L’aide de camp de Trump tente de dissiper les inquiétudes israéliennes concernant le retrait de Syrie
Le conseiller à la sécurité nationale, Bolton, devrait assurer au Premier ministre Netanyahu que l’administration Trump soutiendra très fortement les frappes israéliennes contre des cibles iraniennes dans la région et que certaines forces américaines resteront en Syrie même après le retrait des troupes américaines.
Israeli prime minister Benjamin Netanyahu (not seen) holds a joint press conference with National Security Advisor of the United States John Bolton, at PM Netanyahu’s office in Jerusalem. August 20, 2018. Photo by Ohad Zweigenberg/POOL***POOL PICTURE EDITORIAL USE ONLY/NO SALES*** *** Local Caption ***

La Maison Blanche a envoyé le conseiller à la sécurité nationale John Bolton en mission pour apaiser les inquiétudes d’Israël sur la décision du président Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie.

Le retrait annoncé avant Noël devait initialement s’achever dans quelques semaines, mais le calendrier a ralenti, le président ayant accédé aux demandes de ses assistants, alliés et membres du Congrès pour un retrait plus ordonné.

Bolton a prévu de rencontrer le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et d’autres responsables dimanche avant de se rendre en Turquie. Les responsables israéliens ont exprimé leur inquiétude qu’un retrait rapide des quelque 2 000 soldats environ pourrait permettre à l’Iran d’étendre son influence et sa présence en Syrie, ravagée par une guerre civile qui durait depuis plusieurs années et le djihadisme de l’État islamique.

Le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, et le Premier ministre, M. Netanyahu (Photo: Amos Ben Gershom GPO)

Le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, et le Premier ministre, M. Netanyahu (Photo: Amos Ben Gershom GPO)

 

La démarche de Trump a suscité des craintes quant à la préparation d’un assaut turc contre des combattants kurdes en Syrie qui ont combattu aux côtés des troupes américaines contre les extrémistes de l’EI. La Turquie considère que les unités de protection du peuple kurde, ou YPG, sont un groupe terroriste lié à une insurrection à l’intérieur de ses propres frontières.

Un responsable de l’administration Trump a déclaré aux journalistes voyageant avec Bolton que Bolton avait l’intention de discuter du rythme du retrait, ainsi que du niveau des troupes américaines dans la région. Bolton devait expliquer que certaines troupes américaines basées en Syrie pour combattre l’EI se rendront en Irak avec la même mission et que certaines forces américaines pourraient rester dans un poste militaire clé à al-Tanf, dans le sud de la Syrie, pour contrer l’activité croissante de l’Iran dans la région.

Ce message a été envoyé à Londres, Paris et Berlin, dont les troupes sont stationnées dans le nord-est de la Syrie, dans des bases américaines. Ils comprennent plusieurs centaines de membres des forces spéciales (dont les forces françaises) et des unités de l’armée de l’air britanniques et des unités de renseignement et de l’armée de l’air allemandes. Ces déploiements sont inchangés.

Lors d’une conférence de presse avec les journalistes qui l’accompagnaient, Bolton a révélé les sujets qui alimenteraient ses entretiens avec le Premier ministre et ministre de la Défense, Binyamin Netanyahu, dimanche :

  1. Il confirmera qu’il n’y a pas de calendrier pour le retrait américain de la Syrie annoncé par le président Donald Trump le mois dernier.
  2. Bolton soulignera qu’aucune décision n’a été prise concernant le départ des troupes américaines de la base d’Al Tanf, près des frontières syriennes avec l’Irak et la Jordanie. Les sources militaires de DEBKAfile ajoutent : Bien que le retrait américain du nord de la Syrie soit définitif, son départ de la base stratégique al-Tanf est en suspens, selon un accord conclu entre les États-Unis et la Russie. Sa remise à Moscou dépend de certains engagements de la Russie. Le plus pressant étant un engagement d’interdire le passage des forces iraniennes ou pro-iraniennes entre l’Irak et la Syrie. Des conditions supplémentaires concernent le sud et l’ouest de la Syrie et les frontières avec Israël et la Jordanie.
  3. Israël et la Jordanie s’opposent en principe au retrait des forces américaines d’Al Tanf. La Jordanie craint que des groupes iraniens ou ses supplétifs chiites irakiens et libanais ne s’infiltrent dans le royaume, ce qui constituerait une menace imminente pour sa sécurité nationale.

