REFORME DES STATUTS DU CONSISTOIRE DE PARIS

LAURENCE BOTBOL-LALOU : HONNEUR AU COURAGE MALHEUREUX !

L’assemblée générale du Consistoire de Paris a repoussé à la quasi unanimité la réforme des statuts voulue par son éphémère président Dov Zerah et présentée par Madame Laurence Botbol-Lalou, qui telle un soldat abandonné par son chef, a du affronter non sans courage et talent l’hostilité de l’assemblée.

Nous avons suffisamment critiqué le projet de texte pour ne pas nous satisfaire de son rejet. Préparé à la hâte, sans aucune consultation des travaux préparatoires des statuts en vigueur(qui aurait permis de comprendre les raisons de l’organisation mise en place par ces grands juristes que furent des hommes comme Jacques Helbronner, Jacques Masse et Georges Wormser), non exempt de maladresses rédactionnelles, on pouvait reprendre à son sujet la formule de Jacques Bainville à propos du Traité de Versailles : « Trop faible pour ce qu’il a de fort, trop fort pour ce qu’il a de faible ». Trop faible en effet dans sa volonté de démocratiser l’Institution en ne conférant aucun pouvoir réel au Conseil des Communautés, trop faible dans sa volonté décentralisatrice en ne transférant aucun pouvoir aux entités locales ; trop fort dans la volonté d’autonomie par rapport au Consistoire Central et au Rabbinat en supprimant la soumission aux règlements généraux établis par le Consistoire Central pour l’exercice du culte et l’enseignement religieux et l’avis conforme du Grand Rabbin de Paris sur toutes décisions en matière religieuse (article 11 des statuts actuels).Dangereux aussi par la rupture avec l’organisation traditionnelle du Consistoire composé jusqu’à présent de personnes physiques et la création d’associations cultuelles locales, l’absence de dispositions sur l’organe compétent pour adopter le futur règlement intérieur qui a été présenté comme un document destiné à « préciser les principes » alors qu’un règlement intérieur par définition ne concerne que les modalités d’application.

Mais nous nous devons de déplorer la tenue de l’assemblée générale extraordinaire et le comportement de certains de nos élus. Pour critiquable qu’il était, le texte présenté méritait au moins un débat après l’exposé de Laurence Botbol-Lalou. Au lieu de cela nous avons assisté à la confession d’administrateurs en place venus dire que le projet n’avait pas été réellement discuté en Conseil d’Administration (l’un d’eux à même parlé de « menaces pendant les débats »), à des invectives, à la volonté affirmée de voter contre sans discussion et c’est ce qui s’est passé. Cette absence de débats est indigne d’une institution telle que le Consistoire. Nous avons vu un vice-président du Consistoire de Paris, que sa qualité de disciple d’Esculape et ses sentiments religieux constamment affichés auraient du normalement prédisposer à l’écoute d’autrui, manifester bruyamment et prendre personnellement à parti celui qui aurait préféré pour la dignité du Consistoire un véritable débat. Nous n’avons entendu en effet après le rapport de Madame Botbol-Lalou favorable à l’adoption que des demandes bruyantes de passer au vote sans explications. Le peuple juif ne serait plus le peuple de la libre discussion : pour une salle préparée, l’essentiel était de rejeter le texte.

Joël Mergui a certes promis que la réforme des statuts serait remise en chantier. Mais en ayant empêché toute discussion sur le fond du projet il s’est ainsi octroyé un blanc seing et n’a pas permis à l’assemblée générale de lui fixer des orientations et des limites. C’est habile mais c’est regrettable, c’est triste, alors que l’union affichée de Joël Mergui et de son prédécesseur Moïse Cohen nous avait laissé espérer une ère nouvelle au Consistoire de Paris. Comment croire aux promesses de démocratisation, de décentralisation, de transparence, lorsque règnent l’habileté manœuvrière, la recherche de la solution la plus facile ou la mieux jouable au détriment de la hauteur morale du débat ? Il ne restera de l’assemblée que l’image d’un projet critiquable rejeté sans débat et celle de Madame Botbol-Lalou seule à le défendre devant un auditoire à bon droit hostile mais dépassant souvent la frontière de la courtoisie et du respect du à l’orateur et à laquelle nous voulons dire dans la tristesse qui est la nôtre –non pas une fois encore de la décision prise mais des conditions et du spectacle de l’assemblée-, honneur au courage malheureux.

Claude Nataf

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