Il y a ceux qui les nomment, ceux qui ont peur de les nommer, ceux qui les surnomment , et ceux qui ne savent pas les nommer. Les musulmans qui tuent, qui assassinent, qui décapitent, qui égorgent , qui barbarisent des sociétés sont appelés des islamistes. il n’y a pas d’équivalent pour les autres religions, il n’y a pas de « christianiste  » ni de « judaïste ». Et s’il y a le judaïsme comme étant la pratique religieuse juive, le christianisme comme étant la pratique religieuse chrétienne, l’islamisme n’est pas ou ne serait pas la pratique religieuse de l’islam mais d’une religion autre. Islam et islamisme seraient deux termes différents, pour ne pas faire d’amalgame. Drôle de société qui invente des mots, qui sont les reflets de ses peurs de ses fantasmes, de ses hontes de ses trahisons et de sa lâcheté surtout.

Entre temps des milliers voire plutôt des millions de morts sont dus à ces guerres menées au nom de l’Islam, comme en Algérie, Iran, Irak, Syrie, Liban, Libye, Sahel Afghanistan, Pakistan etc. etc.

Ici, il est juste question des attentats….

La date du 13 novembre reste marquée dans les mémoires comme une date douloureuse. Le procès des attentas a démarré il y a quelques semaines. Il y a 6 ans jour pour jour, un terrible drame ensanglantait la France, une nouvelle fois. Des dizaines de personnes ont été abattues par un groupe de terroristes islamistes.  

Depuis l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge, en 1979, le monde est ébranlé par le terrorisme djihadiste. En quarante ans, les attentats islamistes se sont multipliés, atteignant jusqu’au cœur des pays occidentaux, New York, Madrid, Londres, Paris, mais aussi Moscou, etc. Installant des sentiments de peur et de méfiance, par la violence aveugle et sa répétition le terrorisme islamiste alimente ou renforce les demandes d’autoritarisme et de fermeture que l’on voit monter en puissance dans les démocraties.

Mais avons-nous mesuré la réalité de cette violence qui nous inquiète tant ? Certes, nous savons que c’est aux États-Unis, le 11 septembre 2001, qu’a eu lieu la série d’attaques la plus meurtrière de l’histoire du terrorisme. Nous savons peut-être aussi qu’en Europe la France est le pays le plus touché. Nous devinons que la violence islamiste frappe plus souvent, plus durement encore, hors du monde occidental. Mais on ne peut dire qu’ainsi nous savons évaluer la violence islamiste.

La Fondation pour l’innovation politique a voulu contribuer à cette évaluation. Depuis le printemps 2018, nous œuvrons à la tâche de quantifier le terrorisme islamiste, de repérer les formes qu’il a pu prendre au fil de ces décennies, de recenser les actes qu’il a pu inspirer ou initier, d’estimer le nombre de ses victimes, d’identifier les organisations les plus meurtrières et les pays les plus meurtris.

Pour ce faire, nous avons collecté une très grande quantité d’informations, au point de construire une volumineuse base de données. Elle est disponible en open data sur notre site data.fondapol.org.

Nous pensons que la masse d’information recueillie éclaire sous un jour nouveau le phénomène de la violence islamiste. Elle permet de mieux la décrire, de mieux la comprendre, d’en documenter la gravité. Ainsi, à titre d’illustration, nous pouvons établir qu’entre 1979 et 2019, au moins 33.769 attentats islamistes ont eu lieu dans le monde. Ils ont provoqué la mort d’au moins 167.096 personnes. Nous pouvons dire aussi que les attentats islamistes représentent 18,8% de la totalité des attentats commis dans le monde, mais qu’ils sont responsables de 39,1% des vies perdues à cause du terrorisme ; ou encore, qu’au cours des années étudiées, on note une intensification de cette violence et que la période la plus meurtrière est la plus récente : à partir de 2013, selon nous, l’islamisme est devenu la cause principale (63,4%) des morts par terrorisme dans le monde. Nous identifions et quantifions les modes opératoires, les cibles. La vision du phénomène s’améliore, l’image devient plus claire. Nous montrons ainsi que la plus grande partie des victimes du terrorisme islamiste sont des musulmans (91,2%).

Une carte interactive de ces attentats est accessible sur fondapol.org.

