Arnoleone au tapis. Rachat de SFR: Vivendi choisit Numericable. C’est la fin des petits échanges entre amis et du repli sur soi à la Montebourg, pour un véritable « redressement productif ».

Bouygues et Altice/Numericable menaient une lutte acharnée pour le rachat du deuxième opérateur français.
Les responsables de Vivendi ont mis fin au suspense samedi en retenant « à l’unanimité » l’offre de Numericable pour leur filiale de téléphonie mobile SFR, rejetant celle de Bouygues pourtant clairement soutenue par les pouvoirs publics.

Bouygues et Altice/Numericable menaient depuis début mars une lutte acharnée pour convaincre Vivendi de leur céder SFR, deuxième opérateur français, à coup de surenchères et de contre-propositions.

Vivendi avait choisi le 14 mars d’entrer en négociations exclusives avec Altice/Numericable, avec comme date butoir le 4 avril. Mais, ce jour-là, Bouygues a lancé toutes ses forces dans la bataille en proposant une dernière offre améliorée atteignant 15 milliards d’euros en numéraire, et 10% du nouvel ensemble pour Vivendi.

Le Conseil de Surveillance a pris le temps d’examiner cette offre mais a finalement tranché « à l’unanimité » en faveur d’Altice/Numericable qui propose 13,5 milliards d’euros à la réalisation de l’opération ainsi qu’un complément éventuel de prix de 750 millions d’euros, et une participation de 20% pour Vivendi dans le nouvel ensemble, qu’il pourra céder ultérieurement.

« L’ensemble devrait représenter une valeur totale supérieure à 17 milliards d’euros », indique Vivendi.


Patrick Drahi, le patron d’Altice qui possède Numericable, lors d’une conférence de presse à Paris, le 17 mars 2014 ( Eric Piermont (AFP/Archives) )

Cette offre « correspond au projet industriel le plus porteur de croissance, le plus créateur de valeur pour les clients, les salariés et les actionnaires », et répond ainsi « le mieux à (ses) objectifs », a fait valoir le groupe pour justifier son choix.

Cette décision va à contre-courant de ce qu’attendait le gouvernement qui s’est ému ces dernières semaines de voir passer le deuxième opérateur français aux mains d’Altice, un groupe luxembourgeois coté à Amsterdam et dont le patron, Patrick Drahi, est un milliardaire franco-israélien qui vit à Genève depuis 15 ans.

« Il va falloir que M. Drahi rapatrie l’ensemble de ses possessions et biens à Paris, en France, et donc nous avons des questions fiscales à lui poser », avait déclaré Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif. Il a été nommé depuis ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique.

Ce à quoi Altice a toujours répondu que le nouvel ensemble SFR/Numericable serait une entreprise de droit français cotée à Paris.

Arnaud Montebourg n’a jamais caché son soutien à l’offre de Bouygues, notamment parce qu’elle aurait permis de revenir à trois opérateurs mobiles sur le marché français, et ainsi faire cesser la guerre commerciale qui y règne depuis l’arrivée de Free Mobile.


Le logo de Bouygues Telecom ( Philippe Huguen (AFP) )

Bouygues Telecom, troisième opérateur télécom français, a pâti de cette guerre des prix et mettait tous ces espoirs dans cette fusion. Le groupe de BTP de Martin Bouygues qui a opiniâtrement multiplié les offensives durant cette négociation pourrait ne pas s’arrêter là.

Selon un analyste parisien, en choisissant Altice-Numericable « Vivendi et ses mandataires sociaux prennent le risque de poursuites judiciaires de la part de Bouygues et/ou de certains actionnaires minoritaires ».

Mais, le nouvel ensemble a d’autres défis à relever, notamment sur la question clé de l’emploi.

Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, a estimé vendredi que si le marché restait à quatre opérateurs mobile les entreprises risquaient la faillite et pourraient alors « être +rachetée+ pour 1 euro symbolique par des groupes étrangers, et ce au prix de dizaines de milliers de nouvelles suppressions d’emplois ».


Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, le 27 janvier 2014 à la sortie de Matignon ( Bertrand Guay (AFP) )

« Le projet industriel d’Altice/Numericable est celui qui garantit pleinement le développement de l’emploi dans la durée, notamment par les investissements qu’il implique », assure pour sa part Vivendi.

