Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur dit étudier des voies juridiques pour interdire les « réunions publiques » de l' »humoriste » Dieudonné après que ce dernier s’en soit pris à deux journalistes.
La mesure ne devrait pas calmer les soutiens « anti-système » de Dieudonné. Dans un communiqué publié vendredi, le ministère de l’Intérieur annonce qu’il étudie « toutes les voies juridiques » pour interdire les « réunions publiques » de l’humoriste Dieudonné M’BALA M’BALA, qui « n’appartiennent plus à la dimension créative mais contribuent (…) à accroître les risques de troubles à l’ordre public. »
Manuel Valls condamne « avec fermeté les propos racistes et antisémites » de Dieudonné, rappelant notamment qu’il s’en est récemment pris à Patrick Cohen.
Un récent reportage sur France 2 montrait Dieudonné s’en prendre au journaliste de France Inter. « Moi, tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz… dommage », s’exclame l’humoriste dans son spectacle Dieudonné dans le mur, au théâtre de la Main d’or à Paris. La direction de Radio France a annoncé qu’elle allait saisir la justice.
« De déclaration en déclaration, comme l’ont démontré plusieurs émissions télévisées, il s’attaque de façon évidente et insupportable à la mémoire des victimes de la Shoah », ajoute le ministère, soulignant que « malgré une condamnation pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale », Dieudonné « ne semble plus s’embarrasser de la moindre limite ».
L’humoriste controversé attaque régulièrement Patrick Cohen depuis que le journaliste a demandé en mars à Frédéric Taddeï, sur le plateau de « C à vous », s’il continuerait à inviter « des personnalités telles que Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral, Marc-Edouard Nabe (…) que les autres médias n’ont pas forcément envie d’entendre ».
Difficile néanmoins de penser que la démarche du ministère de l’Intérieur contre les « réunions publiques » de l’humoriste controversé suffisent à le faire taire. « »En France, on ne sanctionne pas dans l’hypothèse qu’un délit sera commis, assure par exemple l’avocat pénaliste Grégory Kagan.
D’autant qu’il n’y a jamais eu de débordements majeurs en marge de ses spectacles. »
Même si le gouvernement y parvenait, Dieudonné communique également en direct avec ses supporters sur internet.
A titre d’exemple, sa chaîne Youtube compte presque 198 000 fans et certaines de ses vidéos sont visionnées plus de 2 millions de fois.
Dieudonné a été condamné fin novembre en appel à 28.000 euros d’amende pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale pour des propos et une chanson dans deux vidéos diffusées sur internet. Dans l’une des vidéos incriminées, il transformait la chanson d’Annie Cordy « Chaud cacao » en « Shoah nanas ».
Plus récemment, devant le tribunal correctionnel de Paris, le ministère public a requis contre lui 200 jours amende à 100 euros pour des propos tenus dans un enregistrement vidéo diffusé sur internet en avril 2010, dans laquelle il reprenait l’expression « Shoah-nanas ».
27-12-2013/ L’Express Article original