Aharé Mot: une paracha liée à Yom Kippour?

Aharé Moth est située au centre du livre du Lévitique (Vayikra) qui, lui-même, est (le Lévitique) situé au centre du Pentateuque de même qu’Eretz Israël est le centre du monde et que le Temple est situé au centre de Jérusalem, elle-même, centre, du centre du monde.

Nous aurions pu nous attendre à ce que dans la parasha on traite des règles de deuil mais dans Aharé Moth il va s’agir de Yom Kippour et de tout ce qui s’y rapporte.

L’une des thématiques de cette sidra est le jour de Kippour avec tout ce qui s’y rattache comme les deux sacrifices de béliers l’un qui sera brûlé et l’autre, le bouc émissaire, qui sera envoyé pour expier les fautes d’Israël et qui, précipité du haut de la montagne sera déchiqueté en lieu et place de la collectivité, car le descriptif concernant Aharon concerne la préparation physique et spirituelle du Grand Prêtre devant pénétrer dans le Saint des Saints (Kodesh HaKodashim) à Yom Kippour.

De même, quels sont le rapport et la symbolique des vêtements blancs et de la couleur blanche avec les fêtes solennelles de printemps ou d’automne.

En effet, après que les deux fils du Cohen Gadol Aharon aient été « foudroyés » HaShem dicte à Moïse ce que devra faire le Grand Prêtre afin de se présenter au Saint des Saints pour une « convocation sainte » pour ce jour d’une gravité exceptionnelle dans le calendrier juif.

Les Sages font remarquer que la seule injonction de « manger » dans la Torah apparaît au moment de Pessah où le peuple reçoit l’ordre de manger (les matsot) en revanche, à la veille de Kippour le peuple reçoit l’injonction de ne pas manger.

Pour Pessah, les Enfants d’Israël doivent procéder au sacrifice pascal mais c’est le Cohen Gadol qui sacrifie un bouc alors que le deuxième est envoyé à « Azazel »…

A cette occasion, le Zohar dévoile quelques secrets permettant de saisir pour quelles raisons subtiles cette parasha se lit aux alentours de Pessah et pour quels autres motifs cette section est liée à la fois à Pessah et aux solennités de Kippour.

Le Maharsha précise que c’est seulement à deux reprises qu’un nom particulier d’HaShem apparaît dans la Tradition cabalistique et c’est à propos de Pessah et de Kippour. Ce nom est Alef- Hé-Vav-Youd.

D’après le Maharsha, les lettres composant le Nom divin sont des initiales. Ainsi, le Alef symbolise Rosh HaShana le Youd représente Yom Kippour, le Hé (5) fait allusion à Souccothet, le Vav signale que 6 jours après Souccoth a lieu Hoshâna Rabba ou dernière supplique avant la « signature définitive » du Décret divin pour chacun des êtres humains.

Ce même nom sacré Alef-Hé-Vav-Youd représente d’autres repères à l’occasion de Pessah : Alef est Rosh Hodesh Nissan ou Inauguration du Tabernacle, le Youd est le Shabbat HaGadol où les Bené Israël ont fait acquisition de l’agneau à sacrifier, le Hé pour le jour de la sortie d’Egypte, cinq jours après le shabbat HaGadol, et le Vav pour la fin de cette semaine de Pessah, pour le Septième jour de Pessah. Les Sages font aussi remarquer que le Shabbat précédant Pessah porte un nom (Shabbat HaGadol) tout comme celui précédant Kippour (Shabbat Shouva) !

Le jour de Kippour est le jour le plus solennel du calendrier juif. Ce jour est celui où Moïse est redescendu vers le Peuple du Mont Sinaï muni des secondes Tables de la Loi.

Mais c’est celui où d’année en année le peuple juif jeûne pour faire pardonner par le Créateur tous ces pêchés que nous accumulons d’année en année en étant conscient du fait qu’en « avouant » des fautes que nous n’avons pas commises nous œuvrons dans le devoir de la mitsva d’être solidaires les uns des autres en partageant entre nous toutes fautes possibles et imaginables.

Et ceci en prenant appui sur le passé qui est toute cette année qui vient de s’écouler puisque pendant Yom Kippour nous n’avons pour unique préoccupation que de regretter notre comportement passé et tenter de définir une nouvelle politique pour l’année qui commence et que nous mettons nos mérites à la disposition de notre prochain.

Dans la sidra, le Cohen, avant de pénétrer dans le Saint des Saints pour intercéder auprès de l’Éternel et réclamer Sa Miséricorde et Son Pardon, doit se baigner et se vêtir de blanc, symbole de pureté et de pardon.

Aujourd’hui, dans diverses communautés, à travers le monde, les hommes revêtent un vêtement blanc : kittel ou sargueness, djellabia ou simplement un pantalon et une chemise de couleur blanche.