Une évaluation de la violence islamiste dans le monde de 1979 à 2019, par Dominique Reynié.

En France, sur une période récente, depuis le premier des attentats perpétrés par Mohammed Merah, le 11 mars 2012, on recense 47 actes terroristes, soit un attentat meurtrier tous les deux mois, ayant coûté la vie à au moins 280 personnes. Lors du discours prononcé à la préfecture de police de Paris en hommage aux victimes de l’attentat du 3 octobre 2019 1, le président de la République Emmanuel Macron a notamment déclaré : « L’administration seule et tous les services de l’État ne sauraient venir à bout de l’hydre islamiste. Non, c’est la Nation tout entière qui doit s’unir, se mobiliser, agir. Nous ne l’emporterons que si notre pays qui est venu à bout de tant et tant d’épreuves dans l’histoire se lève pour lutter contre cet islamisme souterrain qui corrompt les enfants de France. Une société de vigilance, voilà ce qu’il nous revient de bâtir. La vigilance, et non le soupçon qui corrompt. La vigilance : l’écoute attentive de l’autre, l’éveil raisonnable des consciences. C’est tout simplement savoir repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement avec les lois et les valeurs de la République 2. »

La figure de l’hydre désigne un danger réapparaissant alors que l’on pensait en venir à bout. Quelles que soient les conclusions de l’enquête sur les motivations du tueur du 3 octobre 2019, l’observation des faits donne raison sur ce point au président de la République comme le montre le résultat de nos recherches.

C’est aux États-Unis, il y a moins de vingt ans, le 11 septembre 2001, qu’a eu lieu la série d’attaques la plus meurtrière de l’histoire du terrorisme, avec 3.001 morts et 16.493 blessés3 . En Europe, en quarante ans, outre la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, Chypre, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la Géorgie, la Grèce, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, Royaume-Uni, la Suède et la Suisse, sans oublier la Russie, ont déjà été frappés, parfois à plusieurs reprises. C’est néanmoins en dehors du monde occidental que les pays ont subi la violence islamiste plus souvent et plus durement encore.

1 – 1979, l’année critique.

Nous nous sommes demandé s’il était possible de connaître l’ampleur de la violence islamiste dans le monde, d’en faire le recensement et d’en partager les résultats avec les publics intéressés sous la forme d’une base de données accompagnée de la présente étude. Pour mener à bien un tel travail, il fallait préalablement déterminer le point de départ du recensement, puis identifier les sources les plus fiables, les examiner et les valider, traiter ensuite les données recueillies, présenter les principaux enseignements et, enfin, mettre à la disposition du public les informations ainsi collectées.

Nous avons décidé de faire commencer la collecte des données à partir de l’année 1979. Cette année est retenue par la plupart des spécialistes parce qu’elle solde l’échec historique du nationalisme arabe concurrencé par les mouvements d’islamisation et d’affirmation du djihadisme 4. Cette même année, un certain nombre d’événements précipitent cette évolution : l’intervention militaire soviétique en Afghanistan, la révolution iranienne, la signature des accords de Camp David et la prise d’otages de la Grande Mosquée de La Mecque par un groupe de fondamentalistes islamistes, en novembre-décembre 1979 5. Pour Gilles Kepel, ce qui se déroule cette année-là est le résultat de « la lutte acharnée que se livrent la monarchie saoudienne et l’Iran de Khomeini 6 », mais elle est en même temps le moment d’une nouvelle confrontation indirecte entre l’URSS et les États-Unis : « Le jihad que financent dans ce pays [l’Afghanistan] les pétromonarchies de la péninsule Arabique et la CIA a pour but explicite d’infliger à l’Union soviétique […] un “Vietnam” qui précipite sa chute. À l’échelle de l’islam, il a aussi pour fonction de détourner les militants radicaux du monde entier de la lutte contre le Grand Satan américain – à laquelle les incite Khomeini – et de les canaliser contre l’URSS. Le jihad afghan a une importance cardinale dans l’évolution de la mouvance islamiste à travers le monde. Il en devient la cause par excellence, à quoi s’identifient tous les militants, modérés comme radicaux. Il supplante, dans l’imaginaire arabe, la cause palestinienne et symbolise le passage du nationalisme à l’islamisme 7. »

