Avigdor Liberman refuse les tests ADN de judaïté

Le 18 avril 2019, le Président Rivlin a confié à Benjamin Netanyahou le soin de former le nouveau gouvernement. Pour le Premier Ministre, les tractions sont difficiles à mener, compte tenu des sensibilités multiples qui s’expriment et des revendications, parfois incompatibles, entre les différents courants, susceptibles de participer à la coalition. Pour sa part, Avigdor Lieberman a (notamment) subordonné le ralliement de son parti (Israël Beitenou, Israël notre maison), à l’interdiction des tests ADN de judaïté…imposés, dans certains cas, par les Rabbins ultra orthodoxes.

Actuellement, la possibilité de faire son Alya (montée en Israël) et d’y obtenir la citoyenneté israélienne (et un passeport israélien) est réservé aux personnes qui, soit sont juives, soit ont épousées un conjoint juif, soit se sont converties au judaïsme conformément à la Loi Halachique, soit, enfin lorsque le candidat a un grand parent juif (en réponse au critère nazi pour exterminer la population juive). Inversement, les personnes qui ne remplissent pas ses conditions sont autorisées à entrer en Israël, mais seulement avec un visa touristique d’une durée de trois mois.

Pour sa part, le Rabbinat ultra orthodoxe ne reconnaît pas les critères de la Loi du retour (adoptée par la Knesset, le 5 juillet 1950, et amendée en 1954 et 1970). Il entend s’en tenir scrupuleusement à la seule Loi religieuse selon laquelle les personnes juives sont celles dont la mère est juive et celles converties au judaïsme.

Or, compte tenu des multiples demandes d’immigration en Israël, les Harédim entendent désormais recourir à la génétique pour connaître, avec exactitude, les origines des prétendants. Effectivement, l’étude du patrimoine génétique des populations juives a fourni des renseignements intéressants. Tout d’abord, elle a révélé que la diaspora juive avait quitté le Moyen orient en l’an 500 avant l’EC. En outre, les différents groupes de population juive portent des traces de leur parcours dans leurs gènes (voir notamment la revue britannique Nature). De même, les techniques génétiques permettent de comparer très finement des génomes qui confirment les informations sur leurs «ressemblances» (voir notamment les travaux de Doron Behar, du Molecular Medecine Laboratory de Haïfa). Il en ressort que les communautés juives sont génétiquement plus proches, entre elles, que des autres populations. D’ailleurs, pour le Docteur Axel Kahn, biologiste et généticien, président de l’université Paris-Descartes, ces analyses confrontent « le mythe et la réalité.»

Notons également que d’autres travaux (publiés dans American Journal of Human Genetics) vont également dans le même sens. Le premier a été réalisé par des chercheurs de l’université privée new-yorkaise de la Yeshiva et de l’université de New York. Ils ont conclu que les personnes étudiées formaient bien un groupe génétiquement individualisé, et que chaque communauté juive étudiée avait sa propre «signature» génétique, légèrement différente de celle des autres. Enfin, les chercheurs de l’université de New York ont retrouvé, à travers les différences génétiques, des événements qui se sont produits, côté européen, durant les deux derniers millénaires…

Rappelons que ces travaux présentent également un intérêt médical considérable. Pour le Professeur Gil Atzmon, «avec cette base génétique, nous pourrons plus facilement identifier les gènes qui peuvent être à la base de maladies complexes, comme le diabète, et peut-être trouver le moyen de mieux les soigner».

De son côté, Avigdor Liebermann s’oppose catégoriquement au recours aux tests génétiques pour conditionner la montée en Israël. L’ex- Ministre de la défense (qui avait démissionné du gouvernement, le 14 novembre 2018, à la suite de l’accord de cessez le feu conclu par Israël avec les groupes terroristes palestiniens dans la bande de Gaza), n’est pas hostile à un retour dans le gouvernement. Toutefois, à condition que les tests génétiques soient interdits.

Cette question cruciale de la judaïté est actuellement débattue pour 400 000 citoyens venues s’établir en Israël, lors de la vague d’émigration des pays d’Europe de l’Est à la suite de la chute de l’URSS. Ceux-ci disposent d’un passeport israélien mais le Rabbinat ultra orthodoxe conteste leur judaïté. Il en est de même pour 700 000 personnes, russophones, qui sont officiellement juives, ce que refuse d’admettre le Rabbinat. Ces personnes rencontrent alors des problèmes lors de l’accomplissement de démarches administratives (information donnée par le Jérusalem post).