Le souci de Vivendi de garantir l’emploi a été salué par Vanessa Jereb, syndicaliste Unsa chez SFR, mais elle veut maintenant des engagements fermes.

« Nous attendons maintenant de voir comment l’engagement sur l’emploi va s’organiser et se contractualiser, notamment dans la phase transitoire dans laquelle on va être avant le closing », a-t-elle indiqué.

« Le sujet de l’emploi reste pour nous le sujet majeur, et nous attendons des garanties fermes de la part d’Altice sur le maintien de l’emploi pour une durée de 48 mois sur l’ensemble du nouveau groupe tel qu’il se dessine », a renchéri Damien Bornerand, syndicaliste CGT chez SFR.

(avec AFP)
i24news.tv Article original

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SFR. Cinq Raisons Pourquoi Patrick Drahi, Outsider Franco-Israélien, à Gagné.

Vivendi a accepté l’offre de Numericable qui valorise SFR à 17 milliards d’euros. Patrick Drahi rentre dans la légende des grands stratèges.

Arnaud Montebourg Article original, ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique ne sera pas très satisfait par la nouvelle donne dans un secteur stratégique pour la France. Son choix portait sur Bouygues qu’il a soutenu avec force. Bouygues a p erdu face au franco-israélien Patrick Drahi qui a mobilisé toute son intelligence technique et finançière pour écarter son opposant. En fin de course, Bouygues a donné l’impression d’être déboussolé par son adversaire. Patrick Drahi aura été le meilleur. Les raisons ?

1. Le polytechnicien-stratège avait largement anticipé la violente bataille “au couteau” entre les parties. Il a toujours gardé le silence, a tenu les médias à distance pour ne pas dévoiler ses cartes trop tôt. Les banques qui le soutiennent avec bienveillance ont toujours gardé confiance en lui. Patrick Drahi n’a pas perdu pied face à des rumeurs malveillantes et des coups médiatiques tordus .

2. Son expérience en Israël lui aura été très utile. En effet, ce marché très fermé aux nouveaux venus lui a servi de terrain d’expérience. Il a appris comment casser avec dextérité et discrétion des positions d’adversaires trop confiants en leurs réseaux d’amis le propre de Montebourg .

3. Il a démontré, grâce a un dossier de 300 pages et une équipe exceptionnelle, sa connaissance intime du secteur. La victoire de Drahi marque la fin du “entre-nous” des Français qui préfèrent des solutions hexagonales peu innovantes (“on partage le gâteau”) et de repli sur soi. Vivendi a précisé que « l’offre d’Altice/Numericable correspond au projet industriel le plus porteur de croissance, le plus créateur de valeur pour les clients, les salariés et les actionnaires, et répond le mieux aux objectifs de Vivendi ».

4. Selon Le Point : “Numericable doit peut-être son succès au gendarme des télécoms, l’Arcep, ainsi qu’à Matignon, qui s’étaient battus au nom de la concurrence pour l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile en 2012 (Free), et ne voulaient pas être ridiculisés par un retour si rapide à trois opérateurs… En effet, si le rachat par Numericable permet de préserver la concurrence actuelle sur le marché du mobile, un rachat par Bouygues aurait sonné le glas du modèle qui règne depuis 2012, et qui a divisé par deux le prix des abonnements ”.

5. Le Point :  » Si Bouygues avait acquis SFR, il est fort probable qu’il aurait vendu son réseau actuel à Free. Lequel n’aurait plus eu besoin de déployer le sien, avec des conséquences immédiates sur l’emploi dans le secteur. Mais ce n’est pas tout.

Outre l’arrêt de certains déploiements, les opérateurs français n’auraient plus eu besoin de racheter autant de fréquences à l’État, qui aurait perdu trois milliards d’euros au passage ! Enfin, dernière conséquence notable : Orange, qui loue une partie de son réseau à Free pendant qu’il déploie ses antennes-relais, aurait aussi perdu par ricochet plusieurs milliards d’euros« .

Youval Blumenthal | Éditorial

israelvalley.com Article original

CE JOUR. Altice a gagné son pari. Le franco-Israélien Patrick Drahi a reçu la nouvelle il y a quelques minutes et l’AFP le confirme : Vivendi a retenu l’offre de Numéricable.

IsraelValley a eu la nouvelle au travers de son réseau d’experts en France. Le combat a été féroce, mais depuis hier soir les avocats de Bouygues se doutaient bien que Vivendi avait décidé pour Altice.