2 – Définition du terrorisme

Comme nombre de notions, le terrorisme est l’objet de définitions controversées. Dans cette note, nous entendrons par « terrorisme » les actes politiques répondant au principe et aux critères retenus par le National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism (START). Dans ce cadre, l’acte terroriste est présenté comme « la menace de l’usage ou l’usage effectif de la force et de la violence illégales par un acteur non étatique afin d’atteindre des objectifs politiques, économiques, religieux ou sociaux, par la peur, la coercition ou l’intimidation 8 ». Cette définition se prolonge dans l’énumération d’un ensemble de caractéristiques précisant la nature de l’acte terroriste :

  • il doit être intentionnel et résulter d’un calcul conscient de la part de son auteur;
  • il doit comprendre un certain niveau de violence ou de menace de violence imminente, qu’il s’agisse de violence physique ou matérielle;
  • les auteurs de l’incident doivent être des acteurs non étatiques 9.

Pour être inclus dans la base de données, un événement doit de plus satisfaire au moins deux des critères suivants :

  • l’acte violent doit viser un objectif politique, économique, religieux ou social;
  • l’acte doit résulter d’une intention de coercition, d’intimidation, ou être motivé par la volonté de propager un message économique, politique, religieux ou social à destination d’une audience plus large que celle que représentent les victimes immédiates ; ce qui compte est l’intention de ceux qui ont planifié l’attentat ou de ceux qui ont pris la décision de l’exécuter;
  • l’action doit se distinguer des activités considérées légitimes en temps de guerre. L’acte doit transgresser le cadre défini par les règles internationales à finalité humanitaire, notamment celles concernant l’interdiction de cibler intentionnellement des civils ou des non-combattants.

Notre contribution s’intéresse spécifiquement aux actes terroristes accomplis par des organisations ou des individus se réclamant de l’islamisme. Le critère définissant une action terroriste et selon lequel « l’acte violent doit viser un objectif politique, économique, religieux ou social » doit donc être précisé. Il est considéré comme essentiel à notre recensement et concerne les attentats qui ont fait l’objet d’une revendication islamiste ou à propos duquel les informations disponibles permettent de savoir qu’il a été planifié, décidé et accompli au nom de l’islamisme.

3 – Définition de l’islamisme.

Pour les historiens, «  islamisme  » est un terme « employé à la fin du xixe  siècle pour désigner l’islam en tant que religion et civilisation, mais qui a pris récemment une nouvelle acception d’islam militant fondamentaliste, traditionaliste et prosélyte 10 ». Désormais, l’islamisme désigne « une tendance qui consiste à exiger l’application stricte des prescriptions de la loi religieuse ou chari’a dont il considère que certaines avaient été abandonnées, de même que les principes de la foi, par divers gouvernements modernes des pays musulmans, notamment sous l’influence des pays européens, des idéologies occidentales et des mouvements réformistes 11 ». Il s’ensuit de cette évolution que les défenseurs d’une telle conception de l’islam, les « islamistes », prônent le djihad, « d’une part, dans leur propre pays contre les “mauvais” musulmans et les gouvernants corrompus de manière à instaurer, si besoin est, un État purement islamique, d’autre part, de façon plus générale, contre les valeurs séculières qui dominent le monde non musulman 12 ». Les mêmes auteurs considèrent que l’islamisme présente beaucoup d’analogies avec le mouvement des Frères musulmans 13.

Il existe de nombreuses autres définitions de l’islamisme, souvent très détaillées. Pour compléter sans compliquer exagérément, on peut notamment se référer à la définition proposée par Edward Walker, en raison de sa relative clarté et de sa concision : « Par “islamisme”, j’entends l’idéologie politique normative qui a pour programme central l’établissement de l’islam comme religion d’État et l’application de la loi islamique (shari’a). L’islamisme militant désigne toute forme d’islamisme qui préconise le recours à la violence pour atteindre ses objectifs. Cette même distinction est faite par les islamistes eux-mêmes, qui se réfèrent, d’une part, aux “partis de l’appel islamique” ou al-da’wa al Islamiyya – soit les groupes islamistes qui ne prônent pas la violence – et, d’autre part, aux “partis de la révolution musulmane” ou al-thawra al-Islamiyya – soit les groupes islamistes qui préconisent la violence14. » Constatant qu’il n’existe pas de définition universellement acceptée de l’islamisme, certains chercheurs le caractérisent comme une idéologie selon laquelle :

  • l’islam n’est pas seulement une religion mais aussi un système sociopolitique holistique;
  • la charia (islamique) doit devenir la loi de l’État;
  • il existe une communauté musulmane transnationale, l’oumma, qui doit s’unir pour former un bloc politique;
  • il faut instaurer un État « islamique », ou califat, au sein duquel le pouvoir souverain appartiendra à Dieu 15.

