Abattage rituel à Bruxelles: le Parlement bruxellois vote contre l’obligation d’étourdir

Les députés bruxellois ont confirmé les conclusions de la commission environnement. L’obligation d’étourdir un animal avant l’abattage est rejetée en Région Bruxelles-Capitale.

Le vote avait été annoncé comme « historique ». Les députés bruxellois ont rejeté ce vendredi 17 juin la proposition d’ordonnance déposée par Défi, Groen et l’Open VLD visant à interdire l’abattage sans étourdissement.
En pratique, les députés bruxellois ont confirmé le rejet du texte déjà prononcé en commission, avec 42 voix pour, 38 contre, et 8 abstentions. L’ordonnance est donc enterrée. L’abattage sans étourdissement se poursuivra dans les abattoirs de la capitale, en l’occurrence à Anderlecht.
« C’est d’abord un échec pour le bien-être animal. La majorité des partis de gauche a voté pour la souffrance animale, qu’on le veuille ou non. Je ne comprends pas ce choix », pointe Jonathan de Patoul, député Défi à l’origine du dépôt du texte.
Son parti, toutefois, porte une responsabilité réelle dans l’échec de sa propre proposition. Seuls six des dix députés Défi ont voté pour l’obligation d’étourdir. Si le groupe parlementaire avait voté en bloc, le texte serait passé avec deux voix d’avance (42/40) et sans avoir besoin du suffrage du Vlaams Belang.
Le PS et le MR avaient clairement annoncé la couleur sur les consignes de vote en leurs rangs. Les socialistes ont rejeté le texte avec 14 voix contre l’étourdissement obligatoire et 2 pour. Au MR, 12 députés ont voté pour. Viviane Teitelbaum s’est abstenue. « C’est le choix le plus compliqué de ma vie politique, a-t-elle lancé, émue. Mon identité est multiple. Je suis une femme, juive, féministe, libérale, etc. Ce débat pourrait laisser penser que pour être une bonne laïque et libérale, on devrait faire prévaloir un choix plutôt qu’un autre. Je ne le peux pas. » Latifa Aït-Baala, députée MR, ne s’est pas présentée au vote.
Le vote a par ailleurs eu des conséquences pour Fouad Ahidar (One.brussels Vooruit), qui a fait fi de la consigne de son parti. Dès l’issue du vote connu, le président des socialistes flamands, Conner Rousseau, a annoncé son exclusion du bureau politique du parti.
Les Engagés et Écolo avaient quant à eux laissé la liberté de choix à leurs élus. Les deux groupes ont majoritairement voté contre l’obligation d’étourdir. En Wallonie, sur un texte similaire, l’ensemble des députés de ces mêmes formations politiques avait voté pour l’obligation…
La position des Engagés prend à contre-pied le manifeste du parti, adopté il y a quelques semaines et qui plaide pour l’étourdissement. Aucun de ses députés n’a voté pour.
« Je ne suis pas une islamo-gauchiste »
« Ceux qui ont voté contre le texte ou se sont abstenus ne sont pas des islamo-gauchistes. Et je ne suis pas une islamo-gauchiste, a assuré Céline Frémault depuis la tribune. Ce texte est le résultat d’un travail inadéquat, précipité, dans une société fracturée. Un débat qui clive au lieu de rassembler. » La cheffe de groupe des Engagés précise : «  Je rejoins Olivier Maingain : un vote précipité serait une faute politique irréparable. »
Écolo a voté avec 9 voix contre l’ordonnance, 5 pour et 1 abstention, alors qu’un équilibre interne était attendu. « Cette discussion met en vis-à-vis deux valeurs légitimes : une certaine idée des devoirs éthiques que nous avons à l’égard du bien-être animal, et des libertés publiques, a déclaré John Pitseys, chef de groupe Écolo. Nous avons beaucoup discuté. Certains d’entre nous ont changé d’avis, à cause des termes du débat. »
Olivier Maingain n’est pas député bruxellois, mais son ombre a plané sur le Parlement ce vendredi…
Plusieurs députés, et non des moindres, estiment que la prise de position du bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert a poussé certains élus à revoir leur vote. L’ancien président de Défi avait en effet appelé son parti à ne pas faire passer le texte s’il devait dépendre des voix de l’extrême droite. Une vision contestée par son successeur, François De Smet, mais qui a infusé.
Ce vote ressemble à une claque politique pour Défi, qui a pris l’initiative de déposer le texte via le Parlement, après l’échec de la tentative de Bernard Clerfayt de l’imposer au gouvernement. Mais le ministre en charge du Bien-être animal le réfute. « Ce n’est pas une claque. Nous avons créé un débat de société et le Parlement s’est prononcé. Nous n’avions rien à perdre puisque ce projet ne devait pas être réalisé dans l’accord de gouvernement. Mais la question renaîtra. »

La Libre Belgique

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