Trois formes de mise à mort
Après l’épisode du veau d’or, Moïse a exercé la vengeance divine contre ceux qui avaient adoré cette idole.
Cette vengeance a pris trois formes :
Ceux qui avaient été mis en garde contre le péché (התראה) et contre lesquels avaient déposé des témoins ont été mis à mort par l’épée.
Ceux qui n’avaient pas été mis en garde, mais contre lesquels avaient déposé des témoins l’ont été par une épidémie (מגיפה).
Quant à ceux qui n’avaient pas été mis en garde et contre lesquels n’avaient pas déposé des témoins, ils ont subi l’épreuve des eaux amères comme celle que l’on inflige à la femme soupçonnée d’adultère (sota).
Le texte de la Tora contient une allusion (Voir Rachi ad Chemoth 32, 20 et 35) à chacune de ces trois sortes de mises à mort :
La mise à mort par l’épée est suggérée par le verset : « Que chaque »>Article original homme mette son épée sur sa cuisse ! (שימו איש חרבו על ירכו) » (Chemoth 32, 27), l’épidémie par : « Hachem frappa (ויגוף) le peuple… » (32, 35), et les eaux amères par : « …Il répandit la poudre dans laquelle avait été réduit le veau d’or »>Article original sur la surface de l’eau (על פני המים)… » (32, 20).
L’assemblée du mont Carmel
L’assemblée que le prophète Elie a réunie sur le mont Carmel ressemble à certains égards à la réaction de Moïse face à l’adoration du veau d’or : L’idolâtrie a été extirpée et ses adorateurs ont été massacrés.
La « mise en scène » proposée par Elie et acceptée par les prêtres de Baal a fait appel à l’intervention de deux taureaux. Le premier devait être offert en sacrifice par les idolâtres, et le second par Elie.
Le récit du déroulement de la cérémonie contient cependant une contradiction : Elie commence par demander que l’on mette deux taureaux à sa disposition et à celle des prophètes de Baal. Ceux-ci se choisiront l’un des animaux, le dépèceront et le mettront sur l’autel (I Rois 18, 23), tandis qu’il est écrit au verset 26 qu’ils « ont pris le taureau qu’on leur avait donné ».
Se le sont-ils choisi, ou ont-ils pris celui qu’on leur avait donné ?
Cette contradiction est résolue par le Midrach suivant :
Elie a effectivement proposé aux prophètes de Baal de se choisir eux-mêmes l’un des taureaux (Verset 25), mais ceux-ci ne sont pas parvenus à attirer vers eux la bête sur laquelle ils avaient jeté leur dévolu.
Un dialogue s’est alors engagé entre le prophète et l’animal :
« Va de leur côté !
– L’autre taureau et moi sommes nés de la même mère, a répondu l’animal. Nous avons grandi ensemble dans la même étable et brouté dans les mêmes pâturages. Pourquoi devrais-je être offert à Baal, tandis que mon frère le sera au Saint béni soit-Il ?
– Je t’en supplie, répondit le prophète, va de leur côté afin qu’ils ne se trouvent pas quelque prétexte pour se soustraire à la compétition ! Et tu verras que le Nom divin sera sanctifié non seulement pas le taureau qui est de mon côté, mais aussi par toi.
– J’irai donc du côté des prophètes de Baal, mais seulement si c’est toi qui me livres à eux. »
C’est ainsi qu’il est écrit qu’ils « ont pris le taureau qu’on leur avait donné », et non celui qu’ils se sont choisi (Midrach Tan‘houma).
Jacques KOHN
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