Le Maharal dans son ouvrage consacré à Pessah, explique son opinion d’après laquelle l’homme ressemblant au Cohen Gadol lors de ces fêtes, il s’habille de blanc ce qui lui confère une certaine majesté, la preuve étant dit-il que s’il est interdit de faire sortir le sacrifice pascal c’est parce que la maison représente le Beith HaMikdash et donc, il est hors question de consommer la chair du sacrifice à l’extérieur.

Les exégètes soulignent que le premier sacrifice pascal fut celui présenté par Abel et Caïn avertis par leur père Adam qu’à cette même date, les Bené Israël devront présenter un sacrifice le temps venu.

Abel qui s’occupait du « sol » offrit du lin. Quelle en est la raison ? Les Sages en exposent deux : la première étant qu’Abel a considéré les lettres qui terminent les noms de chaque lettre formant le mort korban (sacrifice) ainsi korban s’écrit kouf (pé)-resh-beith-noun, ce qui forme le mot pishtan = lin.

Les commentaires sont légion et, de même que Caïn n’avait pas offert son sacrifice de bon gré, on apprend que Pharaon dont les vues étaient étroites était en fait l’un des descendants de Caïn par les filles de celui-ci. L’un des 4 fleuves du Gan Eden était le Pishon qui n’est autre que le Nil, dans lequel pousse le lin.

Lorsque nous parlerons des ascètes, (nazir), nous verrons que D recommande à celui qui veut faire preuve d’ascétisme de revenir bien vite au sein de la communauté. Nous lisons dans les Pirké Avot (II, 4) « al tifrosh min hatsibour » c’est-à-dire : ne te sépare pas du public c’est-à-dire de ta communauté.

Or, en faisant preuve d’ascétisme pour tenter de franchir des degrés de pureté et devenir « saint » il faut s’isoler mais surtout ne pas omettre de se faire pardonner pour s’être séparé du klal Israël sans lequel , on ne peut réellement pas accéder à une spiritualité extrême, tout simplement car l’homme a besoin des hommes, de tous les hommes quels que soient leur mérites ou leurs défauts.

C’est ainsi que le klal Israël est pardonné à Kippour : tout homme participe aux kapparoth de toute la communauté, peu importe quels sont les péchés commis par les uns ou par les autres mettant en exergue le fait que :

ישראל ערבים זה לזה
Ou bien que :
ישראל חברים זה בזה

Ce qui revient à dire que dans son ensemble, le peuple d’Israël est engagé ou responsable ou lié l’un à l’autre. Et comme on le verra dans la sidra de kedoshim, la sainteté ne peut s’obtenir que tous ensemble car nous sommes solidaires les uns des autres.

Pour en revenir à Aharé mot, dans la parasha de Shemini, on avait évoqué la mort des deux fils d’Aharon dès leur entrée au service de D. pour un acte fait à la légère diront certains en apportant un feu que D. n’avait pas commandé, ou pour avoir pénétré dans le Saint des Saints sans avoir revêtu les vêtements sacerdotaux mais surtout, sans y avoir été convoqués.

Cet acte, pourrait passer pour être l’expression d’un amour fou et léger, irresponsable ou irraisonné, un peu comme s’ils avaient été des « fous de D. ». C’est là qu’intervient la notion de crainte révérencielle de D. car pour ce qui est de notre approche de D. l’amour du Créateur ne saurait exister sans crainte et pas n’importe quelle crainte. Il n’est pas question de crainte-peur ou de crainte-effroi mais de crainte proportionnelle au respect que nous devons accorder à D., qui, bien qu’il soit « le fiancé » d’Israël, est notre Souverain. C’est pour cela que nous devons éprouver une crainte « révérencielle ».

Lorsque plus loin dans le texte, nous lisons toujours au sujet de Nadav et Avihou : « ils moururent » cela signifie que leur mort est beaucoup plus importante qu’il n’y paraît : ils sont morts physiquement mais aussi d’une autre façon : ils n’étaient ni mariés, ni pères de famille : ils sont morts sans descendance.

Pourtant, le Midrash rapporte que Moïse s’adressa à son frère Aharon HaCohen, en lui spécifiant qu’il savait bien que des personnes « saintes » et dotées de qualités très spécifiques auraient à inaugurer le Saint des Saints mais, qu’au vu de tous, Nadav et Avihou étaient des personnages d’une importance supérieure-même à celle d’Aharon ou même de Moïse !

Cependant, d’autres commentateurs font allusion à la âkédat Yitshak ou ligature d’Ytshak. En effet, au cours de cette « séquence », Avraham a aperçu le bélier qui allait prendre la place de son fils et, en même temps, le patriarche aperçut un autre sacrifice, de taille, qui aurait lieu en son temps et qui aurait fait allusion au sacrifice des deux fils d’Aharon.

D’ailleurs, dans les premiers versets de cette parasha nous lisons non seulement que cette péricope prend place après la mort des fils d’Aharon mais encore qu’ils sont morts et ont perdu leur fonction de Cohen sans laisser de descendance. Ils sont donc morts deux fois.