Notons que des mesures sont également en débat pour étendre l’immigration, en Israël, des personnes non juives. Il en serait ainsi de celles qui ont un ou plusieurs arrièregrandsparents de confession juive, qui se sentent proches du judaïsme, mais qui n’envisagent pas pour autant, l’engagement d’un processus de conversion. En cas de modification du texte, des dizaines de milliers de personnes qui entendent renouer avec leurs racines (descendant de juifs contraints de renoncer à leur judaïté pour échapper à l’extermination mise en place sous l’Allemagne nazie), pourraient alors bénéficier de la mesure.

C’est l’objet de l’opposition entre Avigdor Liebermann et les partis ultra religieux. En cas de doute, ces derniers imposent aux personnes revendiquant leur judaïté, de passer un test ADN. Ainsi, le grand Rabbin David Lau a reconnu l’existence de cette pratique, en mars 2019, précisant toutefois que ces tests n’avaient aucun caractère obligatoire et qu’ils permettaient juste d’appuyer les dossiers. L’inconvénient résulte de ce que les personnes refusant de s’y soumettre, se voient opposées une fin de non recevoir.

Rappelons également que l’opposition entre Avigdor Lieberman et les partis religieux s’illustre sur le terrain de la conscription. Dans la communauté russophones, les membres sont laïques, nationalistes et militaristes alors que chez les Haredim, (qui placent D. au dessus de l’Etat), la conscription est refusée. Or, l’influence de ces deux communautés, opposées, ne cesse de grandir. Coté Haredim, la natalité est considérable (le ministère de l’intérieur a d’ailleurs été confié à Aryeh Deri du parti Shass) alors que l’immigration russe (en provenance d’Ukraine) reste la plus importante. En mars 2019, Aryeh Deri s’est d’ailleurs vu repproché d’être raciste, après avoir lancé que bon nombre des immigrés en provenance de Russie n’étaient pas juif, regrettant leur montée en Israël.

Pour arbitrer ce différend entre Lieberman et le Rabbinat ultra orthodoxe, peut être conviendrait-il de nuancer l’influence de ces tests ADN : si les mariages «mixtes» sont moins nombreux que dans d’autres populations, ils existent néanmoins. En outre, les conversions ont certainement eu une influence sur le patrimoine génétique des communautés juives. Aussi, peut-être serait il préférable de s’en tenir à l’état d’esprit des intéressés, à savoir ce qu’ils ont dans le cœur et dans l’âme, plutôt que dans les gènes.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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Avigail

L’une des premières choses que fera le Mashiah Ben David SERA JUSTEMENT DE NOUS DIRE QUI EST JUIF ET QUI SE FAIT PASSER POUR !!!!

LACHKAR Norbert

S’IL EST VRAIMENT JUIF COMME JE LE PENSE,CE SERAIT VRAIMENT HUMILIANT DE LUI FAIRE SUBIR DES TESTS ADN.

Gerard Brami

Monsieur Nétanyahou a tort de s’allier avec les orthodoxes religieux de tous bords.
Nous sommes ici dans une démarche proprement raciste. Celles de vérifier l’ADN des gens.
J’ai connu de nombreux religieux qui après la guerre ont épousé des femmes non juives qui avaient protégé leur famille.

Mais bien sûr c’était des religieux, et les conversions ont été faciles pour leurs futurs épouses .

Nous représentons, nous les juifs, moins de 0,2 % de la population mondiale.

On aimerait bien envoyer les rabbins dans un pays arabe autoritaire, ils verraient alors combien d’années ils survivront.
Il faut qu’ils arrêtent d’opprimer les juifs.

andre

En l’occurrence, je pense que Liberman a tout a fait raison. Mais ce serait dommage que, en exigeant trop, il prive le prochain gouvernement de sa presence. Il serait un grand poids sur le plan de la securite, et les medias europeens trouveraient une nouvelle opportunite d’exercer leurs critiques, leur betise et leur haine.