Une longue lettre pour mettre fin à plus de sept décennies de silence. 
Un ancien gardien d'Auschwitz jugé en Allemagne a évoqué ce vendredi, 
pour la première fois depuis la fin de la guerre, son passé dans ce camp d'extermination.

« J’ai honte d’avoir laissé cette injustice se produire et de ne rien avoir fait pour l’empêcher (…) Je suis sincèrement désolé », a déclaré Reinhold Hanning, aujourd’hui âgé de 94 ans, devant le tribunal de Detmold, où il est jugé depuis le 11 février pour « complicité » dans la mort d’au moins 170 000 personnes entre janvier 1943 et juin 1944.

Cet homme n’avait jamais évoqué jusqu’ici, même auprès de ses proches, son affectation dans ce funeste camp situé en Pologne. L’ancien SS a confié dans un texte, lu par ses avocats à l’audience, n’avoir « jamais pu parler de son expérience à Auschwitz avec d’autres personnes. Ni à ma femme, ni à mes enfants, ni à mes petits-enfants ».

Ouvrier, engagé à 18 ans dans la Waffen SS, parti combattre dans les Balkans puis sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale, Hanning avait été transféré début 1942 à Auschwitz. Membre de l’unité SS Totenkopf, il était affecté au camp de base Auschwitz-I, tout en surveillant à l’occasion la rampe d’arrivée des déportés de Birkenau (Auschwitz-II).

« J’aurais souhaité ne jamais y avoir été »

« J’ai essayé toute ma vie de refouler cette époque. Auschwitz a été un cauchemar. J’aurais souhaité ne jamais y avoir été », conclut l’auteur de ce texte.Dans ce document, il évoque sa jeunesse, son entrée dans les Jeunesse hitlériennes à 13 ans, son arrivée dans la SS et son affectation au régiment « Der Führer », une blessure à la tempe pendant des combats près de Kiev.

Décoré pour ses états de service au front, il est ensuite envoyé à Auschwitz : « à l’époque, je ne savais pas ce qu’était Auschwitz. Je savais seulement qu’on pouvait y effectuer une sorte de service administratif », écrit le nonagénaire, sobrement vêtu à l’audience, portant une veste de costume et un pull gris.

Mais rapidement, la terrible réalité s’impose : « des gens étaient abattus, gazés et brûlés. Je pouvais voir comment les cadavres étaient transportés (…) Je percevais les odeurs d’incinération. Je savais que l’on brûlait des cadavres », écrit-il. Avant de préciser : « On voyait ce qui se passait mais on ne pouvait pas vraiment en parler avec les camarades ».

Il encourt une peine de 3 à 15 ans de prison

Le témoignage de l’accusé n’a pas convaincu les représentants des victimes. « Ce n’est pas une déclaration de culpabilité mais une explication du point de vue du spectateur », a critiqué Christoph Heubner, vice-président exécutif du Comité international d’Auschwitz.

Reinhold Hanning est le troisième accusé dans le cadre d’une vague de procédures entamées contre des hommes aujourd’hui très âgés, à la suite de la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, ex-gardien de Sobibor, puis de celle l’an dernier d’Oskar Gröning, ex-comptable d’Auschwitz.  

Hanning encourt une peine de trois à 15 ans de prison. Un autre ancien SS doit encore être jugé prochainement à Neubrandenburg.

 

L’express

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William

Personne n’échappera à la vraie justice…

yacov

pourquoi est-il jugé si tard, il a eu une vie pépère!
est-ce l’ouverture des archives ? une belle c… qui permet à des assassins d’echapper à la justice