L’institut Paul Bocuse a ouvert les portes de son école de cuisine à Lyon à six jeunes Israéliens et Palestiniens, juifs, musulmans et chrétiens, en prévision de la création d’une Ecole de la Paix à Haïfa à la rentrée 2014.«Plutôt que de se battre avec des armes, mieux vaut le faire avec des couteaux et des fourchettes». C’est ainsi qu’Hervé Fleury, le prévenant directeur général de l’Institut Paul Bocuse, décrit le «Projet pour la Paix», lancé cette année. Depuis le mois d’avril, l’école de cuisine accueille six jeunes palestiniens et israéliens.

Chacun unique en son genre: parmi les Israéliens, trois sont juifs, un musulman .Côté Palestiniens, l’un est musulman, l’autre chrétien .Des identités multiples à passer au blender pour obtenir la paix au dessert. Ces étudiants expatriés vivront leurs trois prochaines années de scolarité ensemble à Lyon, aux frais d’une généreuse mécène. Inspirée par l’orchestre de Daniel Barenboim, c’est elle qui avait appelé l’Institut pour initier le projet.

Les deux Palestiniens ont mis pour la première fois le pied hors de Cisjordanie où ils sont habituellement cloitrés. Ils n’y avaient jamais suivi de cours de cuisine mais possédent leur propre sensibilité culinaire. Leur ouverture d’esprit et leur maturité ont fini de convaincre le jury de Tel Aviv de les enrôler dans cette expérience inédite. Le plus dur restait à venir: obtenir un visa. «Très sincèrement, je n’ai pas tout compris du processus…

Mais ça a été un vrai combat pour les faire sortir, raconte Hervé Fleury. Ils ont eu beaucoup de chance. 30% de nos étudiants doivent contracter un prêt pour leurs études ici». Soit 30.000 euros en tout.

Depuis sept mois, ils fréquentent leurs voisins ennemis jurés en cours. D’abord durant les semaines d’apprentissage du français, qu’ils ne maîtrisaient pas couramment. Avant de rejoindre aux fourneaux leurs vingt autres camarades de classe, issus de 12 nationalités différentes. Dont une libanaise qui est devenue leur amie.

Le 26 septembre dernier, ils ont cuisiné spécialement un «déjeuner de la paix», inspiré de leurs cultures, pour la mécène et les représentants des trois confessions religieuses .

Une Ecole de la Paix à Haïfa à la rentrée 2014

Cette expérience esquisse ce que pourrait être l’Ecole de la Paix. Cet autre projet de la mécène, toujours anonyme, devrait voir le jour en 2014 à Haïfa, en Israël. «L’idée est de créer une école pour accueillir des étudiants israéliens et palestiniens pour faire de la cuisine leur métier et de les voir entreprendre ensemble», explique Hervé Fleury. Sans pour autant devenir une annexe étrangère de l’Institut Paul Bocuse, qui se qualifie de «partenaire».

«La table est un lieu de partage, de rencontre, autour duquel gravitent des valeurs symboliques très fortes. Si je cuisine pour quelqu’un, je donne de moi-même. Le choix de contribuer à développer la paix à travers la cuisine est un très bon choix», assure Hervé Fleury.

L’objectif désormais est de récolter assez de fonds à partir de janvier 2014 pour mettre sur pied un contenu pédagogique, un corps enseignant et règler nombre de procédures d’ici à une probable ouverture à la rentrée prochaine. Parmi lesquelles l’obtention de visas pour que les jeunes Palestiniens viennent étudier à Haïfa.

Lucile Quillet/ Le Figaro.fr Article original

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