Bernard Cazeneuve a annoncé, mercredi matin au Conseil des ministres, une nouvelle méthode de relations en l’État et les musulmans de France.    

Quand la machine bloque, il faut trouver une solution pour lui redonner de l’élan. Depuis 2012, le gouvernement socialiste ne sait comment s’y prendre avec le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). Quand cette organisation n’affronte pas une crise extérieure comme celle des attentats de janvier 2015, elle passe son temps à gérer ses crises internes, les unes après les autres. Elles sont structurelles et récurrentes. Elles sont liées non pas à un islam de France mais à des islams établis depuis longtemps en France mais encore tributaires de leurs appartenances d’origines: algérienne, marocaine et turque, elles ne s’entendent pas. Quand il était ministre de l’Intérieur, Manuel Valls avait plutôt délaissé ce dossier. Depuis les attentats de janvier, Bernard Cazeneuve, son successeur, a décidé de reprendre l’initiative. La question de l’islam est devenu pour lui un «axe majeur», estime son entourage.

L’Islam de France n’existe pas. Il y a des « islams » tributaires des pays d’origine, et qui le resteront pour des raisons culturelles  voire des financières. Cet état de fait continue d’échapper au gouvernement Français, et à la classe politique française.

 

Le CFCM, imposé par Sarkozy, a pris en otage le recteur Dalil Boubakeur comme étant la seule personnalité présentable de l’islam en France et non de France. Les autres membres composant la direction du CFCM ne sont pas vraiment intéressés par une organisation qui les obligerait à rompre avec leurs traditions, uniquement pour satisfaire à des valeurs auxquelles ils n’adhèrent pas.

 Aller chercher des intellectuels, présentables, pour représenter l’Islam, qui par définition rejette la culture occidentale, est un non-sens. On persiste en France à croire que les schémas judéo-chrétiens sont applicables à l’Islam. Or tout le monde sait bien que même les gouvernements arabes n’arrivent à imposer ces normes dites occidentales, et le retour en arrière brutal qu’ont connu la Tunisie et l’Égypte en disent long sur cette difficulté. Dans les deux cas, après deux années de crise, les avancées vers la démocratie, et les principes, qui fondent la civilisation judéo-chrétienne, ne sont pas acquis ni admis par ces pays. Quant aux autres, ils s’entretuent au nom de principes barbares, et étendent cette barbarie à l’ensemble du monde, comme en témoignent les derniers assassinats commis en Europe, et surtout en Afrique et au Moyen-Orient.

 C’est toute une évolution de l’Islam, des textes et de la pensée religieuse, qu’il faut attendre, mais cette réforme en l’état n’est pas possible. Ce qui est étonnant, c’est cette myopie, qui ne relève pas de l’utopie , mais de la volonté de ne pas vouloir ouvrir les yeux, tant la peur d’affronter une périlleuse réalité, et surtout sa responsabilité après tant années d’aveuglement..

 Le concept est simple. Il est inspiré d’une expérience fructueuse entre l’Etat et l’Eglise catholique. Depuis 2002 – c’était sous le gouvernement Jospin- , le premier ministre et les ministres concernés reçoivent une fois par an les plus hauts responsables de l’Eglise catholique. Cela s’appelle «l’instance Matignon». Cet espace de dialogue volontiers utilisé par la droite comme par la gauche, permet effectivement de débloquer les dossiers les plus épineux avec un succès certain. Une modalité qui a aussi l’avantage de respecter la laïcité la plus stricte tout en fluidifiant les relations.

Stimuler «toutes les composantes» de l’islam

Cette méthode de relations va désormais être pratiquée, une à deux fois par an, selon les besoins, avec les musulmans mais sous l’égide du ministère de l’intérieur qui est aussi chargé des cultes. Bernard Cazeneuve a d’ailleurs repris le terme «d’instance de dialogue» pour présenter les grandes lignes de ce projet, mercredi matin, au Conseil des ministres.

