Bahreïn est le premier pays arabe à majorité chiite à établir des liens avec Israël (hors Azerbaïdjan non-arabe)

L’annonce d’une «percée historique États-Unis-Bahreïn-Israël pour plus de paix au Moyen-Orient», après la République arabe unie, a souligné le réalignement stratégique du Moyen-Orient en cours sous la direction de Trump. Israël et les pays arabes du Golfe ont entretenu des relations furtives pendant des années, mais cette percée formelle pour ouvrir des relations s’est produite parce que le long boycott panarabe alimenté par la haine et la peur était prêt à céder la place à des relations normales lorsqu’elles sont stimulées par le puissant motif de profit mutuel. Pour le Golfe, cela signifie développer le commerce et le tourisme, grâce à une économie riche et de haute technologie et que ces processus soient associés à la disponibilité d’armes avancées américaines depuis longtemps et jusqu’à présent refusées. Les dirigeants arabes étaient disposés à mettre sur la touche l’ennuyeux problème palestinien, qui pendant des décennies a bloqué les relations de voisinage, dans le but de s’unir pour conjurer la menace posée par un ennemi commun, l’Iran.

Le cas de Bahreïn est différent de celui des EAU et plus risqué. Le président Trump a noté qu’il avait fallu 26 ans aux Émirats arabes unis et à Israël pour établir des relations diplomatiques; mais seulement un mois pour que Manama ne parvienne à sa décision. Cet écart reflète la géographie : les Emirats sont à 100 km de l’Iran, tandis que les îles de Bahreïn ne sont pas du tout éloignées.

 

Les deux cas étaient également différents pour au moins une autre bonne raison. Alors que les relations avec Israël ont été bien accueillies, non seulement, par les dirigeants émiratis mais aussi par leur population, le roi héréditaire sunnite de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman al-Khalifa, en tant que dirigeant d’une petite population avec une majorité de 70% de musulmans chiites, a pris un grand risque. L’agent libanais de l’Iran, le Hezbollah, a implanté et formé des cellules terroristes parmi sa communauté chiite agitée. Renverser le trône d’Al Khalifa servirait la revendication de Téhéran sur l’île-royaume en tant que «14e province ».

En 2011, l’Arabie saoudite voisine a envoyé des troupes pour aider le roi à réprimer le soulèvement chiite du «printemps arabe» soutenu par l’Iran. Son succès aurait également fortement affecté la propre minorité chiite d’Arabie saoudite dans la province orientale en face de Bahreïn.

Les dirigeants Al-Khalifa dépendent de Riyad non seulement comme bouclier, mais aussi pour leur santé économique. Le champ pétrolifère d’Abu Safah, qui s’épuise rapidement, est partagé avec la société saoudienne Aramco. Le roi Hamad ne se serait donc pas risqué à établir des relations diplomatiques avec Israël sans un hochement de tête favorable de Riyad, bien que le prince héritier de facto Mohammed ben Salmane soit contraint par des problèmes internes de formaliser les relations de travail du royaume avec Israël lui-même.

L’importance stratégique du petit royaume insulaire, avec la plus petite économie parmi les six membres du Conseil de coopération du Golfe, est très disproportionnée par rapport à sa taille. Coincé entre son puissant allié saoudien, le Qatar et l’Iran hostiles, l’archipel de Bahreïn de 100 îles – dont la moitié artificielles – accueille des bases américaines clés : l’Activité de Soutien Naval de Bahrein (Naval Support Activity Bahreïn), le Commandement Central des Forces Navales Américaines (US Naval Forces Central Command) et la Cinquième Flotte des Etats-Unis (United States Fifth Fleet). C’est la principale base de la région pour les activités navales et marines américaines.

Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullatif bin Rashid Al Zayani, sera donc une présence importante à la cérémonie de la Maison Blanche mardi pour la signature de l’accord de normalisation Israël-EAU.

Pour son hôte, le président Donald Trump, l’occasion renforcera son rôle de pacificateur au Moyen-Orient dans sa campagne de réélection en novembre. Pour Netanyahu, qui sera également là, c’est un enrobage cruellement nécessaire pour faire avaler la pilule de l’imposition pressante, pour Israël, d’un deuxième confinement national contre la contagion croissante du coronavirus, que son gouvernement n’a pas réussi à contenir.

Samedi, le Ministre des Affaires étrangères de Bahreïn et son homologue israélien Gaby Ashkenazi ont échangé leurs félicitations réciproques pour cet accord. L’Iran a menacé Bahreïn de représailles, tandis que l’Autorité palestinienne a furieusement retiré son envoyé de Manama.

Adaptation : Marc Brzustowski

Bahrain is first Shiite-majority nation to establish ties with Israel

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