L’élaboration hypothétique d’une normalisation entre l’Arabie Saoudite et Israël échauffe les esprits, alimente de nombreuses théories, hypothèses et arguments qui témoignent d’une charge émotive à l’œuvre autour de cette question. Certains de ces arguments tiennent la route, tandis que d’autres ne sont rien de plus que des spéculations hasardeuses. Pour autant, ces positions très arrêtées sont particulièrement intéressantes dans l’ensemble, dans la mesure où il n’existe aucune relation officielle à ce jour entre les deux pays.

Pour autant, le discours politique qui prévaut à l’heure actuelle semble indiquer que non seulement il serait dans l’intérêt des deux pays de former une alliance de collaboration, mais  dans l’intérêt du grand Moyen-Orient et de leurs alliés mondiaux aussi.

En fait, il y a quelques opinions qui suggèrent qu’il n’y a rien de tel qu’un ennemi commun, en l’occurrence l’Iran, pour favoriser toute sorte de rapprochement entre  ces deux nations les plus puissantes du Moyen-Orient. Il n’est donc pas impossible qu’une relation plus solide, qui renforcerait des liens profonds enracinés entre les deux pays, pourrait émerger dans le cadre d’un partenariat économique mutuellement bénéfique.

L’histoire nous rappelle d’ailleurs que les Arabes et les Juifs étaient par le passé des partenaires des plus solides dans le commerce, la culture et la sécurité mutuelle, vivant dans une coexistence relativement pacifique pendant des siècles, que ce soit au Moyen-Orient, en Afrique du Nord ou même en Espagne.

Quand on évoque l’histoire assez récente, il est de notoriété publique que l’Arabie saoudite et Israël se sont engagés à favoriser une politique étrangère rationnelle et équilibrée au cours des 70 dernières années, ne cherchant jamais à faire de provocation ou des gestes d’hostilités les uns envers les autres. Il est également important de noter qu’il y a des centaines de Juifs venus de nombreux coins du monde qui travaillent actuellement en Arabie Saoudite, contribuant à ses projets financiers, ses infrastructures et dans le domaine de l’énergie.

En fait, l’Arabie Saoudite traverse sa plus grande transition économique de son histoire, dont Israël pourrait se révéler le pays le plus capable d’y contribuer. L’architecte de cette transition, le prince héritier Mohammed Bin Salman, est également perçu par les observateurs politiques comme une personnalité pragmatique et progressive, et tous les indicateurs montrent qu’il est préparé et prêt à développer de véritables liens durables, avec Israël. Les objectifs de cette transition qu’il souhaite pour le royaume sont décrits dans un document récemment dévoilé intitulé « Vision 2030 », dans lequel il expose les grandes lignes de son « plan de transformation nationale, » dont l’une des stratégies principale serait de ses concentrer sur la diversification des sources de revenus du royaume et l’exploitation de davantage de ses ressources naturelles, principalement minières.

Ce dernier point représente une occasion en or pour Israël de participer et de contribuer à renforcer l’économie saoudienne. Après tout, Israël a la réputation d’être l’un des pays les plus sophistiqués et technologiquement avancés dans le domaine de l’exploitation minière, avec une industrie du diamant solide et florissante, reconnue mondialement. Sans oublier que dans la mesure où l’Arabie saoudite est le plus grand pays au monde qui ne dispose d’aucune ressource naturelle en eau, Israël, également leader mondial dans le secteur de l’ingénierie de l’eau, se trouve extrêmement qualifié pour aider l’Arabie Saoudite dans ses projets ambitieux de dessalement, qui se trouve être au cœur du plan du prince héritier adjoint, pour la réforme économique de l’Arabie, « Vision 2030. »

Bien sûr, un tel partenariat économique ne peut se construire sans tenir compte des problèmes de sécurité; la confiance entre ces deux pays du Moyen-Orient a encore besoin d’être renforcée. Cependant, la plupart de leurs préoccupations sont les mêmes, car les deux pays sont confrontés à des menaces constantes de groupes extrémistes qui sont directement dépêchés par la théocratie Iranienne, qui est classée au niveau international comme sponsor mondial du terrorisme, et connue pour être le bailleur de fond de la plupart des organisations terroristes au monde.


Toute forme de normalisation entre les deux pays serait également une normalisation des arabes et des musulmans avec Israël, ce qui aurait pour bénéfice de promouvoir la sécurité régionale et d’affaiblir les extrémismes dans la région.

En fait, il fut un temps où les Etats-Unis concevaient dans l’Arabie Saoudite et sa possible révolution pré-islamique, et l’Iran pro-occidental, comme les «piliers» de la stabilité du Moyen-Orient, dans le cadre de la doctrine Nixon, qui eut cours il y a quelques décennies.

Les administrations actuelles et à venir des États-Unis, pourraient envisager l’Arabie Saoudite et Israël comme étant bien placés pour reprendre ce flambeau et deviennir les nouveaux piliers de la stabilité régionale. Ce ne signifie pas qu’il y aurait moins d’interventions militaires, mais disons que pour les États-Unis, il y aurait là matière à concrétiser plus facilement  un environnement régional qui serait plus propice au développement social et à la croissance économique.

Des changements rapides exigent que des mesures décisives soient prises rapidement afin de parvenir à mettre en place des nouvelles stratégies politiques, sécuritaires et économique centrées autour d’une politique de win-win (gagnant-gagnant).

L’Arabie Saoudite et Israël devraient avoir à l’esprit que, bien que tous ces bénéfices bilatéraux sont d’un point de vue stratégique et économique intéressants sur le papier, leur chance de se matérialiser dépend de la mise en place concrète d’un plan global, qui tiendrait compte des conditions requises par les deux parties.

Entraver cette possible collaboration de quelque manière que ce soit, reviendrait à se condamner à passer à côté d’une occasion historique pour les deux pays de se développer, de se renforcer mutuellement, et de conjuguer leurs efforts pour faire aboutir leurs objectifs communs, afin de non seulement assurer le succès de la viabilité de leur relation duelle, mais d’offrir également au Moyen-Orient tout entier, la possibilité de s’engager dans une nouvelle ère de paix et de prospérité, sans précédent à ce jour.

Salman Al-Ansari est le fondateur et président de la commission des affaires de relations publiques américaine sur l’Arabie basée à Washington DC (SAPRAC)

The Hill – traduction adaptation JFORUM

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