lettre HE aux noms d’Abram et de Saraï qui deviendront les parents d’Isaac. La lettre HE qui est le symbole du D. Créateur et de Miséricorde.

Caroline Elishéva REBOUH

 

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Habibi

Quand l’humain est enfermé et borné par son mental, celui-ci crée des systèmes mentaux plus ou moins illusoires qui lui font croire à un redimensionnement..mais qui en réalité ne font que nuancer une situation d’enfermement… qui perdure, sans réel passage au-delà. Seule la mise à sa juste place du mental humain par la naissance à l’Etat méditatif, telle qu’elle est pratiquée de manière fondatrice essentiellement dans les spiritualités hindoue et extrêmes orientales et et de manière marginale par quelques pratiques des spiritualités dites du Livre permet la percée et le passage aux états supra-individuels et à la connaissance directe. Et seuls ces états supra-individuels permettent des commentaires réellement pertinents et éclairés de tous les textes dits sacrés des Traditions spirituelles de l’Humanité, avec ce paradoxe que, ces états étant réalisés par un être humain, les textes sacrés ne lui sont plus que d’une importance très relative.

Marco 22

Bonjour Habibi,

Certes, la Bible a été écrite par des hommes mais ils ont écrit sous l’action de l’Esprit-Saint. Par conséquent, contrairement aux autres textes religieux, il n’y a pas d’erreurs, de mensonges dans la Bible car c’est un livre inspiré de Dieu.

Maintenant, si vous voulez un accès direct à Dieu, si vous voulez avoir une relation personnelle avec Lui, tout dépend de vous cher Habibi.

Que voulait dire Moïse aux Hébreux par: « Vous circoncirez donc votre coeur… » ? Dev 10.16

Et Jérémie: »Circoncisez-vous pour l’Eternel, circoncisez vos coeurs, hommes de Juda et habitants de Jérusalem » ? Jér 4.4

Il ne suffit pas de croire en l’existence de Dieu, il faut aussi accepter Dieu dans son coeur, dans sa vie et c’est ainsi que Dieu se révèle à vous et une relation s’établit entre vous et Lui.

D’ailleurs, Jérémie n’a-t-il pas dit: » Vous me chercherez et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre coeur ». Jér 29.13