Le Parisien il y a 8 mn : “Vivendi a tranché. Le groupe de médias cède son réseau de téléphonie mobile SFR à Altice (Numericable). Il écarte donc l’offre de Bouygues Telecom, qui avait dégainé au dernier moment une offre alléchante de 15 milliards d’euros en numéraire”.

ISRAELVALLEY PLUS. Marie de Vergès (Jérusalem, correspondance) Journaliste au Monde : « Il ne parle guère l’hébreu, a pris la nationalité israélienne sur le tard et ne vient à Tel-Aviv que quelques jours par mois. Pourtant Israël est bien pour Patrick Drahi une terre d’élection.

Le patron d’Altice, propriétaire de Numericable, est entré en négociation exclusive avec Vivendi, mi-mars, dans le but de lui racheter sa filiale SFR. L’opérateur de télécommunications français est toujours convoité par Bouygues Telecom, qui a déposé une contre-offre à Vivendi, jeudi 20 mars.

Mais, au-delà de cette bataille hexagonale, M. Drahi a investi temps, argent et beaucoup de lui-même dans l’Etat hébreu pour y consolider l’un des principaux piliers de son empire des télécoms.

En mettant, en 2009, la main sur Hot, le câblo-opérateur local, l’homme d’affaires a fait d’une entreprise en perte de vitesse l’un des premiers groupes de communication du pays. Et réalisé la fameuse convergence entre fixe et mobile , ce credo brandi à l’envi depuis qu’il a rendu public son intérêt pour SFR.

Israël, laboratoire de la vision entrepreneuriale de M. Drahi ? « C’est plus que cela, estime Patrice Giami, son représentant dans le pays et vice-président de Hot. D’un côté, on importe le savoir-faire développé en France, de l’autre, on constitue ici un centre d’expertise qui nous sert ailleurs. Patrick Drahi est venu avec une vision de long terme et Hot est certainement, après Numericable, la deuxième pépite d’Altice. »

Patrick Drahi, le patron d’Altice entré en négociations avec Vivendi pour le rachat de SFR a promis, lundi 17 mars à Paris, d’investir “trois milliards d’euros” en France. Le milliardaire franco-israélien a indiqué qu’il ne comptait pas pour autant rapatrier sa résidence fiscale en France.

Discret en France, M. Drahi l’est tout autant en Israël. Il fuit la presse et s’affiche très rarement dans les grand-messes du monde des affaires. Le magnat du câble s’est quand même construit une solide notoriété en développant les métiers d’un groupe dont plus d’un Israélien sur deux est aujourd’hui client. « Il faut saluer le chemin parcouru, loue un financier de Tel-Aviv, qui a suivi de près l’aventure. Avant que Drahi s’y intéresse, Hot a frôlé le dépôt de bilan. Il a su le rénover grâce à une gestion plus efficace, en lui faisant atteindre une taille critique et en créant des synergies entre ses différentes activités. »

LE TYCOON DES TÉLÉCOMS

De fait, quand le polytechnicien commence à se pencher sur le câblo-opérateur israélien, celui-ci traverse une bien mauvaise passe. Le groupe partage toujours, avec le spécialiste du satellite Yes, le leadership sur le secteur de la télévision payante. Mais, miné par les divisions entre ses actionnaires, il pâtit d’un manque de vision industrielle et d’une panne d’investissements dans le réseau. Un dossier rêvé pour Patrick Drahi, qui s’est fait une spécialité de racheter des entreprises mal gérées pour les remettre au carré. Avec une méthode bien rodée : il place ses équipes, optimise, modernise.

Le tycoon des télécoms va s’emparer de Hot morceau par morceau, jusqu’à le retirer, en 2012, de la Bourse de Tel-Aviv. Il rationalise les coûts sans trop d’états d’âme. Les équipes techniques sont externalisées à des sous-traitants. Au prix d’une saison de grèves et de manifestations, les effectifs sont passés de 5 000 personnes fin 2011 à 2 200 aujourd’hui.

« D’un point de vue financier, il a réalisé une très belle opération. Il a restructuré Hot un peu comme un banquier et a considérablement amélioré sa rentabilité après l’avoir sorti de la Bourse », juge Gil Picovsky, associé chargé des télécommunications au sein de la société d’investissement Cukierman & Co.