4 –Une base de données mondiale des attentats islamistes de 1979 à 2019.

C’est dans le cadre de ces définitions que nous avons conçu ce travail et que nous en proposons ici le résultat sous la forme d’une base de données répertoriant les attentats islamistes perpétrés dans le monde depuis le 27 décembre 1979. Les données intégrées dans notre base ne vont pas au-delà du 31 août 2019, compte tenu du temps nécessaire à la validation et au traitement des informations recueillies. En effet, si les attentats qui ont lieu dans les pays occidentaux ont une visibilité considérable, en raison de l’impact plus grand que peut avoir la violence dans des sociétés plus pacifiées, de leurs capacités à produire rapidement des données fiables et d’une présence médiatique particulièrement dense, il n’en va pas de même pour les attentats qui ont lieu, beaucoup plus souvent, dans d’autres parties du monde où tous les processus de repérage et de renseignement deviennent plus longs sans pouvoir être aussi performants. Dès lors, la validation et la classification des événements pertinents supposent un travail qui excédait le terme que nous devions nécessairement nous fixer pour rendre possible cette publication.

Pour mener à bien notre recherche, nous avons utilisé trois types de sources : le recueil d’informations sur les attentats depuis 1979 via les moteurs de recherche, le croisement des bases de données existantes et les recherches académiques. Il existe en effet diverses bases de données sur les attentats en général et sur les attentats islamistes en particulier 16. Toutes les bases de données en circulation nous ont été utiles pour confirmer ou enrichir le travail que nous étions en train d’effectuer 17. Cependant, la plupart des bases de données accessibles sont très incomplètes ou très inégalement renseignées. Dans certains cas, l’information peut être abondante à propos d’un pays, d’une région, d’une année ou d’une période, généralement très courte, puis très pauvre ou inexistante pour une autre année ou un autre pays. On le constate sur Wikipédia, où l’on trouve des données par année ou par thème, mais très lacunaires, très fragmentées et sous une forme qui ne permet pas le traitement statistique. C’est pourquoi notre source initiale a été la Global Terrorism Database (GTD) réalisée par l’université du Maryland, aux États-Unis 18. Cette base de données gigantesque compile les attentats terroristes entre 1970 et 2017. La valeur de cet ensemble est de recenser les attentats quelle que soit leur motivation. Cette richesse a été aussi pour nous le principal défi à relever, puisqu’il a fallu extraire les attentats de type islamiste des 171.787 attentats recensés dans le monde de 1979 à 2017. Nous avons donc préalablement réalisé un travail de sélection, de vérification et de classification des données contenues dans la GTD. Nous avons dû ensuite la compléter par nos informations, en particulier pour l’année 1993 19. Nous avons travaillé sans la GTD pour les années 2018 et 2019 puisqu’elles n’étaient pas renseignées 20.

Pour chaque attentat islamiste présent dans notre base de données, nous avons renseigné les points suivants :

  • la date;
  • la localisation de l’attaque : pays, ville, lieu exact quand il est possible de l’identifier;
  • le nombre de morts confirmés et le nombre de blessés, y compris les attaquants ; il importe de signaler ici que le nombre de personnes blessées est à l’évidence très sous-estimé par les informations disponibles ;
  • le ou les auteur(s) de l’attentat ;
  • le ou les type(s) de cibles ;
  • le ou le(s) type(s) d’attaque(s) dont il s’agit ;
  • le ou le(s) type(s) d’arme(s) utilisé(es).

5 –Pourquoi notre étude sous-estime cependant la réalité de la violence islamiste.

