Iran : Troisième jour de protestation et de soulèvement populaires à Sanandaj, Mahabad et Karaj aux cris de « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur »

Dimanche soir, 18 septembre, les habitants de Sanandaj ont manifesté en masse pour la deuxième nuit consécutive aux cris de « à bas le dictateur », « à bas Khamenei », « ce dingue de guide est une honte » et « femme, vie, liberté ». Les pasdarans et les agents répressifs ont tiré sur la foule au fusil à plomb et lancé des gaz lacrymogènes, notamment dans la rue Ferdoussi, blessant au moins trois personnes. En criant « à bas Khamenei » et « ordures », les gens ont affronté les forces répressives. La jeunesse rebelle de Sanandaj a mis le feu à une moto de l’unité spéciale et a arraché et déchiré un grand portrait de Khamenei au carrefour de la Gendarmerie.

Parallèlement, les habitants de Mahabad ont protesté contre le meurtre de Mahsa Amini avec le slogan « oppression des femmes, du Kurdistan à Téhéran ». A Karadj, des habitants en colère ont manifesté sur la place Falakeh Dovom avec le slogan « n’ayez pas peur, nous sommes tous ensemble ».

Les efforts du régime pour se blanchir n’ont abouti à rien.

Par conséquent, selon l’agence de presse Fars, affiliée aux pasdaran, Ebrahim Raïssi, « a donné des assurances aujourd’hui à la famille Amini et exigé des institutions responsables de clarifier les divers aspects de l’affaire ». Cette agence de presse a admis l’échec du régime à se blanchir : « les échanges du journaliste de Fars avec des manifestants montrent que beaucoup d’entre eux pensent que Mahsa Amini est morte sous la torture. Ces personnes, pour la plupart, n’ont pas entendu l’explication de la police ou n’ont pas été convaincues. »

Le mollah Rafi’i a déclaré à la télévision officielle dimanche 19 septembre : « quand il se passe quelque chose dans le pays, les gens n’attendent pas qu’une enquête soit menée et qu’une réponse soit apportée (…) Ils ne faut pas écouter l’analyse faite par une chaine [de l’OMPI]. »

Diffusion à plein volume de slogans contre le régime à Karadj et Arak.

« Nous nous battrons et nous reprendrons l’Iran », « le moyen du renversement, l’armée de la liberté »

Dans la poursuite de leur campagne contre le mur de la répression, le vendredi 16 septembre à 19h30, heure locale, des unités de résistance ont diffusé par haut-parleurs à plein volume des slogans à Karadj dans le parc Narguesse du boulevard Baghestan. Les slogans disaient : « à bas Khamenei, vive Radjavi », « que la malédiction du peuple et de l’histoire retombe sur les mollahs et le chah sanguinaires », « nous sommes des femmes et des hommes de combat, venez vous battre et nous vous combattrons », « c’est le dernier message, le temps du régime est terminé » et « à bas le principe du guide suprême ».

Le même jour à 19h40, heure locale, à Arak, dans le bazar Jom’eh, des unités de résistance ont diffusé par haut-parleurs des slogans en faveur du renversement, tels que «à bas Khamenei, vive Radjavi », « les Iraniens savent qu’ils détestent le chah et les mollahs », « nous nous battrons et nous reprendrons l’Iran », « dans chaque rue, les Moudjahidine s’activent », « l’espoir du peuple iranien, l’armée de la liberté », « le moyen du renversement, l’armée de la liberté » et « Raïssi, bourreau du massacre de 1988 ».

Les manifestations contre la police des mœurs se poursuivent.

COLERE Dans la rue à Téhéran, des femmes ont retiré leur voile en criant « mort à la République islamique »

La colère ne retombe pas en Iran après la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs. De nouvelles manifestations ont eu lieu lundi, notamment à Téhéran et à Mashhad. Dans le même temps, la police continue de rejeter toute responsabilité dans ce décès. Lundi soir, dans la rue Hejab (« voile musulman » en persan) au centre de Téhéran, « plusieurs centaines de personnes ont scandé des slogans contre les autorités, certaines d’entre elles ont enlevé leur hijab », a annoncé l’agence Fars.

« Matraques et gaz lacrymogènes » contre la foule

Une courte vidéo diffusée par cette agence montre une foule de plusieurs dizaines de personnes notamment des femmes ayant retiré leur voile criant « mort à la République islamique ». « La police a arrêté plusieurs personnes et dispersé la foule à l’aide de matraques et de gaz lacrymogènes », a indiqué Fars. Un rassemblement similaire a eu lieu à Mashhad, première ville sainte du pays située dans le Nord-Est, a rapporté l’agence Tasnim. Le 13 septembre, Masha Amini a été arrêtée à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des mœurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique d’Iran.

Des règles très strictes pour les femmes

En Iran, se couvrir les cheveux est obligatoire en public. Cette police interdit en outre aux femmes de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés et des jeans troués ou encore des tenues de couleurs vives.

La jeune femme est tombée dans le coma après son arrestation et est décédée le 16 septembre à l’hôpital, selon la télévision d’Etat et sa famille. Des militants ont jugé sa mort « suspecte » mais la police de Téhéran a affirmé qu’il n’y avait « pas eu de contact physique » entre les policiers et la victime. Le décès de la jeune femme a suscité une vague de colère dans le pays. Pour tenter de contenir la contestation, le président iranien Ebrahim Raïssi a demandé l’ouverture d’une enquête.

Un décès « inacceptable » selon l’UE

Le chef de la police de Téhéran, le général Hossein Rahimi, a pour sa part de nouveau rejeté les « accusations injustes contre la police ». « Il n’y a eu aucune négligence de notre part. Nous avons mené des enquêtes (…) Et toutes les preuves montrent qu’il n’y a pas eu de négligence, ou de comportement inapproprié de la part des policiers ». « Il s’agit d’un incident regrettable et nous souhaitons ne jamais plus être témoins de tels incidents ».

De nombreux cinéastes, artistes, personnalités sportives, politiques et religieuses ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux. A l’étranger, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné lundi le décès « inacceptable » de cette jeune femme et appelé les autorités à punir les responsables. La France a qualifié de son côté de « profondément choquantes » l’arrestation et la mort en détention de cette jeune iranienne, appelant également à une « enquête transparente pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame ».

JForum.fr – Sources AFP/Conseil de la révolution/Divers

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