Israël ne croit pas aux promesses russes de maintenir les frontières de la Syrie dégagées des troupes ennemies. Il y a six mois, lorsque l’armée syrienne avec le soutien aérien russe a pris le contrôle des positions tenues par les rebelles le long de la frontière israélienne, Moscou a garanti de tenir en échec la présence de l’armée iranienne dans des messages également adressés à Washington. Pourtant, à ce moment précis, les forces iraniennes et du Hezbollah ne sont pas stationnées à plus de cinq kilomètres de la frontière israélienne du Golan. En effet, la «brigade Abu Diab» vient de mettre en place une base de commandement à Tal Al-Hara, qui surplombe de vastes zones du Golan, y compris la ligne de positions de défense de Tsahal, et se trouve à 12 km du village frontalier israélien de Alonei Bashan. Cette brigade est composée d’officiers du corps des gardes de la révolution iraniens d’Al Qods,

Les sources de DEBKAfile ajoutent que rien n’a été convenu concernant le respect par Moscou des engagements qu’il avait pris lors de la conversation entre Netanyahu et le président Vladimir Poutine vendredi. Les discussions sur les conditions des vols de l’armée de l’air israélienne au-dessus de la Syrie n’ont pas non plus progressé. Cette question est cruciale, car toute la partie sud de la Syrie située le long des frontières israélienne et jordanienne, y compris la garnison américaine d’Al Tanf, se trouve à portée du bataillon de défense anti-aérienne de S-300 déployé par la Russie à Deir ez-Zour au cours de la première semaine du mois de Décembre.

Il est donc difficile de voir comment John Bolton parviendra à apaiser les inquiétudes israéliennes et jordaniennes quant aux dangers découlant du départ des troupes américaines.

Les États-Unis se sont déclarés préoccupés par la cyber-pénétration potentielle des entreprises chinoises. Le conseiller à la sécurité nationale abordera avec le Premier ministre une question qui préoccupe vivement Washington, à savoir la pénétration de la technologie chinoise en Israël et les investissements directs de la Chine dans le pays, en particulier dans le port de Haïfa, où le groupe portuaire international Co-SIPG de Shangaï a remporté un contrat de 25 ans pour l’exploitation d’un nouveau port. Les rôles des sociétés chinoises de télécommunication Huawei Technologies Ltd. et ZTE Corp. seront également évoqués.

Après avoir rencontré Netanyahu, Bolton se dirigera vers la Turquie. Lui et le secrétaire d’Etat américain Michael Pompeo sillonneront le Moyen-Orient au cours de la semaine prochaine. Pompeo visitera huit pays, dont l’Egypte et l’Arabie Saoudite.

Bolton devait également faire passer le message que les Etats-Unis soutiendraient « très fermement » les frappes israéliennes contre des cibles iraniennes en Syrie, selon ce responsable, qui n’était pas autorisé à discuter publiquement des projets de Bolton avant les réunions et qui a requis l’anonymat pour prévisualiser les entretiens.

Bolton a averti le président syrien, Bachar al-Assad, de ne pas se servir du retrait américain comme prétexte pour utiliser des armes chimiques contre des Syriens, affirmant qu’il n’y avait « aucun changement » dans la position américaine selon laquelle leur utilisation serait une « ligne rouge ». Trump a effectué à deux reprises des frappes aériennes en Syrie en réponse à de prétendues attaques chimiques, dans le but de dissuader Assad.

« Nous avons essayé à deux reprises, par le biais de la force militaire, de démontrer au régime d’Assad que l’utilisation d’armes chimiques n’est pas acceptable », a déclaré Bolton alors qu’il se dirigeait vers Israël. « Et s’ils ne tiennent pas compte des leçons tirées de ces deux frappes, la prochaine sera encore plus éloquente. »

L’annonce de Trump sur le retrait prévu des troupes a été accueillie avec surprise et des condamnations par de nombreux législateurs et alliés américains. Elle a provoqué la démission du secrétaire à la Défense Jim Mattis et de l’envoyé spécial américain McGurk pour la coalition anti-Daesh, en signe de protestation.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, suivra Bolton au Moyen-Orient la semaine prochaine pour une visite dans huit pays d’alliés arabes afin de renforcer le soutien des partenaires de l’administration dans la région.

Le président de l’état-major interarmées, le général Joseph Dunford, se joindra à Bolton en Turquie. Lors de réunions avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et d’autres responsables, ils devraient mettre en garde la Turquie contre une offensive visant les combattants kurdes en Syrie.

Presse associée | Publié: 01.05.19, 17:06

Adaptation : Marc Brzustowski

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