Assad ce héros au sourire si doux…
Par Michèle Mazel

Avec son alter-ego, Omar el-Béchir, recherché, mais jamais appréhendé, pour crimes contre l’humanité au Darfour

La Ligue arabe s’apprête à tenir un grand sommet économique les 19 et 20 janvier à Beyrouth et la question qui agite la presse libanaise et le monde arabe est de savoir s’il convient d’y convier le président Assad. La Syrie a été exclue de la Ligue arabe en novembre 2011 à la suite de la répression brutale des premières manifestations dans ce pays. Alors, inviter Assad au risque d’indisposer la Ligue arabe ? Et pourquoi le Liban souhaiterait-il la participation de Bachar Al Assad, l’homme que beaucoup soupçonnent d’avoir commandité l’attentat qui a couté la vie de l’ancien premier ministre Rafik Hariri en 2005 ? Cruel dilemme analysé par le grand quotidien Libanais L’Orient-le Jour :

« Si le Liban adresse donc une invitation à la Syrie, et en particulier au régime en place, il violerait une décision officielle de la Ligue. Mais s’il ne le fait pas, il approfondira la crise politique actuelle entre le Liban et la Syrie, au moment où le Liban cherche à rapatrier les déplacés syriens, qui le souhaitent et qui le peuvent, chez eux et où il a énormément besoin de la réouverture du point de passage de Nassib, entre la Syrie et la Jordanie, pour pouvoir écouler ses produits agricoles et industriels dans le monde arabe. »

Des arguments de poids. Saad Hariri, le fils de la victime, aujourd’hui lui-même premier ministre, serait-il donc prêt à serrer devant les caméras la main du responsable de la mort de son père « pour le plus grand bien de son pays » ?

Quant à la Ligue Arabe, de l’avis général elle ne s’opposerait pas à la venue de Bashar al Assad à Beyrouth et serait même prête à passer l’éponge et à réintégrer la Syrie en son sein. Bagdad, dit-on, joue les médiateurs ; la représentation de Bahreïn à Damas fonctionne à nouveau. Les Emirats du Golfe ont rouvert leur ambassade à Damas après avoir reçu le feu vert de l’Arabie saoudite, qui avait pourtant longtemps appuyé la rébellion. Enfin l’Egypte soutiendrait elle aussi apparemment le retour de la Syrie. Le président soudanais Omar el Béchir a effectué en décembre une visite hautement médiatique en Syrie. Depuis 2009 ce président est sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale pour crime de guerre. Ce qui ne l’empêche pas de voyager à travers le monde et de participer aux réunions de la Ligue arabe.

Bref, tout laisse à penser que le président syrien sera invité. Celui qu’on a appelé le bourreau de Damas, l’homme qui n’a pas hésité à utiliser l’arme chimique sur son propre peuple et à bombarder villes et villages, ciblant hôpitaux et écoles sans états d’âme,  le responsable de la mort de plus de 600 000 de ses citoyens ; celui qui a jeté des millions de Syriens sur les routes de l’exil et  vidé le grand camp palestinien de Yarmouk de ses réfugiés – en un mot Bachar al Assad, sera accueilli sous les applaudissements par ses frères arabes à Beyrouth.

Au grand théâtre de l’absurde du monde arabe, les 22 princes et dignitaires représentant les pays membres de la Ligue Arabe s’embrasseront chaleureusement avant de commencer leurs discussions, selon l’usage, par une condamnation sans appel de l’Etat sioniste et de ses crimes.

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Disraeli

Et dire qu’Obama ou Fabius nous avaient expliqué que,Bachar al Assad était fini et qu’il ne lui restait qu’à partir….

Gaulois furieux

Les Arabes n’ont aucun sens de l’honneur, Rafic HARIRI le premier.

Jg

Concernant le Liban,avec la bénédiction de la France ! Qui traite avec le Hezbollah !