La parasha vient nous enseigner un principe : Aharé Mot-Kedoshim c’est-à-dire : peu importe pour quel motif Nadav et Avihou sont morts : par désobéissance, par orgueil, pour un sacrifice prédestiné : peu importe ! Ils sont morts : rien ne sert de discourir : à présent ils sont saints !

Et, si la médisance sur les vivants est l’une des cinq causes de la lèpre, alors qui plus est la médisance après la mort est interdite de manière encore plus intense puisque la personne morte est sainte.

SAVOIR DIRE MERCI

Nous savons que l’homme se distingue de l’animal par la parole mais aussi par sa faculté de réfléchir et de penser.

L’homme s’il n’est pas maître de son destin est souvent enclin à le croire. L’homme qui pense qu’il est un être supérieur, croit qu’il peut juger tout et tout le monde y compris le Créateur même s’il saisit le prétexte qu’il L’a jugé pour ne pas croire en Lui.
Il est une parabole que j’aimerais conter: un grand kabbaliste demanda à étudier de près le travail des Anges. Lui fut accordée la faveur de visiter l’atelier des Anges. Le Sage fut accueilli par un Ange chargé de ce tour quelque peu étrange. Le visiteur fut introduit dans une immense salle dans laquelle crépitaient imprimantes et fax, des ordinateurs enregistraient des textes très longs et l’homme, curieux demanda: où sommes-nous ? L’Ange lui répondit : c’est ici la « salle des demandes et des vœux » c’est-à-dire que, sur terre, les êtres humains émettent des vœux et adressent à D. sans cesse des foules de demandes. Nous enregistrons, imprimons, faisons suivre chaque mot, chaque phrase et même chaque soupir……
Le visiteur pénétra dans une salle gigantesque où se trouvaient d’autres anges tous munis de carnets et de stylos et de calculettes : « Et ici, où nous trouvons-nous «  questionna-t-il ? Le guide lui répondit : Ici se comptabilisent les larmes que les hommes font verser en vain et par pure méchanceté aux hommes, aux femmes, aux enfants et aux vieillards ……….. les larmes sont notées et comptabilisées et chaque personne qui aura entraîner un humain ou même un animal à pleurer sans raison devra un jour rendre des comptes à ce propos !
Puis, ils pénétrèrent dans une sorte de hangar où des paquets étaient ficelés et où on inscrivait des noms et des adresses ………….. le guide n’attendit pas la question et expliqua au visiteur que là étaient emballés et expédiés tout ce que les humains demandent à longueur de journée !
Au fond d’un couloir s’ouvrait une toute petite pièce dans laquelle ne se tenait qu’un seul Ange qui ne semblait pas très occupé. Le Cabbaliste s’étonna de voir que l’ordinateur ne clignotait presque pas et sur le bureau ne se trouvait ouvert qu’un très très mince registre et sur l’une des pages seules quelques lignes étaient notées. Devant l’air interrogateur du Sage, l’Ange commenta : Ainsi que vous l’avez vu, nous entendons et enregistrons toutes les demandes ce qui provoque une activité si tumultueuse ; par contre, très peu nombreuses sont les marques de reconnaissance reçues et peu de personnes remercient tout simplement le Créateur qu’elles n’hésitent pas à déranger par les demandes les plus futiles !!!!
La visite terminée, le cabbaliste remercia et se promit de faire prendre conscience à tous les fidèles avec lesquels il priait chaque jour qu’il ne fallait pas omettre de remercier sans cesse le Saint béni soit-Il pour toutes les faveurs dont Il nous comble à longueur de vie.
Car, toutes nos fonctions ne nous sont données que par les Bienfaits de D. Tout nous semble naturel et pourtant rien n’est évident et nous devons remercier parce que nous voyons, parce que nous pouvons boire, toucher, manger, marcher, rien n’est évident. Lorsque nos enfants se marient nous devons (et eux aussi doivent) remercier D. des grâces dont Il nous comble.
Il est un psaume que tous nous connaissons et à propos duquel est assuré le Ölam ‘haba à qui le lit trois fois par jour : Ashré yoshevey beytékha. Ce psaume commence par un verset emprunté au psaume 84 et continue avec le psaume 144.
Non seulement à celui qui le récite est promis le monde futur mais à qui entrouvre ses mains au moment de dire le verset « potéah et yadékha (youdeykha) »…… sont assurées non seulement une bonne parnassa (revenus) mais aussi l’abondance. De même, lorsqu’à D. ne plaise on rentre d’un enterrement, on doit remercier l’Eternel pour la bonté dont Il fait preuve avec nous en récitant encore une fois Ashré yoshevey beytekha……
Il n’est pas utile d’être « religieux » pour dire Merci il suffit de dire à tout moment de la journée : « Mon D je Te remercie pour tout le bien que Tu me fais et me donnes » même s’il s’agit d’une place de parking que nous venons d’obtenir !!!! 😉

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו Etudes Juives
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