Débat autour du nouveau président du Conseil européen : la communauté juive de Lisbonne défend António Costa contre des accusations d’antisémitisme
Le prochain président du Conseil européen, António Costa, est au centre d’une controverse après des accusations d’antisémitisme lancées par la communauté juive de Porto. Ces accusations, détaillées dans un ouvrage publié le 3 juillet sur Amazon, intitulé *The Plan! Jewish Life Threatened in Europe* (Le plan ! La vie juive menacée en Europe), dénoncent des actions passées de Costa, notamment en tant que Premier ministre du Portugal, qui auraient compliqué le processus de naturalisation pour les descendants de Juifs expulsés sous l’Inquisition.
Les dirigeants de la communauté juive de Porto, menés par Gabriel Senderowicz, ont affirmé que Costa avait dû démissionner de son poste de Premier ministre l’année dernière à cause d’enquêtes de corruption et qu’il avait pris des mesures hostiles envers la communauté juive portugaise. Ils attribuent à Costa l’abrogation de la loi de 2015 sur la nationalité, qui permettait aux descendants de Juifs séfarades d’obtenir la citoyenneté portugaise.
Senderowicz a souligné que la nomination de Costa au Conseil européen pourrait menacer les efforts de l’Union européenne pour promouvoir la vie juive. Il a appelé à une prise de conscience des Européens et du monde juif sur les actions passées de Costa, qu’il juge préoccupantes.
En réponse à ces accusations, la communauté juive de Lisbonne a fermement défendu António Costa. Dans un communiqué, elle a affirmé que Costa n’avait jamais exprimé d’antisémitisme concret. Ils ont précisé que les complications dans le processus de naturalisation étaient temporaires et motivées par des préoccupations légitimes concernant des abus potentiels dans les demandes de citoyenneté, et non par des sentiments antisémites.
Les tensions entre les communautés juives de Porto et de Lisbonne s’inscrivent dans un contexte plus large d’enquête pénale sur des soupçons de fraude dans le traitement des demandes de citoyenneté par la communauté de Porto. Cette enquête a exacerbé les accusations de la communauté de Porto, qui se dit victime d’un « antisémitisme à la soviétique » suite à la suspension de la loi sur la naturalisation.
La communauté juive de Lisbonne a insisté sur le fait que les actions de Costa visaient uniquement à assurer l’intégrité du processus de naturalisation et qu’il n’y avait aucune intention de nuire à la communauté juive.
Le débat autour des actions de Costa et des accusations portées contre lui reflète les défis liés à la gestion de l’histoire et des droits des communautés minoritaires en Europe. Alors que Costa se prépare à assumer un rôle clé au sein de l’Union européenne, ces accusations et défenses mettent en lumière l’importance de la transparence et de la compréhension mutuelle dans les relations intercommunautaires.
La loi de 2015 sur la nationalité portugaise a été mise en place pour offrir la citoyenneté portugaise aux descendants des Juifs séfarades expulsés du Portugal au XVe siècle. Cette initiative visait à reconnaître et réparer l’injustice historique subie par ces communautés juives. Voici quelques points clés concernant cette loi :
Contexte Historique
1. Expulsion des Juifs Séfarades : En 1496, le roi Manuel I du Portugal a ordonné l’expulsion ou la conversion forcée des Juifs du Portugal. Cette décision faisait suite à des politiques similaires en Espagne, qui avaient conduit à l’expulsion de nombreux Juifs séfarades vers le Portugal, où ils espéraient trouver refuge.
Dispositions de la Loi
1. Critères d’Éligibilité : La loi permet aux descendants des Juifs séfarades expulsés de prouver leur lien avec le Portugal par divers moyens. Ces preuves peuvent inclure des noms de famille, des langues, des documents et des certificats de communautés juives qui attestent de leur ascendance séfarade.
2. Procédure : Les demandeurs doivent soumettre des preuves de leur descendance séfarade et démontrer une connexion historique avec les communautés juives portugaises d’avant l’expulsion. Le processus implique généralement une certification par les communautés juives locales, suivie d’une évaluation par le gouvernement portugais.
Impact et Popularité
1. Adoption : Depuis la mise en œuvre de la loi, des milliers de personnes à travers le monde ont demandé et obtenu la citoyenneté portugaise en vertu de cette loi. Les principaux bénéficiaires viennent souvent de pays comme Israël, la Turquie, le Brésil et les États-Unis, où vivent de nombreuses communautés séfarades.
2. Répercussions Culturelles et Économiques : La loi a eu des répercussions positives en renforçant les liens entre le Portugal et la diaspora juive mondiale. Elle a également été perçue comme un geste symbolique fort de réconciliation et de reconnaissance des erreurs historiques.
Controverses et Développements Récents
1. Accusations de Fraude: Des soupçons de fraude et d’abus dans le processus de certification par certaines communautés juives, notamment à Porto, ont conduit à des enquêtes et à des critiques sur l’application de la loi.
2. Révisions et Abrogation : En raison des préoccupations concernant la fraude et l’abus du système, le gouvernement portugais a pris des mesures pour réviser et restreindre le processus de naturalisation. Cela a suscité des accusations d’antisémitisme de la part de certains membres de la communauté juive, qui voient ces actions comme une attaque contre leurs droits.
La loi de 2015 sur la nationalité portugaise a donc marqué une étape importante dans la reconnaissance des injustices historiques, mais elle a aussi engendré des défis pratiques et des controverses politiques dans sa mise en œuvre.
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