Il ne s’agit pas de marginaliser le Conseil Français du Culte Musulman, insiste-t-on dans son entourage. Créée en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, sur une idée de l’un de ses prédécesseurs socialistes, Jean-Pierre Chevénement, le CFCM demeure «l’interlocuteur privilégié» de cette nouvelle instance. «Il est même en première ligne» explique un conseiller du ministre. Mais le gouvernement voudrait voir autour de la même table «tous ceux qui ne sont pas ou qui ne se sentent pas représentés par le CFCM». Des grandes mosquées par exemple, des personnalités qualifiées de l’islam, intellectuels ou autres, de façon à élargir la consultation et stimuler «toutes les composantes» de l’islam de France à travailler plus efficacement. Il ne s’agit en aucun cas, martèle-t-on Place Beauvau, de prendre des décisions «à la place de l’islam» mais plutôt de faciliter et d’encourager une dynamique.

Une simple fonction symbolique de representation publique de l’islam?

Il semble bien pourtant – à moins d’un réveil brutal de ce conseil – que le CFCM va se voir, de facto, désaisi d’une séries de dossiers qu’il avait pourtant l’ambition de porter à maturité: la formation de imams, l’abattage rituel, le financement des mosquées mais aussi le dialogue interreligieux. Ce sont, en tous cas, les thématiques qui pourraient figurer à l’ordre du jour de la première réunion de cette nouvelle instance de dialogue. Elle devrait intervenir, selon le cabinet du ministre, «avant le début du Ramadan», donc avant le 17 mars prochain. Bien que considéré comme un partenaire de poids, le CFCM pourrait très vite se retrouver, s’il ne réagit pas, dans une simple fonction symbolique de representation publique de l’islam.

Car les services administratifs du ministère de l’intérieur ont déjà demandé à toutes les préfectures de repérer sur le terrain qui sont les personnalités importantes de l’islam de France ou les associations qui ne seraient pas actuellement représentées dans le CFCM afin de les inviter à cette table ministérielle ouverte où l’avenir de la seconde religion de France va, en partie, se décider.

Formation à la laïcité pour les imams

Au delà de cette annonce, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a également confirmé deux autres axes de sa politique. Le premier touche la sécurité des lieux de culte. Un préfet a été nommé spécialement en janvier à la suite des événéments pour coordonner cette question mais mille policiers, selon le ministère, surveillent actuellement les mosquées. Sans compter le déblocage de financements en vue d’installer des systèmes de protection fixes, dont des caméras de surveillances de façon à mieux sécuriser les mosquées.

L’autre volet touche la question de la «connaissance» de l’islam. Selon deux directions: connaissance «des règles de la République» par les imams notamment ; meilleure connaissance de l’islam par la communauté nationale.

Pour ce qui est de la formation des imams, l’Etat souhaite doubler d’ici à la fin de l’année les six centres universitaires délivrant actuellement des «formations civiles et civiques» sous la forme de diplômes universitaires (DU) afin que des imams, déjà formés sur le plan religieux, puissent y compléter leur formation à la laïcité. Le gouvernement entend également vérifier que cette formation – et ouverture à la laïcité – soit également dispensée dans des écoles confessionnelles musulmanes, sous contrat et hors contrat.

Enfin et pour améliorer la connaissance de l’islam dans le grand public, le gouvernement vise, sur la base de la «Fondation pour les oeuvres de l’islam de France» (elle avait été créée, en 2005, pour contrôler les financements des mosquées), élargir son objet à «la promotion de l’islam» sous l’angle «cultuel» mais aussi «culturel». En développant notamment, la recherche universitaire mais aussi toute initiative qui contribuerait à offrir à tous les citoyens français, croyants ou non, une meilleure connaissance de la deuxième religion de France.

Le Figaro

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martin54

ils veulent vraiment faire de la france une nation musulmane.
je ne crois pas qu’il y ai la réciproque dans les pays musulmans.
l’aveuglement touchera bientot a son comble.