Etape par étape, l’homme d’affaires réoriente une entreprise focalisée sur l’infrastructure en groupe de médias global. En 2012, il devient fournisseur d’accès à Internet. Hot sera le premier à proposer au consommateur israélien du « triple play ». Monnaie courante en France, ces offres commerciales alliant Internet, téléphonie fixe et télévision sont alors inconnues en Israël.

L’UN DES PRINCIPAUX ARTISANS DE LA « RÉVOLUTION MOBILE »

Pour le grand public israélien, M. Drahi s’est surtout imposé comme l’un des principaux artisans de la « révolution mobile ». Dès 2010, il rachète Mirs, un opérateur confidentiel réservé à une clientèle de professionnels, avec l’idée de remporter le prochain appel d’offres sur les licences 3G . C’est chose faite un an plus tard. Il lance alors Hot Mobile et dégaine au printemps 2012 une offre de forfaits à des prix défiant toute concurrence. Sur le ring, il affronte un autre Franco-Israélien : Michaël Golan, patron de Golan Telecom et ancien directeur général en France d’Iliad, la maison mère de Free, qui déboule en même temps avec la même stratégie low cost.

Ironie de l’histoire, M. Golan – qui s’appelait en France Michaël Boukobza – a travaillé comme consultant chez Hot pendant dix-huit mois, en 2009 et 2010. Soutenu par son ancien mentor, le fondateur d’Iliad-Free Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde), il a finalement repris son indépendance et décidé de concourir lui aussi à l’appel d’offres du gouvernement israélien sur les licences mobiles. Un coup de théâtre que Patrick Drahi n’a jamais digéré.

Quoi qu’il en soit, l’irruption de ces deux-là provoque un électrochoc sur un marché auparavant contrôlé par trois groupes pratiquant des tarifs exorbitants. La guerre des prix qui s’ensuit permet au consommateur de voir sa facture divisée par deux, voire trois . Dépassant toutes les prévisions des analystes, Hot Mobile réunit en moins de deux ans 592 000 abonnés, soit quelque 6 % de part de marché. Il est talonné par Golan Telecom, qui revendique 435 000 abonnés.

UN LIEN PARTICULIER

Tous les spécialistes s’inclinent aujourd’hui devant la métamorphose du groupe. Un Hot ragaillardi et offensif a bousculé le secteur israélien des télécoms, longtemps paralysé par les situations de monopole et les réglementations kafkaïennes. Mais quelques gros bémols viennent nuancer ce bilan flatteur. « Avec eux, tout est basé sur la logique bas prix-bas de gamme : on paie moins et on reçoit moins, décrit un journaliste israélien, fin connaisseur de l’entreprise. Leur service clients est épouvantable. Ces derniers temps, cela leur a fait perdre des abonnés dans presque toutes les activités. »

Et après ? Patrick Drahi l’affirme : il est là pour rester. D’autant que ce Séfarade né au Maroc a développé avec Israël un lien particulier. Il adore Tel-Aviv, où il possède un appartement dans la luxueuse tour Rothschild. « S’implanter ici était initialement une décision très rationnelle, en rapport avec une opportunité industrielle, décrit Patrice Giami. Puis est venu un intérêt, un attachement beaucoup plus sentimental pour ce pays, son état d’esprit et le projet qu’il incarne. » C’est cette inclination qui l’a poussé à lancer, à l’été 2013, la chaîne d’information i24 News avec l’ambition d’offrir un autre regard sur Israël. Une initiative plus « philanthropique » qu’économique, puisqu’il la finance aujourd’hui à fonds perdus.

Côté business, les experts du secteur tablent sur une poursuite de l’expansion de Hot. Certains prophétisent même un rachat de Golan Telecom, que des rumeurs disent sur le point d’être mis en vente. Une façon, peut-être, de solder les comptes entre les deux meilleurs ennemis… »

Marie de Vergès (Jérusalem, correspondance) Journaliste au Monde

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Armand Maruani

{{@
 » Il a toujours gardé le silence, a tenu les médias à distance pour ne pas dévoiler ses cartes trop tôt. « }}

{{C’est sûr que Montebourg en utilisant le téléphone arabe n’a pas fait le poids face au franco israélien .}}

{{Une bonne fessée , c’est ce qu’il méritait ce petit prétentieux puant}} .