Le général De Gaulle convoquait rarement la presse. Une fois par an, dans la salle des fêtes de l’Elysée, il exposait sa politique en répondant aux questions des journalistes avec parfois un ton pathétique excessif. La conférence de presse du Général s’inscrivait toujours comme un grand événement médiatique. Dans les milieux politiques on s’interrogeait trois mois à l’avance sur son éventuel contenu et après et durant plusieurs semaines on citait les propos et les petites phrases du général. Les débats publics étaient fort agités et passionnants car les messages étaient prononcés avec clarté et sans ambages malgré le langage cynique et gaullien du général. Il réussit toujours à créer l’événement plutôt que de le commenter ou de le subir.

Aujourd’hui, les chefs d’Etat et de gouvernement s’adressent souvent à la presse et réagissent à chaque occasion, certains s’arrachent même le micro pour ne rien dire de concret. En Israël, la presse est impatiente et capricieuse et exige du chef du gouvernement des réponses rapides à toutes les questions d’actualité brûlantes et de ce fait des sujets sérieux et graves se transforment en un débat banal et sans intérêt majeur.

Suivant Ariel Sharon et Ehoud Olmert et orfèvre en relations publiques, Netanyahou a adopté la formule de parler à la presse lors de l’ouverture du Conseil des ministres hebdomadaire. Sans répondre à des questions, le Premier ministre évoque ou réagit laconiquement aux grands thèmes de l’actualité et expose l’ordre du jour de la réunion ministérielle. Parfois, Netanyahou convoque les journalistes et en particulier les correspondants économiques pour lancer en grande hâte un projet gouvernemental. Lors des visites officielles, il participe avec son hôte à des conférences de presse mais étant ancien diplomate, il préfère parler en anglais et focaliser l’attention uniquement sur la presse étrangère.

Depuis plusieurs semaines la presse israélienne titre ses manchettes sur un nouveau discours important de Netanyahou, une sorte de « discours de Bar- Ilan 2 ». Les éditorialistes spéculent et osent proposer des plans de paix audacieux, une série des concessions territoriales immédiates pour relancer le processus de paix et acquérir la confiance des Palestiniens et de la communauté internationale. Cela n’engage personne et aucun journaliste ne risque de prendre des responsabilités. Le Premier ministre et ses conseillers gardent le mutisme et laissent planer le flou en soulignant uniquement que la vallée du Jourdain devrait demeurer sous le contrôle de Tsahal. Que va dire Netanyahou ? Va-t-il vraiment provoquer un tournant historique et lancer une initiative de paix audacieuse ou répètera-t-il les mêmes discours? Quel serait le lieu choisi pour présenter son nouveau plan ? Les dernières révoltes populaires dans les pays arabes et le refus des Palestiniens d’accepter un accord intérimaire influeront-elles sur le contenu du nouveau discours ? Nombreuses sont les questions et nous sommes tous dans le brouillard. Netanyahou a le devoir d’agir et présenter un plan de paix original, cohérent et pragmatique. Il est important de ne pas nous bercer d’illusions mais également éviter à tout prix l’isolement de l’Etat juif sur l’arène internationale et la proclamation unilatérale d’un Etat palestinien dans les frontières d’avant juin 67. Netanyahou devrait donc mettre ses facultés en accord avec l’intelligence et la raison israélienne et trouver des solutions à des anciens problèmes.

La majorité des Israéliens préfèrent que Netanyahou s’exprime sans délai et franchement devant la Knesset et en hébreu et non pas à l’étranger et en anglais et devant les membres du Congrès américain. Avec toute la sympathie et le respect qu’on éprouve à nos amis américains, c’est à Jérusalem que les décisions seront prises pour l’avenir d’Israël et non pas à Washington.

Freddy Eytan, Le Cape de Jerusalem

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