Les partisans des Gbagbo et de Ouattara s’opposent sur la place exacte de la force Licorne dans le dispositif qui a permis d’arrêter le président sortant.

L’annonce est venue du camp Gbagbo. Le président sortant « a été arrêté par les forces spéciales françaises et remis à des chefs de la rébellion », annonce Alain Toussaint, un de ses proches conseillers, peu après 15h, heure française. Peu de temps avant cette déclaration, des blindés français et de l’Onuci sont entrés dans le secteur de la résidence de Laurent Gbagbo. Résidence partiellement détruite dimanche par les bombardements également menés par la force Licorne et l’Onuci.

Rapidement, la France et le camp Ouattara précisent leur version des faits: ce ne sont pas les forces spéciales françaises qui ont arrêté Gbagbo, selon une source diplomatique française. « A aucun moment » elles n’ont pénétré « dans les jardins ou la résidence présidentielle », où il s’était réfugié, ajoute le porte-parole de l’état-major, le colonel Thierry Burkhard. Le Premier ministre de Ouattara, Guillaume Soro, lui aussi déclare sur France 24 ce sont les hommes de son président qui ont arrêté son rival avant de le conduire à l’Hôtel du Golf. Mêmes propos, enfin, tenus par l’ambassadeur ivoirien en France, Ali Coulibaly.

Licorne a agi « à la demande de l’Onuci », selon Paris

Alors où et comment la France est-elle intervenue, avec la force Licorne? Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a avancé lundi après-midi que les forces pro-Ouattara avaient reçu le « soutien » de l’Onuci. Et c’est « à la demande » de celle-ci que la force française « Licorne a été amenée à apporter un concours ».

Interrogé sur le type de soutien fourni par Licorne, Gérard Longuet a indiqué qu’il s’agissait d' »un soutien aérien », au travers de quatre hélicoptères Gazelle. Les hélicoptères qui ont contribué aux bombardements de dimanche, donc, accélérant sans doute l’issue de l’offensive pro-Ouattara, menée depuis une dizaine de jours.

Il a insisté sur le fait qu’il s’agissait là d’une « affaire qui restaure l’autorité de la Côte d’Ivoire, de son président élu bénéficiant du soutien des Nations Unies. (…) C’est une opération in fine entre Ivoiriens ». Le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, a ajouté qu’il n’y avait eu « aucun rôle particulier des forces spéciales » françaises « ni hier, ni aujourd’hui » (dimanche et lundi). Selon lui, les forces pro-Ouattara « nous ont dit que Laurent Gbagbo s’est rendu à la porte de sa résidence », où elles l’ont capturées.

Quand bien même elle s’est effectuée sous strict couvert onusien (voir ci-dessous), pour les partisans de Gbagbo, c’est bien Paris qui a téléguidé les opérations de lundi. « Si la France n’avait pas agi, Gbagbo n’aurait pas été arrêté », a estimé Guy Labertit, un proche du président sortant, sur iTélé. La France « n’a pas d’autre objectif (que) d’assassiner le chef de l’Etat », avait même accusé le porte-parole de son gouvernement, Ahoua Don Mello, plus tôt au cours de la crise ivoirienne. Et d’appeler à « résistance » contre la France « pour faire barrage à ce énième coup de force », « car en définitive c’est l’armée française qui nous attaque ».

Et les zones d’ombre qui entourent les conditions de l’engagement français n’ont pas fait taire ceux qui regrettent que Nicolas Sarkozy ait soutenu aussi ouvertement le camp Ouattara, malgré ses promesses de prudence et de « réserve » vis-à-vis des ex-colonies de la France. Selon une source proche du dossier, Paris devait encore fournir ces jours-ci plusieurs tonnes de matériel militaire pour les troupes de Ouattara.

« C’est une erreur monumentale que de s’afficher aussi ouvertement à côté de Ouattara », juge un fin connaisseur du continent. Ouattara risque ainsi d’apparaître comme « un homme de la France, ce qui n’est pas idéal pour pacifier le pays », malgré son appel immédiat à la réconciliation nationale.

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Dans quel cadre a agi la France?

L’Elysée affirme avoir agi dans le cadre strict de la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l’ONU. Voté le 30 mars, ce texte demande à Laurent Gbagbo de se retirer et donne mandat à l’Onuci d’utiliser « tous les moyens » pour « protéger les civils » et « prévenir l’usage d’armes lourdes ». L’ordre d’ouvrir le feu a été donné aux troupes françaises pour « neutraliser les armes lourdes utilisées contre la population civile », après les « attaques » et les « exactions » des derniers jours attribuées au camp Gbagbo, a fait savoir l’Elysée qui ajoute être intervenu à la demande expresse du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

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La Côte d’Ivoire enterrera-t-elle ses conflits ethniques et religieux ?

« Toutes les instances de la communauté internationale, Nations unies en tête, soutiennent Ouattara, le musulman élu à la majorité. … »>Article original

Pour comprendre le fonctionnement de Gbagbo, il faut savoir que la Côte d’Ivoire est née du soutien de la France aux populations animistes en guerre contre l’empire de Samory, conquérant esclavagiste musulman.En 1898, nos troupes mirent un terme à ses ambitions. Mais la jeune Côte d’Ivoire n’en englobait pas moins, au nord, une forte minorité musulmane, au sud et à l’est, une population animiste en voie de christianisation. À cette réalité s’en juxtapose une autre, celle des tribus.

Installé dans le sud et l’est, le groupe des Akans, fortement christianisés, constitue 40% de la population et compte dans ses rangs la puissante tribu des Baoulés (25% des Ivoiriens). … »>Article original Félix Houphouët-Boigny … »>Article original sut … »>Article original éviter les conflits interethniques.

Gbagbo n’a pas les mêmes scrupules. Élu à la Présidence en octobre 2000, il instrumentalise les différends tribaux et religieux. Ainsi, converti, comme sa seconde épouse, Simone, au protestantisme des missionnaires américains, il est aussi l’enfant chéri du Parti socialiste français. On peut penser son radicalisme anti-musulman destiné à se rallier les Akans, pour compenser la faiblesse numérique de sa tribu d’origine, les Bétés, qui ne représentent que 5,7% de la population du pays.

Ce comportement suscitera une rébellion du Nord, à majorité musulmane, en septembre 2002. Il faudra l’intervention diplomatique de la France et l’envoi de 4600 soldats français placés en force d’interposition pour ramener la paix.

Gbagbo comptait bien sur l’animosité des Akans, plus particulièrement des Baoulés, contre les musulmans, pour se faire réélire. Mais, ancien Président et d’ethnie Baoulé lui-même, Konan Bédié, un autre candidat vaincu au premier tour, ne l’entendait pas de cette oreille. Il a appelé ses électeurs à voter pour Ouattara. Cette affaire présente des aspects positifs. D’une part dans un pays d’Afrique noire, le Président n’est pas élu avec 95% des suffrages, voire plus. D’autre part, des électeurs ont dépassé leurs clivages ethniques, en votant pour un représentant de l’ennemi du passé, un musulman.

Reste l’amour du pouvoir, qui guide Gbagbo au point de s’aliéner la planète entière et de mettre son pays en danger. »

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