Il n’est évidemment pas possible de prétendre proposer une base de données exhaustive des attentats islamistes commis dans le monde entre 1979 et 2019, et ce pour un ensemble de raisons détaillées ci-après.

a/ Un certain nombre d’attentats n’ont pas été répertoriés. Quels que soient les efforts déployés, il est certain qu’un nombre significatif d’attentats relevant de la catégorie islamiste n’ont pas pu être répertoriés, que ce soit sur l’ensemble de la période concernée ou que ce soit pour les années 1993, 2018 et 2019.

b/ Un certain nombre d’attentats ne figurent pas dans notre « estimation retenue » lorsque la motivation religieuse n’est pas clairement prépondérante dans une combinaison impliquant une autre détermination. Le terrorisme islamiste s’inscrit en effet dans des contextes à la fois singuliers et complexes qui rendent parfois difficile le recueil de données fiables. C’est notamment le cas dans des situations de guerres, civiles ou internationales, de luttes séparatistes ou indépendantistes et de conflits territoriaux qui perdurent sur de longues périodes, où les causalités sont mouvantes ou inextricables, comme autour de la question palestinienne, tandis que, dans un tout autre cadre, en Thaïlande par exemple, un mouvement séparatiste conduit une minorité musulmane à s’impliquer par les armes au nom d’objectifs qui peuvent atteindre, au-delà de la revendication politique, une dimension religieuse.

c/ La motivation islamiste n’est pas toujours identifiée. Les données disponibles ne permettent pas toujours aux agences de presse d’imputer l’attentat à la cause islamiste, et ce d’autant plus que le pays victime de l’attentat est caractérisé par la faiblesse de ses structures administratives. La non-revendication peut augmenter la probabilité pour qu’un attentat ne soit même pas répertorié par les agences ou que cette information n’atteigne pas la presse.

d/ Le nombre des morts différées est pratiquement inconnu. Or il est certainement très important. Dans la mesure où les victimes succombant à leurs blessures ultérieurement à l’attentat ne sont presque jamais mentionnées dans les informations disponibles, il est impossible de connaître leur nombre avec exactitude. Il est donc également impossible d’intégrer ces morts dans notre base de manière fiable. Ainsi, selon notre base de données, nous relevons au moins 167 096 morts et 151431 blessés, soit un nombre de blessés inférieur au nombre des tués. Or si nous considérons trois cas d’attentats, chacun menés avec des moyens différents, dans deux pays où la qualité de l’information est excellente, nous observons un rapport tout à fait inverse entre le nombre des morts et le nombre des blessés : aux États-Unis, pour les attentats du 11-Septembre, on dénombre cinq fois plus de blessés (16.493) que de morts (3.001) ; en France, lors des attentats du 13 novembre 2015, il y a eu trois fois plus de blessés (413) que de morts (137) ; à Nice, lors de l’attentat du 14 juillet 2016, il y a eu cinq fois plus de blessés (458) que de personnes tuées (87). Ces informations nous incitent à penser que le chiffre des blessés est très supérieur à celui de notre base de données. Il est certain que les pays pauvres, qui sont ceux où se déroulent la plupart des attentats, n’ont pas la même capacité à repérer et à prendre en charge les personnes blessées lors d’une attaque. Une partie de ces blessés ne sont probablement même pas comptabilisés, tandis que d’autres meurent de leurs blessures après un certain temps en raison de l’insuffisance ou de la fragilité des systèmes de secours et des institutions de santé. Si l’on appliquait au nombre des blessés indiqué dans notre base de données (151.431) les ratios des trois attentats pris en exemple, il faudrait corriger ce chiffre en le multipliant par trois (454.293) ou par cinq (757.155).

e/ Pour ces quatre raisons, nous proposons au lecteur deux types de quantification de la violence islamiste, sous la forme d’une « estimation retenue » et d’une « estimation possible ». L’« estimation retenue » résulte du recensement des attentats au cours de la période 1979-2019 dont la motivation islamiste ne fait pas de doute. L’« estimation possible » résulte du recensement des attentats susceptibles d’être qualifiés d’islamistes, en incluant certains actes terroristes relevant également de logiques séparatistes, politiques ou sociales, qui rendent plus difficiles l’imputation à une motivation exclusivement ou principalement islamiste. Dans tous les cas, le nombre des victimes, morts ou blessés est sensiblement inférieur à une réalité que l’on ne connaîtra pas plus précisément.

FONDAPOLL 

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